Fyctia
Chapitre 4 - 1ère partie
Main crispée sur mon gobelet en plastique, sourire tout aussi crispé plaqué sur le visage, je regardais autour de moi. Surtout ne pas avoir l’air désespérée. Je scannais chacun des participants à portée de vue. Personne de ma connaissance. Et que des groupes de personnes déjà lancées dans des discussions animées.
J’analysais rapidement la situation. Peu d’options s’offraient à moi. Rejoindre un groupe au hasard ? Peu cavalier, pas sûre que cela se fasse. S’approcher du buffet pour trouver quelque chose à grignoter ? Avec tout ce que j’ai mangé, je doute pouvoir encore avaler quelque-chose. Aller faire reremplir mon verre ?
Je jetais un œil au fond de punch tiède restant dans mon verre. C’était sans doute l’idée la moins mauvaise. A condition de ne pas reprendre de boisson alcoolisée. Le repas n’avait même pas encore commencé et le punch était vraiment traitre. Je n’en avais pris qu’un verre et la tête me tournait déjà. Pas étonnant vu la dose de fatigue et de stress absorbée ces derniers temps.
Mon plus gros coup de stress, je l’avais ressenti en arrivant quelques heures plus tôt à la pendaison de crémaillère. Quand mon collègue m’avait invitée, j’imaginais une petite fête familiale dans le jardin, avec notre petite équipe de collègues soit une dizaine de personnes, quelques amis de mon collègue et son épouse et quelques personnes de leur famille. C’est d’ailleurs comme cela qu’il avait présenté la soirée. Visiblement, nous n’avons pas la même définition du mot « quelques ».
A l’arrivée, j’avais découvert plus d’une centaine de personnes. Parmi lesquelles un nombre restreint de ma connaissance, plusieurs collègues s’étant défilés. Bilan : je me retrouve dans une fête en connaissant moins de 10% des invités. Pour moi, c’est une torture. Entendons nous bien : je suis plutôt quelqu’un de sociable. Mais je déteste les grands groupes, surtout composés d’inconnus.
Mes collègues présents n’avaient pas ce problème. Et ils connaissaient tous d’autres invités. Voilà ce que c’est d’être la dernière arrivée dans une équipe. Et de ne pas avoir accepté toutes les invitations. Je me suis rapidement retrouvée seule. Perdue. Au milieu d’inconnus. Quelle joie !
Mon verre rempli - et 5 minutes de plus de passées. Toujours vivante ! – je recommençais mon inspection, à la recherche de quelque chose à faire ou de quelqu’un à qui parler. La chance me sourit puisque je repérais une jeune femme d’environ mon âge, seule et semblant s’ennuyer. Sa robe magnifique me fournissait une excuse toute trouvée pour lui parler. Bingo !
Je m’approchais timidement :
-Bonjour. Votre robe est magnifique. Waouh. Meilleure entrée en matière du monde ! Quelle éloquence.
- Merci, répondit-elle sèchement avant de se détourner de manière très perceptible. Et un rien impolie.
Bon. Ben bravo. Plus qu’à trouver une autre idée. Mais je restais bêtement plantée devant elle, me creusant désespérément la tête à la recherche de quelque chose à dire pour espérer lancer une conversation. Sans qu’elle-même ne semble très encline à la relancer.
Au contraire, elle s’obstinait à fixer un point loin de moi, tournée comme pour m’éviter.
Arrête. Même si cette fille est ta seule chance de socialiser ce soir tu la déranges très clairement. Stop! Va-t'en vite. Trouve quelqu’un d’autre.
C’est alors qu’une voix grave, légèrement rauque, dans mon dos, interrompit ma réflexion.
- Bonsoir mesdemoiselles.
Je pivotais pour découvrir le possesseur de cette voix, prête à remercier mon sauveur et à filer loin de cette magnifique mais inhospitalière invitée.
J’eu un choc. Il était aussi beau et sexy que sa voix. Grand, les épaules larges, un visage fin, une mâchoire carrée et légèrement anguleuse, des cheveux bruns soyeux.
Et des yeux verts. Des yeux sublimes. Un regard clair, doux, profond.
Ok. Alors tu vas partir toute seule et les laisser. Clairement, il est ici pour elle. C’est un avion de chasse. Pas toi. Ils jouent dans la même cour. Pas toi. Fuis avant de ne plus en avoir la force.
- Bonsoir, m’entendis-je répondre, avec un sourire trahissant mon soulagement d’être libérée d’une situation gênante.
- Bonsoir, répondit tout aussi sèchement qu’auparavant l’impolie.
Mais étrangement, il ne lui accorda pas un regard, bien que s’adressant apparemment à toutes les deux :
- J’ai été mandaté par le maitre de maison pour connaitre vos désirs culinaires. Les barbecues sont prêts. Vous pouvez passer commande et je transmettrais vos envies à l’équipe masculine qui se propose ce soir d’être vos serviteurs.
Étrangement je ne tiquais pas sur le choix un rien pompeux de ses phrases. Encore moins sur le sexisme de la situation - les hommes et les barbecues, comme si une femme ne pouvait pas faire griller correctement un morceau de viande sur une flamme, mais parfaitement tout le reste du temps dans sa cuisine ! – et au lieu de partir dans une tirade enflammée, je me contentais de répondre que je voulais bien une - saucisse - côte de bœuf. Ouf ! Bien joué ma vieille. T’étais à deux doigts de passer pour une obsédée.
Je ne me souviens absolument pas de ce que marmonna l’autre fille. Je ne l’écoutais pas. Et le beau jeune homme en face de moi non plus. Il me souriait à présent tout en devisant poliment sur la difficulté d’obtenir une cuisson parfaite au barbecue.
A vrai dire, je ne l’écoutais pas vraiment non plus. J’étais concentrée sur le mouvement de ses lèvres. Une part de mon cerveau devait encore capter ce qui sortait de sa bouche parfaite car je répondais et il ne fuyait pas. Je devais donc dire des choses à peu près cohérentes.
Mais borde, demande-lui comment il s’appelle ! Il demeurait un inconnu, tout en connaissant déjà mon prénom, l’ayant noté sur sa liste de « désirs culinaires. » Si seulement il pouvait l’avoir noté sur sa liste de désirs tout courts.
Mais voilà qu’après quelques minutes de discussion, j’entendis la phrase la plus déprimante de ma soirée :
- Je suis désolé mais je vais devoir vous laisser. Le devoir m’appelle.
Oh non. Des paroles aussi cruelles dans une aussi jolie bouche. Maudit barbecue ! Bon, et bien tant pis.
Je pris congé sans oser ni demander son nom ni évoquer un possible revoir.
T'as loupé ta chance. Dommage. Mais c'est pas grave. Du nerf ma grande ! La soirée n’est pas terminée.
C’est alors que la chance me sourit. Deux fois.
12 commentaires
Aurélie M
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Ellover
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Il y a 3 ans
Soleil7
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Eva Baldaras
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User190757
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Lulu_K
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Soleil7
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Il y a 3 ans