Fyctia
Chapitre 5.2 : Détenue 42C09
Silencieusement je suivis le gardien tout en fixant mes pieds comme pour éviter d'affronter la réalité. Nous marchâmes dans un petit couloir en béton avant de descendre sur plusieurs étages un grand escalier en métal. Le bruit de nos pas résonnait dans tout le bâtiment plongé maintenant dans un étrange silence. Les gémissements de la nuit s'étaient comme volatilisés avec l'arrivée du soleil. Après quelques minutes de marche nous nous retrouvâmes face à une épaisse porte métallique. Mon geôlier dut passer son badge sur une petite surface noire afin de la déverrouiller. L'établissement où l'on m'avait transférée était l'un des mieux gardés de tout le pays. Un lieu, sous haute sécurité, réservé aux délinquants les plus dangereux du pays. Nous passâmes plusieurs portes et grilles de ce type avant qu'un bruit d'eau me parvienne aux oreilles. Le gardien s'arrêta alors devant une banale porte et me dévisagea longuement avant qu'une gardienne vienne prendre le relais.
— Vous allez devoir vous laver, m'annonça-t-elle en ouvrant la porte.
Une petite salle de bain apparut sous mes yeux. Il n'y avait qu'une douche et un lavabo dont le blanc nacré n'était plus qu'un lointain souvenir. Tout était si sale qu'un frisson de dégoût parcourut mon dos.
— Vous êtes autorisée à utiliser vos effets personnels pour cette dernière douche, ajouta-t-elle en me tendant une trousse de toilette.
En l’ouvrant je reconnus mes affaires. L’émotion me gagna aussitôt. Ma brosse à cheveux et mon parfum n'étaient maintenant plus que de douloureux souvenirs de ma vie passée. En fouillant un peu plus je découvris que ma mère n’avait pas oublié l'essentiel : un gel douche parfumé. Je l'imaginai en train de rassembler mes effets tout en luttant contre le terrible chagrin qui devait l'accabler. La justice des hommes allait la priver de sa fille unique. Qui avait-il de plus cruel au monde pour une mère que la perte de son seul enfant ? La gardienne me tendit une serviette ce qui sortit de mes réflexions. Elle croisa les bras sans me lâcher du regard. Allait-elle vraiment rester ici et me regarder ?
— Dépêchez-vous ! Vous avez dix minutes pour vous laver et enfiler cette tenue, ajouta-t-elle en me montrant un tas de vêtement posés sur un petit banc à côté de la douche.
Sa déclaration me fit comprendre qu'elle n'avait pas l'intention de bouger. Après tout elle était là pour me surveiller. En tant que femme pudique seule ma mère et trois hommes m'avaient vu nue au cours de ma trop courte existence. L'idée de me retrouver dans le plus simple appareil devant cette inconnue était donc terriblement gênante pour moi. Je devais même avouer que je le vivais comme une véritable épreuve. Je fermai les yeux et pris une profonde inspiration pour me donner un peu de courage. Tout en prenant soin de ne pas croiser son regard je me déshabillai et filai sous la douche. Le petit rideau déchiré me cachait un peu, mais je restai tout de même mal à l'aise. Qu’avais-je fait dans une vie antérieure pour subir cette punition ? J'étais innocente du crime dont on m'accusait. Pourquoi étais-je donc ici ? Le chagrin me consuma et seul le bruit de l'eau couvrit mes pleurs de désespoir.
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