leaspreux L'ombre de tes peines 11.1 — Axel

11.1 — Axel

Samedi 11 décembre


—Tu peux m'expliquer ce qui s'est passé ce soir ? Tu n'as jamais joué ainsi Axel, jamais ! Aucune cohésion avec le groupe, aucune concentration ni anticipation, t'étais juste absent ! Si partir en vadrouille la veille d'un match t'empêche d'être bon, c'est terminé pour la fin du tournoi. Au delà de gagner, il y a des gens, des familles qui payent pour vous voir jouer, qui donnent de l'argent à cette association et tu ne peux tout simplement pas être sur la lune, c'est irrespectueux. Ils veulent assister à un match où chaque joueur se donne à cent pour cent.


Le vestiaire est vide pourtant, Georges empli entièrement l'espace. Debout devant moi, les bras croisés contre son torse, je me sens petit en étant assis sur le banc. Non, assis n'est pas le bon terme, plutôt ratatiné. J'ai la tête basse et rien à redire aux mots de mon coach. Ils sont mérités et ne sont pas prononcés pour m'engueuler, plutôt pour me secouer un bon coup, histoire qu'il n'ait pas à le faire une seconde fois.


Georges peut se rassurer, ça ne se reproduira pas. J'ai conscience d'avoir foiré mon match, de n'avoir servi à rien le peu de temps que j'ai pu passer sur le terrain et ça ne me ressemble pas. La presque nuit blanche que j'ai passé en compagnie de Julian en est la cause. Ni lui, ni moi n'avons su nous rendormir après notre conversation alors, nous avons continué de parler, toute la nuit. Nous nous sommes découverts jusqu'au petit matin, à voix basse.


C'était une bulle hors du temps. Notre bulle. Et c'est putain de déroutant.


Résultat, j'en ai complètement oublié mon match et le retour de bâton a été brutal.


— J'espère que tu m'as compris Axel, finit-il d'une voix forte.

— Oui, je murmure.

— Je n'ai pas entendu ?

— Oui, je lâche plus fort, la boule au ventre.


La journée a été longue, je suis crevé et je dois encore me doucher et rejoindre les gars. Ils ont tous rapidement déserté le vestiaire quand ils ont vu que Georges attendait dans un coin, les sourcils froncés.


— On t'attend dehors.


Je trouve le courage de me lever lorsqu'il disparaît, retire ma tenue qui me colle à la peau et que je n'ai pas l'impression de mériter ce soir. Je me donne toujours à cent pour cent pour l'équipe, savoir que j'ai échoué me reste en travers de la gorge. Je ne l'accepte pas. Dans la douche, je me lave plus vite que jamais. Nous avons subi une défaite ce soir, il est inutile que l'équipe m'en veuille encore plus parce que je prends mon temps pour me laver. Une serviette autour des hanches, je rejoins mes affaires avant de m'arrêter net.


— Juliann ?


La tête appuyée contre le mur, ses yeux plongent dans les miens plusieurs secondes, avant de descendre sur ma peau et d'y laisser une trainée brûlante. Je réalise que je ne porte qu'une simple serviette, ma main s'agrippe au nœud qui la tiens, pas vraiment d'humeur à me retrouver nu devant cet homme. À me retrouver tout court devant lui. Mon cerveau détraqué associe ma défaite à Juliann. Ce n'est pas le moment, pas alors que j'ai fait perdre mon équipe pour avoir préféré passer la nuit à discuter plutôt qu'à dormir.


— J'ai attendu que Georges rejoigne les autres avant de venir, m'explique-t-il.

— Tu es venu te moquer de notre défaite ?

— Je ne sais pas si nous sommes proches au point de tenter ce genre d'humour.


Mon ennemi ou ami, j'ignore comment je dois le qualifier, se lève et se tourne afin de me laisser l'intimité nécessaire pour me rhabiller. Il ne prononce plus un mot, nous sommes dans un silence que nous avons également connu plusieurs fois cette nuit. Quand nous avions simplement besoin d'une pause, épaule contre épaule. C'est lorsque je balance mon sac sur mon épaule qu'il ouvre de nouveau la bouche.


