Hermine Ariane Tecg La Chasse Chapitre 5.1 : Détenue 42C09

Chapitre 5.1 : Détenue 42C09

Il n'avait fallu que quelques secondes pour que ma vie prenne une tournure imprévisible. La veille je dormais paisiblement dans un lit chaud et moelleux dans la maison de maître que je venais d'acheter et maintenant je me retrouvais dans une minuscule cellule en béton. Si j'avais su que mon procès aurait une telle issue, j'aurais davantage profité de ma petite vie paisible. Pourquoi ne réalisais-je que maintenant la chance que j'avais eue ? Mon matelas à mémoire de forme s'était transformé en fine plaque de polystyrène. Le hululement des hiboux était remplacé par les cris de désespoir des autres prisonniers. Si l'enfer existait réellement il devait ressembler à cet endroit. J'étais épuisée, mais le froid glacial me saisissant jusqu'aux os m'empêchait de sombrer dans le sommeil. En guise de couverture je n'avais qu'un drap fin et usé incapable de me réchauffer. Je n'arrêtais pas de me retourner dans l'espoir de trouver un peu de chaleur ou au moins d'apaiser mon dos qui commençait à me faire souffrir. Je ne réalisai pas encore que tout cela était bien réel.


Depuis mon transfert dans cette maison d'arrêt j'éprouvais la drôle d'impression d'être prisonnière d'un terrible songe. Ma raison essayait de me persuader que j'allais finir par me réveiller. Cela lui semblait évident. Notre justice n'était pas parfaite, mais je pensais qu'elle était suffisamment équitable pour reconnaître son erreur avant qu'il ne soit trop tard. On allait venir me sauver. Tout allait bien se terminer. J’essayais de m'en convaincre malgré le pincement au cœur de plus en plus intense que je ressentai.


Comprenant que le sommeil ne viendrait pas me happer ce soir, je décidai de m'agenouiller au pied du bloc de béton qui me servait de lit. Je serrai les mains devant moi avant de baisser la tête pour prier. J'avais grandi dans une fervente famille catholique où nous allions à la messe tous les dimanches matins. Avant ce jour je n'avais jamais rien demandé à Dieu car ma mère m'avait toujours dit qu'il ne fallait le déranger que pour des affaires d'importance capitale. Aujourd'hui c'en était une. J'étais convaincue qu'il allait entendre mes prières et venir me sauver même si pour la première fois de ma vie le doute commençait à s’immiscer insidieusement en moi.


Et s'il ne n'entendait pas, allais-je mourir telle une martyre ? Je secouai la tête pour éloigner cette sombre pensée. Mon éducation avait été très stricte, mais j'estimais avoir eu la chance de grandir dans l'apprentissage de notions essentielles telles que le respect, le pardon ou encore la rédemption. Ces valeurs étaient capitales et avaient conditionné toute ma vie.


Alors que je fermais les yeux et commençais à prier, je fus interrompue par des cris et des rires diaboliques. La prison était un univers singulier où les êtres humains semblaient s'enfoncer lentement, mais sûrement dans une terrible folie. Comme pour m'en protéger je serrai plus fortement les mains et priai à voix haute pour ne plus entendre les bruits environnants qui m'effrayaient. J'espérais que la justice divine me viendrait en aide. J'étais convaincue qu'elle verrait mon innocence et me porterait secours.


La lumière blanche des néons me réveilla avec violence. Malgré les conditions difficiles la fatigue avait eu raison de moi et je m'étais assoupie durant quelques heures ou quelques minutes. Il était difficile d'avoir une perception du temps ici. Mon esprit eut du mal pour remettre en place les pièces du puzzle dans lequel j'étais à présent prisonnière. La chasse m'attendait. Cette simple évocation forma une boule dans mon estomac. J’étais déjà accablée par le stress. Je redoutais le moment où j'allais être lâchée dans les bois pour être traquée. Je me devais d'éloigner ces pensées de moi tout en gardant l'espoir que la justice allait rapidement me tirer de cette situation. J'entendis alors le bruit d'une clef s'introduire dans la serrure de ma porte. Un gardien ouvrit avant de m'ordonner avec autorité de mettre face au mur et de garder les mains dans le dos. J'exécutai les instructions sans réfléchir ni protester. Je n'avais jamais été une rebelle. Je faisais même partie de ces personnes suivant toujours les consignes sans poser de questions. Je ne remettais jamais en cause ce que l'on pouvait me demander. Toute ma vie j'avais été docile et respectueuse de l'ordre. Comment se faisait-il donc que je me retrouvasse dans cette situation ?


Le gardien me menotta avant de m'attraper violemment par le haut de mon tee-shirt pour me pousser hors de ma cellule. Dès que j'avais été transférée en ce lieu on m'avait donné l'uniforme que portaient tous les autres prisonniers. Je fus frappée de découvrir qu'il était particulièrement inadapté aux conditions de vie imposées par le milieu carcéral. En effet le short et le tee-shirt blancs que je portais ne permettaient en aucun cas d'affronter le froid et la crasse des lieux.


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