Fyctia
7.1 — Axel
Vendredi 10 décembre
La sueur coule le long de mon dos et de mes tempes, si je le pouvais, je terminerais l'entraînement sans mon maillot mais j'entends déjà la voix de Mathias me sermonner d'ici "Hé Bautmans, personne ici n'a envie de baver devant tes abdos", son speech habituel dès que je me retrouve torse nu près de lui. De nous deux, je suis celui qui parviens le plus à entretenir mon corps et Mathias... Disons qu'il aime bien boire des bières.
— Axel, bordel !
Le ballon passe à côté de moi, je cligne des yeux et passe mes mains dans mes cheveux humides pour les coiffer en arrière.
— Excuse-moi Charles.
Le libéro roule des yeux avant de contourner le filet pour arriver près de moi. Sa main se pose sur mon épaule.
— Si tu n'es plus capable de rester concentré, on arrête.
— C'est bon, c'était un simple moment d'égarement, je lui assure.
— On a joué hier et on rejoue demain, on a le droit de ne pas se donner à fond aujourd'hui.
Charles est le plus âgé de l'équipe, il veille à ce que chacun d'entre nous soit au meilleur de leur forme, que nous ne tentons pas d'outrepasser nos limites, quelles soient physiques et mentales. Si je sais m'occuper de moi sans soucis, c'est toujours agréable de savoir que quelqu'un d'autre s'inquiète pour nous, sauf ce soir. Je sais que je suis en pleine forme, jouer deux matchs à un jour d'intervalle ne me fait pas peur.
Oui, hier a été compliqué. Limoges nous a montré ce qu'ils avaient dans le ventre, et ils ne sont pas venus pour rigoler, je l'ai très vite compris. Ils étaient déterminés à nous écraser, ce qui aurait pu arriver vu tous les moments où ils ont menés le jeu. Par je ne sais quel miracle, nous avons toujours réussi à rattraper nos points de retards dans les dernières secondes, comme si nous avions eu besoin d'être au pied du mur pour réagir. Je n'apprécie pas ce que nous avons montré hier et le coach est du même avis, il nous a bien engueulé quand nous sommes arrivés ce matin. Hier soir, il s'était contenté d'un silence qui visait à nous faire mariner toute la nuit. J'ai dormi sur mes deux oreilles, je savais déjà ce qu'il nous reprochait.
— Je suis...
— Bon les gars, on s'arrête là pour aujourd'hui, me coupe Georges de sa voix forte, qui retient l'attention de tous les joueurs.
Ma mâchoire se crispe, mes mains me démangent. Je ne voulais pas arrêter, nous devons continuer avec les gars, il faut que nous soyons parfaits pour demain. Je refuse qu'on soit en dessous du match demain. Ce n'est même pas une possibilité.
Charles tapote mon épaule avant de rejoindre le vestiaire. Je suis bientôt seul dans le gymnase, figé près du filet, à me demander ce que je vais bien pouvoir faire du reste de ma journée si je ne peux pas m'entraîner. Je sais qu'en réalité, je n'aurais pas pu rester plus longtemps ici puisque nous partageons un seul gymnase pour toutes les équipes mais... Fait chier. Si je ne m'occupe pas l'esprit, je sais que je vais passer les prochaines heures allongés sur mon lit à penser stratégie alors que je ne suis pas Georges. Ce n'est pas à moi de remonter l'équipe, c'est son job.
Je secoue la tête, abdiquant et finit par suivre le même chemin que mes coéquipiers. Je me débarrasse de mon maillot bon à passer à la machine et accueille avec bonheur la douche qui efface toute trace de sueur. Je suis le dernier à me rhabiller et à quitter le gymnase pour rejoindre le chalet. Mathias marche à mes côtés, son bras passe autour du mien.
— On a un plan pour ce midi et cet aprem.
Génial, tout ce dont j'avais besoin.
— Je t'écoute ?
— Charles est déjà venu ici, il connaît des coins sympas, dont un resto où on a une vue de dingue sur le lac d'Annecy. Quand il fait beau, comme aujourd'hui, c'est incroyable apparemment !
C'est vrai que pour mi-décembre, le ciel est d'un bleu éclatant.
— Je suis partant. Qui viens ?
— Toi, moi, Charles et Clément. On se demandait si on devait proposer ça à des gars de Montpellier ?
Mon esprit fait directement un raccourci avec Juliann. Peut-être que des gars de son équipe seraient tentés, c'est vrai. Sauf s'ils ont un entraînement cet aprem, je ne me souviens plus du planning.
— On peut, ouais, je lui réponds avec un mouvement de tête.
— Ça va être super, mon pote !
Il a raison. J'aimerais rester focus à cent pour cent sur le volley parce que je sais que nous avons de nombreuses choses à améliorer, mais profiter de notre après-midi de libre pour découvrir des environs que nous ne connaissons pas ne nous fera pas de mal. Au contraire, je suis heureux d'aller voir autre chose que le chalet, le gymnase ou le complexe. Nous sommes allés traîner une soirée dans le centre ville d'Annecy, mais de nuit, ce n'était pas grandiose.
De retour au chalet, Mathias s'allume une clope pour rester sur le perron un peu plus longtemps, juste tous les deux. Je hausse un sourcil, attendant de voir ce qu'il veut me dire.
— C'est comment, entre Juliann et toi ? me demande-t-il après quelques taffes tirées dans le silence.
— C'est-à-dire ?
— Mec, vous étiez tous les deux cachés dans la pénombre quand je t'ai mis la main dessus après leur match.
Je me contente de hausser les épaules, les mains enfoncées dans les poches de mon manteau. Mathias ricane.
— Me l'a fait pas. Il est mignon.
— Nous avons décidé d'agir comme des adultes, c'est tout. Je l'ai vu seul, je suis allé le féliciter pour son match.
Féliciter à travers des sous-entendus, mais féliciter quand même. C'est important.
— Donc, même s'il a l'air d'être un peu con, son physique ne te fait pas craquer ?
Les yeux noirs de mon meilleur ami se plongent dans les miens, comme s'il allait trouver la vérité directement au fond de mon âme. Est-ce qu'il me fait craquer ? Ce serait hypocrite de répondre que non, alors qu'en dehors du tournoi, il serait le genre de mec sur lequel je me serais arrêté. Il est beau, même si je ne saurais pas dire pourquoi il l'est exactement. Il est juste... magnétique. Sexy. Je grogne quand je prononce ce mot dans ma tête, ce qui fait d'autant plus rire Mathias.
— Ta gueule, je marmonne.
— Je pense que je vais aller proposer un resto à ce mec.
Avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, sa cigarette se retrouve écrasée dans le cendrier que nous avons installé par terre, puis il disparaît à l'intérieur. Je ne vais pas lui courir après, ce serait ridicule mais... merde. Ce type est un enfoiré ! Il y a trois jours, il me disait de l'ignorer, et maintenant il veut m'arranger un coup avec lui ? Je vais l'étrangler.
6 commentaires
signofbee
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Il y a 2 ans
Dianebrm
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Il y a 2 ans
Hōseki
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Il y a 2 ans
JLC
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Il y a 2 ans
leaspreux
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Il y a 2 ans