leaspreux L'ombre de tes peines 4.1 — Axel

4.1 — Axel

Dimanche 5 décembre


Dans les vestiaires, c'est la fête. Le premier match du tournoi vient de se terminer, nous avons écrasé La Rochelle si facilement que nous n'en revenons toujours pas. Nous avons étés solides et sûrs de nous, nous ne faisions qu'un et c'était grisant à vivre. C'est ainsi que je suis le plus heureux, quand tout est tellement fluide entre nous que la défaite n'est pas une option. Mathias ébouriffe mes cheveux lorsque je retire mon maillot plein de sueur.


— Bravo les gars !


Georges nous rejoint enfin et son gigantesque sourire, c'est tout ce que nous souhaitons voir.


— C'est ce que je veux voir pendant toute la durée du tournoi, c'est compris ? L'écoute de chacun et la précision, toujours la précision. C'est comme ça que vous avez su marquer plus de point et bordel, de l'extérieur, c'était sacrément beau à voir. Maintenant, on se concentre sur le match contre Limoges. Je veux que vous soyez au meilleur de votre forme. Demain, journée libre !


Sa dernière phrase est accueillit par plusieurs cris et lancés de serviettes. Une journée de libre, ça veut dire mettre le volley de côté et faire ce que bon nous semble. Pour ma part, je vais en profiter pour aller découvrir Annecy. Je suis déjà venu en Savoie, mais je n'ai jamais pris le temps de simplement me balader et découvrir ce qu'il se passe dans des petites rues. J'ai déjà hâte.


Les gars se dispersent dans les douches et une bonne heure plus tard, nous sommes de retour au chalet, fiers comme des coqs. J'avoue, l'envie me vient d'ennuyer mon colocataire quand je le vois renfrogné dans l'immense canapé alors que toute son équipe prend le temps de nous féliciter. Entre bouder et gueuler sur ses joueurs, est-ce que ce mec est capable de faire autre chose ? Deux jours seulement que je le connais et je me mets à en douter fortement.


— Tu aurais dû venir nous voir jouer, c'était franchement incroyable à regarder.

— J'étais là, me répond-il sans lever les yeux de sa tablette.


Il semble ne jamais s'en détacher. Sa main droite se met à triturer l'anneau à son oreille.


— Ah ouais ? Et comment tu nous as trouvé ?

— Passable.

— Tu as peut-être besoin de lunettes.

— Tu as peut-être besoin d'aller chercher les compliments ailleurs.

— C'est toujours mieux venant d'un adversaire qu'on va exploser dans quelques jours.


Sa mâchoire se contracte, je vois à quel point il lutte, à quel point il aimerait lever la tête et me dire d'aller me faire foutre. Problème de colère, de gestion de sentiments je dirais. On dirait que tout le submerge trop vite, trop fort. Est-ce que c'est la mort de son père qui l'a autant impacté ? Je n'ai pas le temps d'y penser davantage, mon téléphone vibre dans la poche de mon jean et je ne me vois pas refuser l'appel en découvrant le nom qui est inscrit. J'abandonne à contre cœur le boudeur et rejoins notre chambre, mon portable contre mon oreille.


— Salut maman.

— Bonsoir mon cœur, comment s'est passé ce premier match ?

— C'était un jeu d'enfant.

— Toujours aussi modeste, j'entends Mamou crier derrière.


Je rigole en balançant mon sac sur le sol. Je me laisse tomber sur le lit.


— Vous savez très bien toutes les deux que vous n'avez pas élevé un fils modeste.

— À mon plus grand désespoir. Attends, je m'essuie les mains, réponds Mamou.


Je souris encore plus. J'aime qu'elles m'appellent et qu'elles mettent tout sur pause pour se concentrer sur moi. Toutes les tâches sont abandonnées et mes deux mères se retrouvent dans le canapé, le téléphone en haut parleur pour que l'on puisse discuter tous les trois. Après le tournoi, je file les retrouver à Paris et j'ai plus que hâte.


