Myjanyy L'horizon libre CHAPITRE 21 - Louise/Joram

CHAPITRE 21 - Louise/Joram

**Louise**


Il est presque vingt et une heure quand j'arrive au Centre pour ma soirée d'accueil. L'avant-veille, j'ai traîné toute l'après-midi sur les quais ressassant les dernières paroles d'Alexandre. Tout être normalement constitué dirait qu'il est préférable de s'exprimer dans ces moments là, de « vider son sac » et d'en parler.


Pour moi, faire le vide, c'est juste me foutre le nez sous la couette et rester en hibernation le temps de faire le tri dans mes pensées. Par chance, je ne travaillais pas aujourd'hui, mis à part ce soir et les garçons n'ont rien trouvé à redire à mon comportement. Ils sont habitués.


Il faut dire que même en y mettant du mien, je n'arrive plus à voir l'avenir. Avec rien ni personne. C'est flou et brumeux et la seule échappatoire qu'il me reste est de quitter le pays et de m'imprégner d'autres horizons.


J'ai les yeux rougis par les larmes. Des larmes de rage de voir qu'Alex a encore cette emprise détestable sur moi, qui me fait sentir si médiocre. Mais aussi de désespoir de me rendre compte que les agissements de mon père me foutent en l'air, même après des mois loin de lui.


Je piétine et ça me détruit.


Une fois devant le Centre, je décide de passer par la cour intérieure plutôt que par l'entrée principale. Je sors la clé de ma poche et déverrouille la porte de métal. Cette entrée est privée et ne sert uniquement qu'aux livraisons. Mais je m'en tape.


La cour est plongée dans le noir et je marche lentement, le regard baissé vers le sol pour ne pas trébucher. La lumière extérieure n'est pas allumée et je peste intérieurement contre ceux qui n'ont pas remplacé cette putain d'ampoule.


Soudain, un léger frottement me fait sursauter. Je lève enfin les yeux sur ce qui m'entoure.


A quelques pas de moi, une silhouette est assise sur un banc, la tête renversée en arrière, appuyée contre le mur. La lune illumine son visage.


Joram.


Je reconnais son profil. Ses cheveux en bataille, sa légère barbe et les courbes de son visage. Je l'observe quelques secondes me concentrant sur ses lèvres qui m'hypnotisent. Celles auxquelles j'ai goûté et qui m'ont enivré de douceur.


*Bordel, Louise, ce n'est pas une bonne idée.*


Je me martèle ces mots, parce que l'envie de recommencer me foudroie sur place.


J'ai une envie irrépressible d'aller m’asseoir à ses côtés, mais ma raison me rappelle que cette idée est insensée.


Pourtant, pour la première fois de la journée c'est la seule chose qui me paraît claire. Plus d'une journée sans le voir et voilà que mon palpitant s'accélère.


Pathétique.


J'ai envie de ressentir cette plénitude qui émane de sa personne. La douceur de son regard, la tendresse de ses gestes et toutes ces choses qui font de lui l'homme attachant qui ne quitte pas mon esprit.


Je suis tiraillée entre l'envie de poursuivre ma vie, en oubliant que Joram m'a bouleversé et celle de me jeter à corps perdu dans quelque chose que je ne maîtrise pas.


J'avance de quelques pas. J'hésite. Me trouve mille excuses sans fondements. Hésite encore.


Finalement, mon cœur l'emporte. Je pose ma besace à terre, et m'assieds à ses côtés.


Il ne réagis pas et conserve ses yeux fermés, le visage levé vers le ciel.


Je ne sais pas encore s'il perçoit ma présence, mais je suis certaine qu'il la ressent. Pour ma part, la tension délicieuse qui passe entre nous fait s'envoler toute une nuée de papillons au creux de mon estomac. C'est euphorisant, comme c'est douloureux. La barrière est infime entre ces deux sentiments et je n'ose pas bouger. Je l'observe. Sa gorge est à découvert et j'ai l'envie subite de la couvrir de baisers. Sa pomme d'Adam à ce quelque chose de sexy quand il déglutit et ses lèvres sont un appel au pêché.


C'est criminel d'être aussi beau.


*Je me hais*


Quand il ouvre enfin les yeux, il garde son visage face au ciel noir parsemé de points scintillants. Je ne sais pas si je le dérange, ou s'il n'a simplement pas l'envie de me voir. Notre premier baiser m'a bouleversé et j'ai fait ce que je sais faire de mieux quand je ne contrôle plus rien : j'ai pris la fuite.


