Fyctia
1.3 — Juliann
— Je ne suis pas venu ici pour discuter.
— Tu sais, rien ne t'interdit de t'amuser.
— J'ai passé l'âge, je rétorque.
— Si ennuyeux à vingt-cinq ans ?
Mon nom, maintenant mon âge... Va-t-il me donner ma taille et mon poids ? Il a fait un minimum de recherche, ne serait-ce que des articles parlant de mon père et de son fils laissé orphelin. C'est loin de me plaire.
— Je vais prendre une douche.
Couper court à la discussion est le mieux à faire, du moins, c'est ce que je crois. Rester près de lui alors qu'il est un reflet de mon échec est compliqué. Je connais sa carrière, ça me suffit. Il me laisse rejoindre la salle de bain sans prononcer le moindre mot, et je lui en suis reconnaissant. Il apprendra très vite que je suis de très mauvaise compagnie.
Près de vingt minutes plus tard, je passe ma main sur la buée apparue sur le miroir. Mon reflet m'apparaît flouté et même ainsi, je distingue les traits que mon père m'a donné. Le bout de mon nez rond, mon arc de cupidon prononcé, mes yeux bleus foncés... Mes cheveux châtains, déjà parsemés de trois ou quatre cheveux blancs. Les dernières années n'ont pas été de tout repos. En réalité, ma vie ne l'a jamais été et je ne m'en suis jamais plains. J'ai adoré être en mouvement, suivre mon père partout, avoir un ballon de volley dans les mains, parfois même dans mon lit...
Je souris. La dernière fois que j'ai dormi dans un lit une place, il était encore près de mon oreiller, à me réveiller dès qu'il tombait par terre. Ça rendait dingue mon père.
Un pantalon et un pull enfilés plus tard, je libère la chaleur accumulée dans la petite salle de bain. Axel est allongé sur son matelas, les yeux rivés sur son téléphone. Il semble avoir compris le message puisqu'il ne tente pas d'entamer une nouvelle conversation. Dans un silence plus qu'apaisant, j'ouvre ma valise sur mon lit et range les quelques affaires que j'ai apportées. Rien de valeur. La seule chose que je possède qui ait une grande importance à mes yeux, c'est l'anneau doré accroché à mon oreille droite. Cadeau de mon père.
— Il paraît que ça peut s'infecter si tu t'amuses à le toucher tout le temps.
Mes doigts cessent d'effleurer mon lobe. C'est un geste devenu tellement automatique que je ne m'en rends même plus compte.
— C'est lors de la cicatrisation que ça arrive.
Dos à lui, je ferme les portes de l'armoire que nous devons partager. Je n'ai rien pour m'occuper et Axel ne semble pas décidé à partir. Je pourrais aller retrouver Coline, mais elle doit sans doute passer un peu de temps avec Esteban. Je n'ai plus qu'à... rien faire. C'est le seul moment de vide total avant que tout ne s'enchaîne demain. Une fois que je connaîtrais l'ordre de nos matchs, je pourrais convoquer les gars et leur dévoiler les tactiques préparées et les matchs à analyser, ce que j'ai déjà fait de mon côté. Le tournoi sera lancé, nous n'aurons plus qu'un seul objectif, gagner.
Je décide de faire abstraction de la présence d'Axel. Après tout, ce n'est pas parce que nous cohabitons que nous devons forcément tout partager. Si mon silence le dérange, il est libre de partir. Je récupère mon casque abandonné sur mon lit et le met sur mes oreilles, avant de m'allonger. Ma playlist remise en route, je peux fermer les yeux et apprécier ressentir tout l'apaisement que la musique me procure. Peut-être que je devrais investir dans des écouteurs sans fils, ils seraient plus discrets si je voulais amener mes chansons partout avec moi. Ouais, je vais y songer.
Je ne m'en rends pas compte mais, peu à peu, le sommeil me gagne, je parviens à me détendre et à tout oublier autour de moi. Le lieu où je me trouve disparaît, l'homme qui se trouve sans doute à mes côtés également. Je suis serein.
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Et voilà, le premier chapitre de L'ombre de tes peines !
Que pensez-vous de Juliann et Axel pour le moment ?
À très vite pour le deuxième chapitre.
7 commentaires
signofbee
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Il y a 2 ans
lectureetpaillette
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Il y a 2 ans
Dianebrm
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Il y a 2 ans
Hōseki
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Il y a 2 ans
MYRIAM LECENE
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Il y a 2 ans
leaspreux
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Il y a 2 ans
MarionBtk
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Il y a 2 ans