Isabelle et Marie Bautmans sont mes deux parents, et je n'aurais pas pu rêver mieux que de grandir dans un foyer autant rempli d'amour et de livres. Propriétaires d'une librairie dans les rues de la capitale, j'ai passé mon enfance entre les rayons de la boutique, un terrain de volley et les bancs de l'école. Elles m'ont toujours poussé à faire ce que je voulais et, même si ma passion du volley dépasse celle pour les livres, elles ne m'en ont jamais voulu. Elles me soutiennent dans la carrière que je tente de me construire. J'ai vingt-trois ans et je ne rêve que d'une chose, intégrer l'équipe de France. Il y a encore du boulot pour ça.


— Et l'équipe avec laquelle vous habitez ? Ils sont gentils ?

— Les joueurs sont cool, ouais. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi bien de cohabiter avec d'autres mecs. Il y a juste l'entraîneur qui est bizarre.

— Il n'est pas sympa ?


Je retiens un rire. Pas sympa est un peu trop gentil.


— C'est pas vraiment ça. Il est surtout... dans son coin et morne. Effroyablement morne.

— Tout le monde ne peut pas être aussi solaire que toi, mon ange.


Mamou aime me complimenter dès qu'elle en a l'occasion et je ne refuse jamais. Ça fait toujours du bien à l'égo. Je m'apprête à lui répondre que je tiens ça d'elle quand la porte de la chambre claque. Un coup d'œil en arrière me permet de découvrir Juliann qui fonce s'enfermer dans la salle de bain. Agacé, je ne peux m'empêcher de crier :


— Apprendre la politesse ne te ferait pas de mal !


Évidemment je n'ai le droit à aucune réponse, enfin pas celle que j'attends. C'est la voix de ma mère qui s'inquiète dans mon oreille qui me fait cesser de fixer la porte.


— Qu'est-ce qui se passe Axel ?

— Grincheux vient d'entrer dans la chambre et n'est pas foutu de faire un minimum de bruit quand il interrompt une conversation !


Je parle fort afin d'être certain qu'il m'entende et accessoirement, qu'il imprime ces mots dans son crâne. Il semble tout faire pour me foutre en rogne et s'il continue, ça va très mal se terminer pour lui. Je ne suis pas du genre à me laisser faire.


— Attends, tu partages sa chambre en plus ?


Ce petit -gros- détail fait glousser Mamou. Je lève les yeux au ciel.


— C'est absolument pas drôle, je te signale. J'aurais préféré être avec Mat, lui au moins il ne ressemble pas à la veuve noire.

— Qu'est-ce que t'as dit ?


Comme s'il attendait le moindre mot de travers de ma part, Juliann réapparaît dans la chambre, le regard dur. À qui croit-il faire peur ainsi ? Sans le lâcher des yeux, je dis lentement :


— Je vous rappelle, mon colocataire a envie de finir avec un joli coquard.


J'entends vaguement des protestations, un "la violence ne résout rien, chéri" mais n'y prête guère attention. La violence me paraît être la seule solution possible pour remettre ce mec à sa putain de place. La pièce est tellement exiguë que je me retrouve en face de lui en une seule seconde. Je manque d'afficher un sourire narquois quand je remarque qu'il doit lever la tête pour soutenir mon regard.


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11 commentaires

signofbee

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Il y a 2 ans

ça continue à chauffer par ici.. Axel il y va pas doucement

Pat_de_Verre

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Il y a 2 ans

Oulala, la cohabitation avec Axel est aussi facile dans la chambre que dans dans l’équipe pour ce pauvre Juliann.

Hōseki

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Il y a 2 ans

J'ai l'impression que ça va être encore plus compliqué dans le prochain chapitre entre les deux 😅

leaspreux

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Il y a 2 ans

Tu n’as encore rien vu 🥲

Sandrine L

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Il y a 2 ans

Ca promet avec Axel et Juliann 🤭 Pas un pour rattraper l'autre. Hâte de lire la suite 😍

leaspreux

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Il y a 2 ans

Mercii 🥰

Maliyanna

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Il y a 2 ans

Il a l'air un peu sanguin le petit Axel haha

leaspreux

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Il y a 2 ans

Oh oui il l'est 🥲

Dianebrm

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Il y a 2 ans

C’est un sanguin celui-là mon dieu 😭 pauvre juliann…
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