Pour me protéger. Mais qu'en a-t-il pensé ?


Je soupire et pose moi aussi la tête contre le mur, quittant Joram des yeux à contre-cœur. Dans la même position que lui, j'énonce d'une voix rauque qui trahit toute l'émotion que je ressens de me trouver à ses côtés :


-Qu'y a-t-il de si intéressant là-haut ?


J'entends sa respiration qui me parvient comme une douce mélodie. Calme et sereine. La réponse qu'il me donne finit de faire exploser mon cœur en mille morceaux.


-L'espoir.


**Joram**


Je souffle longuement. Aya dort et le brouhaha de la salle de restauration m'étouffe. J'ai eu l'envie pressante de prendre l'air et de me vider l'esprit.


La solitude est le meilleur des remèdes dans ces moments où ce poids sur mes épaules s'accentue. L'attente me pèse, l'avenir aussi.


Serais-je à la hauteur ?


Quand j'entends le son de pas étouffés dans l'obscurité, j'ouvre un œil. Instantanément, je reconnais la mine boudeuse de celle qui fait renaître un peu de paix au fond de mon cœur. Louise. Elle semble perdue dans ses pensées. Ma poitrine se comprime et je lutte pour ne pas l'interpeller et continuer là où notre étreinte s'est terminée. L'envie est si forte que je sers les poings à m'en faire mal. Mais je ne bouge pas.


Pourtant, elle se fige. Alors je ferme les yeux attendant que le destin décide pour moi.


Suis-je lâche ? Non, simplement réaliste.


Cette bulle hors du temps se forme quand elle s'assied à mes côtés. Ma peau frissonne à l'endroit où ses yeux se posent. Je déglutis avec peine. Sa respiration est saccadée tandis que je tente de conserver le calme qui me caractérise.


Puis son soupire fait rater un battement à mon cœur et lorsqu'elle se décide à parler, sa question fait monter en moi une bouffée de nostalgie.


La guerre. Mes proches. Ma vie détruite. Je lui avoue sans honte tout ce que la voûte céleste représente pour moi.


-L'espoir.


Elle ne répond pas et glisse sa main dans la mienne. Sa paume est chaude et son geste me touche. Il éboule toutes les barrières qui me retenaient jusqu'ici. Je tourne mon visage dans sa direction. Mon souffle se fait rauque et mon cœur bat désormais la chamade.


A son tour, Louise pivote sa tête et verrouille ses yeux aux miens.


Je reçois comme une gifle puissante qui annihile toutes mes bonnes résolutions. Comme la première fois je passe une main sur son visage, mais je n'émets aucun mot. Rien n'est plus fort que nos deux âmes qui se cherchent.


Je vois qu'elle lutte contre cette attirance indéniable.


Alors, je faiblis pour elle et d'un mouvement brusque, la fait basculer sur mes genoux. Elle ne résiste pas. Je colle mon front au sien en passant mes mains sous sa parka. Mes gestes sont guidés par mon cœur qui ne cesse de battre plus fort encore. Ses doigts dessinent délicatement les contours de mon visage, tandis que nos souffles se mélangent.


C'en ai trop. Je craque.


Et elle ne fait rien pour me retenir.


*italique

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31 commentaires

Myjanyy

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Il y a 7 ans

merci. ohhhh une de plus, va falloir faire garde partagée avec les autres filles hihihih

Sylvie De Laforêt

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Il y a 7 ans

Ils sont vraiment très attachants tous les deux.... ça y esr je suis amoureuse de Joram !!!

Myjanyy

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Il y a 7 ans

et moi je te dit : merci merci merci :)

CaroMélu

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Il y a 7 ans

Ah la la ! C'est tellement beau ce qui se passe entre eux ! (et le côté tragique de leurs vies personnelles renforce cette passion je trouve). Bon désolée... je sais pas quoi dire à part : j'aime j'aime j'aime ! C'est Beau ! *_*

Myjanyy

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Il y a 7 ans

Ouiiiiii merci de ton soutien !!!! ;)

Morganou

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Il y a 7 ans

Ouiiiiiiiiii. C’est tellement beau !!!

Myjanyy

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Il y a 7 ans

Merci ma belle !

Scred.Story

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Il y a 7 ans

Ma chérie j’ai toujours soutenu cette histoire je sais qu’elle ira loin les émotions sont là

Myjanyy

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Il y a 7 ans

Chouette !!! Merci

Aurélia Vernet

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Il y a 7 ans

Je fonds❤️
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