— Désolé, c'est un peu de ma faute.

— Bien sûr que non. Nous n'avons juste pas vu le temps passer, ça arrive.

— Hm. C'était... sympa, de discuter avec toi.


Sympa, c'est vrai, je ne peux pas mentir. Une partie de moi ne regrette pas d'avoir passé ces heures avec lui, à parler dans le noir, à apprendre des choses sur l'autre comme si nous venions tout juste de nous rencontrer, comme si nous n'avions pas passé une semaine en plein froid polaire. Nous quittons le vestiaire tous les deux, puis rejoignons le car rempli par mon équipe et quelques joueurs de Montpellier qui ont décidé d'assister au match. Ça me fait vraiment chier qu'ils aient assisté à notre défaite, nous n'avons pas su montrer de quoi nous étions capables et c'est en grande partie de ma faute. Si je rate toutes les passes, les points ne peuvent pas être marqués.


Juliann s'installe avec Coline, je rejoins Mathias, penché sur son téléphone. Nous n'avons pas pu échanger depuis la fin du match alors c'est les lèvres pincées que je lui donne un léger coup d'épaule.


— Je suis désolé d'avoir été aussi nul ce soir.


Il lève la tête si vite qu'un instant, je doute d'avoir été si nul que je le pense. Il ricane.


— C'est bon mec, ça arrive à tout le monde d'avoir des mauvais jours, te tracasse pas pour ça. C'est juste la première fois que ça t'arrive, bienvenu dans le commun des mortels monsieur parfait.


Un sourire gagne mon visage, je frappe mon poing contre celui de Mathias, heureux d'avoir ce mec pour meilleur ami. Je relativise et m'enfonce dans mon siège. Les yeux vissés sur la nuque de Juliann assis à quelques rangs de moi, je repense aux mots de Mathias. En réalité, il ne s'agit pas d'un mauvais jour mais... plutôt d'une bonne nuit. Une nuit qui semble avoir tout changé entre nous. J'ai l'impression que cette fois c'est la bonne, que s'il a osé se confier à moi, alors il ne me déteste pas autant qu'il le prétend. Rien que pour ça, je ne peux pas lui en vouloir et rejeter la faute sur lui.


Durant le trajet, j'échange plusieurs SMS avec mes mères. C'est officiel, elles ont réservé un billet de train aller-retour afin que je fête le réveillon et Noël avec elles, je vais retrouver Paris, la capitale qui sera décorée pour l'occasion. Je ne me voyais pas passer les fêtes à Nice, pas alors que mes mères adorent dîner en plein milieu de leur librairie, là où l'odeur des livres se confond avec celle de la nourriture. Personne ne mange dans son commerce pour Noël. Mes mamans, si. D'ailleurs, manger n'est pas la seule chose qu'elles se sont amusées à faire parmi les rayons mais ça, je ne suis pas censé le savoir.


C'est beau de les voir s'aimer autant.

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9 commentaires

signofbee

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Il y a 2 ans

Wow comment Juliann influence le jeu d’Axel! une défaite c’est pas grave chouchou!!

Hōseki

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Il y a 2 ans

Très bon chapitre ! J'ai hâte de lire la suite et surtout voir comment la relation de Juliann et Axel va évoluer !

leaspreux

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Il y a 2 ans

merciii

Pat_de_Verre

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Il y a 2 ans

Je prends de plus en plus de plaisir à lire ton roman bien que le volley me laisse de marbre😊

leaspreux

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Il y a 2 ans

merci beaucoup 🌼

Sandrine L

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Il y a 2 ans

J'adore 😍 Juliann et Axel ont discuté toute la nuit 😌 Bon il n'était pas dans le match c'était l'effet Juliann hihi. Hâte de lire la suite ❤️

leaspreux

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Il y a 2 ans

mercii
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