Fyctia

[...]

- Alors ?! me demandent Maëlys et Louise en cœur.

Super. Je ne vais pas en réchapper aussi facilement si les deux s'y mettent.

Toutes deux me regardent dans l'attente de ma réponse et ont arrêté ce qu'elles étaient en train de faire. C'est-à-dire, la pose du vernis et l'envoi de textos.

Génial. Je déteste être dans leur collimateur. Et avec mes yeux exorbités, comme une biche prise dans les phares d'une voiture qui arrive à toute vitesse, il ne fait aucun doute qu'elles aussi s'en rendent compte.

Ce qui m'exaspère, c'est qu'elles savent très bien que j'avance pas dans mes « activités sexuelles » du moins, pas comme elles l'entendent. Depuis plus de seize mois, il ne se passe rien d’intéressant dans ma vie. Et puis mince quoi, qu'est-ce que ça peut leurs foutre si un mec passe entres mes jambes ? J'ai l'air si désespérée que ça ? Certes, cela fait un moment qu'on a pas visité ma grotte, mais tout de même. À croire qu'elles me prennent pour une nonne.

- Au point mort.

Il y a un silence et puis :

- Bah merde alors. Rien de rien ? Personne qui t'a fait du broute-minou ? Pas même un petit doigt, qui a visité ton puits des milles plaisirs ? me demande Maëlys d'une façon très poétique.

*Gwendoline, ne l'étrangle pas. C'est ton amie !*

Je réprime la colère qui monte en moi par vague et respire un coup. Je m'emporte pour pas grand chose, mais ce qu'elles peuvent être chiantes quand elles s'y mettent ! Je suis certaine que mon regard "Je vais te demembrer avec mes dents si vous continuez comme ça" les laisse de marbres. Elles sont habituées à mes sautes d'humeur. D'après mes deux amies, j'ai mes règles tous les jours ! Et elles se croient marrantes en plus.

Et puis je déteste quand mes amies fouinent et m'épie à propos de ma sexualité. S'il y a quelque chose à dire, elles sont les premières -et les seules- à être mises au courant. À croire que ce qui les intéresse ne se rapporte au cul. Je les aime, seulement, j'ai l'impression qu'elles me prennent pour une coincée, ce que je ne suis certainement pas. J'apprécie le fait de rigoler avec elles sur leur parties de jambes en l'air, évoquer des fantasmes, parler de rêves et de livres érotiques. Par contre, ce que j'ai en horreur, c'est qu'elles croient que je suis une Sainte-nitouche.

J'adore le sexe. Elles le savent et je le sais. Pourtant, à cet instant, je me demande si c'est vraiment le cas. Pourquoi cela les importe qu'un mec ait eu l'occasion de faire la rencontre avec mon vagin ? Je m'en sors très bien sans homme dans ma vie, les sex-toys font amplement l'affaire. Et mes doigts aussi. Comme on dit, on est jamais mieux servi que par soi-même. Un pénis ? Mais pour quoi faire ?! Quelle drôle d'idée, tiens. De toute façon, il est certain qu'un homme ne serait pas quoi faire de moi. Je ne suis pas frigide, ni prude ! Attention. Je suis capable d'avoir des orgasmes.... Mais seule. Et si jamais ce n'était pas le cas, que je n'arrivais pas à m'envoyer au septième ciel de façon autonome, je ne vois pas en quoi ça pourrait les regarder. On a beau être copines comme cochonnes, certaines choses doivent rester secrètes.

Mais qu'est-ce que je raconte ? Je me mens à moi même. Je suis incapable de ne rien leur dire. Il faut qu'elles soient au courant de tout dans ma vie.

- Nop. Personne depuis la dernière fois que vous me l'avez demandé. Victor s'occupe très bien de moi tout seul, je n'ai donc pas besoin de mec pour ça, mais merci de vous inquiéter pour mon minou. J'apprécie.

Maëlys et Louise se regardent et m'observent ensuite dépitée. Mon visage rougit de honte à imaginer ce qu'elles pensent de moi.

Attends, quoi ? Pourquoi de honte ? Je suis une femme solitaire et indépendante ! Le célibat ne me fait pas peur. Bienvenu au XXIè siècle.

Cette discutions est complétement absurde et inutile... Comme toutes celles que l'on a d'ailleurs. En général, ça ne me dérange pas, au contraire ! Sauf que la différence, c'est que le sujet, c'est moi. À croire que je suis aussi intéressante qu'une brique de lait vide. La façon dont elles parlent de moi me fait penser ça. J'espère que ce n'est pas le cas. L'ambiance va être tendue si ça continu comme ça.

Tendue comme mon string. C'est pour dire.

* Calme-toi Gwen.*

- Ma biche, tu ne parles pas de ton gode là, quand même ? me demande Maëlys avec une grimace sur les lèvres d'une voix douce comme si j'étais une idiote.

* Mais qu'est-ce que ça peut te faire ?* j'ai envie de crier.

On a dit calme. Ce sont tes amies et tu les aimes, elles ont juste l'esprit plus étroits que leurs utérus.

- Eh bien figures-toi que si, je parle bien de lui. Il est très compétent en la matière. On en fait pas deux comme lui.

- Il s'agit d'un objet, ma chérie. Il a été crée en des milliers d'exemplaires, voire encore plus, me dit Louise, sérieuse.

- Et pourquoi Victor ? Il est rose. Il devrait avoir un prénom féminin, ajoute Maëlys.

Je souffle d'exaspération face à leurs questions. Je les connais, elles vont s'acharner sur moi encore un long moment. Elles sont un tantinet curieuses. Curieuses comme une chouette ! De vraies chacales. Quand elles ont quelques choses dans la bouche -pas de double sens !- elles n'en démordent pas.

- Victor parce que c'est mon substitut de mec et que j'adore ce prénom. En plus, c'est une bite ou du moins, un objet sexuel qui ressemble à une bite elle se doit donc d'avoir un nom masculin. Même si elle est rose.

- Ok. Tu marques un point, mais toujours est-il qu'on s'inquiète pour toi. Tu vas devenir vieille fille si tu continues comme ça. Aigrie et entourée de chats.

- Et de godes, renchérit Louise, avec malice.

- Non, je serais aigrie si j'avais un homme, or avec des godes je serais une vieille fille comblée.

- Je veux bien croire qu'avec les nouvelles technologies, les nouvelles options qu'ont maintenant les godes, tu puisses te passer, pour un moment du contact humain -et quand je dis contact humain, je parle bien-sûr de la kékette dans le minou-, mais pas éternellement tout de même ! Je veux dire, ça ne te manque pas l'intimité que tu peux avoir avec un homme ? La jonction du peau contre peau et tout ça... ?

* L'interrogatoire va continuer comme ça encore longtemps ? Je suis à deux doigts de sortir les crocs.*

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* En italique dans le texte.*

Je me suis permise de taguer les personnes qui ont aimés le chapitre précédent ! :*