Fyctia
5.2 — Juliann
— Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-il, sur la défensive.
L'îlot central de la cuisine nous sépare, c'est une distance raisonnable qui me convient, même si ça ne suffit pas à apaiser le nœud dans mon ventre. Un nœud fictif, puisqu'il ne s'agit là que d'un coup dans ma fierté. Personne n'aime s'excuser, admettre que son comportement était minable. Nous aimerions tous être parfaits et ne jamais commettre la moindre erreur. Spoiler, nous ne sommes pas dans le monde des bisounours. Ne dit-on pas que l'erreur est humaine ?
Il me faut plusieurs secondes à subir le silence entre nous pour oser me lancer. En revanche, je ne sais pas soutenir son regard, c'est beaucoup trop me demander. À la place, je fixe mon chocolat.
— Je m'excuse, pour dimanche. Je n'aurais pas dû te frapper. C'était idiot.
Voilà, c'est dit. Je ne me sens ni mieux, ni plus mal que je ne le suis déjà. C'était juste... la chose à faire.
— Tu t'attends à ce que je fasse la même chose ?
Sa question me surprend tellement que je relève la tête, et le regrette aussitôt. Ses yeux plongent dans les miens, je me sens soudainement mal à l'aise. Je me retrouve à poser ma tasse et agripper le plan de travail. Le pire dans cette histoire, c'est son aura. Je refusais de me l'avouer jusqu'à présent, mais Axel en impose, et pas seulement par sa taille. Ce mec est sûr de lui, il ne recule devant rien ni personne. Les états d'âmes des étrangers, il s'en fout. Et ça me donne une raison de plus de le détester, sur une liste déjà longue comme mon bras.
— Pardon ?
— Tu m'as bien entendu. Je ne m'excuserai pas pour ce que je t'ai dit parce que j'en pensais chaque mot. Tu saoules tout le monde ici.
Wow, très bien. J'encaisse avec un hochement de tête. Mes phalanges sont sans doute en train de blanchir tant je serre le bois entre mes doigts mais après tout, je l'ai mérité. Bien sûr qu'il n'allait pas accepter mes excuses et me proposer de repartir à zéro. Il y a un truc entre nous qui nous empêchera toujours de nous entendre, ça se ressent.
— Merci pour tes doux compliments, ça me fait chaud au cœur.
— Il faut bien que quelqu'un ici te dise tes quatre vérités.
— Je n'ai pas besoin qu'on m'en mette plein la gueule, d'accord ? J'ai conscience d'être un enfoiré, que veux-tu que je fasse ?
— Changer ? Au hasard, hein.
Je ne vois pas pourquoi nous continuons de discuter, de tout évidence nous n'arrivons jamais à parler sans attaquer l'autre.
— Je me suis excusé, c'est tout ce que je voulais te dire.
— Génial.
Axel fait demi-tour sans demander son reste. J'entrouvre les lèvres, perplexe.
— Génial ? Tu sais que tu es tout autant détestable que moi ?
— Je le serai toujours moins que toi !
Je le vois chercher dans ses poches et en sortir une cigarette et un briquet.
— Maintenant, fais-toi plus discret quand tu rentres dans notre chambre.
Il n'attend pas de réponse, il ouvre la porte d'entrée et disparaît dehors. Je ne bouge pas, encore étonné par ses mots. Donc, on ne repart pas de zéro, mais plutôt sur un statut quo ? On ne devient pas ami, on se contente de coexister ensemble pour le reste du tournoi. Je ne sais pas si c'est ce que j'attendais de cette conversation, mais c'est tout ce à quoi j'aurais droit. Je jette le reste de ma tasse dans l'évier et rejoins ma chambre.
La situation avec Axel est réglée, si on peut dire ça et maintenant, je dois me concentrer sur mon équipe et les dernières choses que je peux leur apporter. Ce n'est encore qu'une idée, mais si mes pensées continuent dans ce sens, je poserais ma démission en rentrant.
2 commentaires
signofbee
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Il y a 2 ans
Dianebrm
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Il y a 2 ans