Fyctia
11.2 - Axel
Le car s'arrête dans l'allée du chalet, les mecs de Montpellier nous pressent d'aller nous mettre dans le salon, comme si nous étions punis. Je ne comprends rien, je me retrouve avec mon équipe à regarder Sacha qui se tient devant nous, Juliann pas loin. Mon regard trouve le sien, je l'interroge mais il se contente de sourire. C'est bref, mais un sourire quand même.
— Bon, on ne peut pas dire que c'était le match de l'année, je pense que votre entraîneur a dû vous le dire au moins cent fois depuis une heure. Nous on s'en fou, on retient que vos têtes dépitées qui font chier tout le monde alors voilà le programme de la soirée pour ceux qui le souhaitent. Nous allons commander des pizzas et jouer à des jeux débiles pour que vous puissiez décompresser, ça vous convient ?
La surprise doit se lire sur nos visages. Depuis une semaine, nous avons pris l'habitude de passer des moments tous ensemble mais généralement, après un match, on se retrouve entre nous. Les équipes ne se dispersent pas, parce qu'une victoire ou une défaite nous concerne directement nous, et pas les autres. J'ai envie de rire et de râler à la fois de voir qu'ils tiennent à nous remonter le moral avec un peu de nourriture. Pour la plupart, ce sont de bons gars, des mecs que j'espère revoir une fois le tournoi terminé. C'est trop con de tous s'oublier à la fin du séjour.
— Ne comptez pas sur nous pour vous faire la même chose quand vous allez perdre vos matchs, lance Mathias, un sourire au coin des lèvres.
Sacha lève les yeux au ciel.
— Nous n'en n'attendions pas moins de vous.
Les gars se dispersent, certains nous annoncent qu'ils préfèrent aller se coucher et j'ai bien envie de les suivre. Les cernes sous mes yeux doivent être plus que flagrantes, puisque je remarque les mêmes sur le visage de Juliann. À nouveau, nos regards se trouvent et ça me perturbe beaucoup plus que ça ne le devrait. Il ne détourne les yeux que lorsque Sacha lui demande ce qu'il doit prendre, au téléphone avec la pizzeria. J'en profite pour aller déposer mon sac au deuxième étage et m'allonger juste cinq minutes sur le lit.
Mon avant bras posé sur mes yeux, j'expire lourdement.
— Axel ?
Je n'ai ni la force de retirer mon bras, ni celle d'émettre le moindre son. Parler semble me demander trop d'efforts maintenant que tout mon corps se trouve relâché sur un matelas. Le sommeil me tend les bras et j'ai vraiment du mal à ne pas m'y loger. La voix à l'entrée de la chambre devient une présence à mes côtés. Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour comprendre qu'il s'est accroupi près du lit, son souffle chatouille ma peau. C'est la dernière chose dont j'ai conscience avant de m'endormir sans être en capacité de lutter.
Fatigue 1, Axel 0.
***
Je me réveille en plein milieu de la nuit du moins, c'est ce que je crois jusqu'à ce que je remarque le peu de lumière filtrant à travers les vieux volets du chalet. J'ai un moment de latence, les sourcils froncés, avant de m'emparer de mon téléphone pour vérifier l'heure. Ce n'est pas possible, je dois avoir encore quelques heures de sommeil, je ne me sens pas complètement reposé.
Je cligne plusieurs fois des yeux.
11:04.
11:04 ?!
— Putain, je marmonne en retombant sur le matelas.
Je frotte mes yeux gonflés de sommeil, laissant échapper un bâillement. J'ai énormément de chance que Georges n'ait pas prévu un entraînement ce matin, mon absence l'aurait rendu dingue et il serait venu me chercher par la peau du cul.
— Enfin réveillé ?
La porte de la salle de bain s'ouvre sur Juliann, fraîchement douché. Malgré les spots du miroir qui m'aveuglent derrière lui, je parviens à distinguer qu'il est torse nu, et mon cerveau n'est pas assez réveillé pour assimiler l'information ou, mieux, m'empêcher de laisser mes yeux se balader. Il le remarque, mais ne dit rien. Je suis dégouté d'avoir manqué une soirée en sa compagnie hier, tout ça parce que je me suis posé pour cinq minutes.
— Désolé de vous avoir lâché.
— Ne le sois pas, tu avais besoin de te reposer.
Et si je pouvais rester au lit toute la journée...
— Je crois que j'ai besoin d'une douche, je marmonne en repoussant la couette.
— La place est libre.
Juliann se décale pour me laisser passer, nos épaules se frôlent.
— Tu es venu me voir, hier soir ?
Sa peau sent le gel douche au Monoï, l'odeur me titille les narines, j'inspire un peu plus que nécessaire. Mes changements de réactions face à lui me perturbe, je suis passé de l'envie de le dégager de ma chambre à celle d'aimer l'odeur qu'il dégage, c'est n'importe quoi. Je n'y comprends rien.
D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi je lui pose la question. Je sais que c'était lui, j'ai reconnu sa voix mais... je ne sais pas. Je crois que j'ai besoin qu'il me le dise parce que quarante huit heures auparavant, venir me voir dans notre chambre ne lui aurait pas effleuré l'esprit.
— Je t'ai vu partir, je voulais voir si tu allais bien. Tu dormais déjà.
— Et c'est toi qui m'as bordé dans ma couverture ?
Le regard de Juliann change le temps d'une seule seconde. Il s'humecte les lèvres. Je sais que j'ai l'habitude de bouger dans mon sommeil mais pas au point de défaire mon lit pour me glisser sous la couette. Il a forcément pris le temps de me recouvrir pour la nuit, et c'est une attention qui me touche.
— Tu frissonnais, me dit-il comme s'il avait besoin d'une excuse.
— Merci.
C'est tout ce que je lui réponds avant de m'enfermer dans la salle de bain. J'apprends à découvrir ce qu'il y a de bon en lui, même si ce ne sont que des détails qui paraissent futiles et ça rend ce séjour mieux qu'il ne l'était déjà.
7 commentaires
signofbee
-
Il y a 2 ans
Sandrine L
-
Il y a 2 ans
leaspreux
-
Il y a 2 ans
MYRIAM LECENE
-
Il y a 2 ans
leaspreux
-
Il y a 2 ans
Hōseki
-
Il y a 2 ans