Fyctia
Chapitre 1.2 : Détenue 42C09
— Le tribunal déclare la détenue 42C09 impliquée dans l'affaire 78-089 coupable de l’ensemble des chefs d’accusation qui lui ont été reprochés.
Coupable. Le mot me frappa comme un coup de poignard dans le dos. L'air se rarifia autour de moi. Il y avait forcément une erreur ou peut-être avais-je mal entendu. Pendant plus de trois heures nous avions habilement montré mon innocence. Les jurés n'avaient aucune raison de me croire coupable. Je ne pouvais pas être condamnée pour un crime que je n’avais jamais voulu commettre. La pièce se mit à tourner autour de moi, m'obligeant à me retenir sur la table devant moi.
Lentement, je tournai la tête vers mes parents. Ils étaient mon rocher au milieu de cette soudaine tempête. Il fallait que je vois leur soutien, leur incompréhension dans leur regard. Toutefois, mes yeux ne tombèrent que sur ma mère en pleurs. Elle était recroquevillée sur elle-même, son corps tremblant et sanglotant. Je la connaissais assez pour savoir qu'elle avait résisté tant qu'elle avait pu. Mon père était accroupi à ses côtés. Il avait passé un bras autour d'elle. Lorsqu'il releva la tête, il me lança un regard noir sans savoir que c'était le dernier qu'il m'adresserait. Ce fut un nouveau coup de poignard qu'on me donnait. Un terrible hurlement resta coincé dans ma gorge.
— La détenue 42C09 reconnue coupable est condamnée à une peine déterminée et votée à l’unanimité par les membres du jury.
La voix du juge m'obligea à me retourner. Il restait encore un espoir. Ma condamnation n'avait pas été prononcée. Je sentis les battements de mon cœur ralentir en pensant que l'on m'avait probablement condamnée à quelques heures de travail d’intérêt général ou à une amende pour compenser les dommages que j’avais causés de manière involontaire.
Je pris une profonde inspiration. Pourquoi m'étais-je inquiétée de façon aussi démesurée ? Je devais faire confiance à la justice de mon pays. Elle était incapable d’une telle méprise. Tout cela allait bientôt prendre fin et l'issue me serait nécessairement favorable. D’ici quelques heures je retrouverai mon logement et ne penserai plus à cette triste période de ma vie.
Un des membres du jury se leva tandis que les quelques murmures provenant de l'assemblée s’arrêtèrent. Je passai ma main dans mes cheveux avant d'afficher un sourire crispé. La peine qui m'attendait serait forcément juste.
— Nous avons voté pour une condamnation à la chasse.
La chasse. La peine la plus sévère de notre système judiciaire. Le châtiment réservé aux pires criminels. La sentence pour ceux qui ne méritaient non pas la prison, mais la mort.
Mon cœur s'emballa. De sourds bourdonnements emplirent mes oreilles et m’empêchèrent d'entendre les derniers mots du juge. Dans un dernier effort je tournai les yeux vers la salle où je vis des regards attristés et d'autres satisfaits. Ma sentence les avait rassasiés. Une bouffée de chaleur gagna mon corps comme s'il s'embrasait pour mettre un terme à ce supplice. L'air me manqua. Mes jambes devinrent de plus en plus cotonneuse et ma vision devint floue. Incapable de reprendre une inspiration je m'écroulai sur le banc des accusés.
2 commentaires
Ama12
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Il y a 2 mois
Hermine Ariane Tecg
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Il y a 2 mois