Fyctia
Chapitre 5: Peur!
A ce moment même, Jean retournait vers la maison afin de prendre un peu d'eau, car lui aussi avait soif. Marie, qui nettoyait les vitres, avait donc une vue imprenable sur la cour. Ils n'avaient ainsi rien perdu de la scène. Bouche-bée, ils restaient prostrés, interdits. Ils se disaient que Morianne était finalement l'enfant du diable. Mais cela ne pouvait l'être, leur si adorable petite fille, toujours aimable, toujours souriante, qui adorait ses parents à n'en plus finir. Comment cela se pouvait-il ? Leurs pensées se contredisaient les unes les autres. Ils ne savaient que dire. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes. Le temps ne semblait plus exister.
Jean se demanda si finalement Marie n'avait pas couché avec le diable, et qu'elle avait enfanté le fruit du mal. Mais il ne pouvait croire que Morianne était diabolique, cette si gentille petite fille toujours enjouée. Il l'aimait plus que tout et ne pouvait concevoir qu'on puisse lui vouloir du mal.
Marie, quant à elle, se demanda ce que penserait Jean de Morianne. D'elle, elle n'en avait que faire. Elle avait pris l'habitude de se faire critiquer, juger par les autres, même si au fond d'elle-même cela la heurtait. Mais elle aimait sa fille plus que tout et donnerait corps et âme pour la protéger. Pourtant, elle avait peur, elle voulait s'en protéger et ne savait pas comment faire.
Morianne les regarda, tous les deux, en souriant de toutes ces dents, elle était enfin rassasiée. Puis, son sourire s'effaça et elle fronça les sourcils. Elle ne comprit pas pourquoi ses parents la regardaient ainsi. Elle n'avait fait que boire de l'eau, alors qu'elle avait soif.
Puis, les deux parents eurent la même idée au même moment. Ils lancèrent des regards aux alentours. Quelqu'un les avait-il vus ? Un voisin, qui labourait le champs aussi, ou qui passait par là ? Ils n'osèrent imaginer la réaction de leur entourage. Et soudain, Marie sortit de la maison, se précipita vers Morianne, la prit dans ses bras et la rentra à l'intérieur. Jean la suivait de près. En jetant des regards furtifs, il lui sembla que la place était déserte.
Marie referma la porte, posa Morianne dans ses draps et la regarda, apeurée. Elle ne savait que penser vraiment. Elle se demandait de quoi sa fille était capable, avec de tels pouvoirs. Etait-elle animée par de mauvaises intentions ? Soudain, une idée folle lui traversa l'esprit : elle voulut la tuer, l'étouffer avec ses couvertures ! Elle la chassa immédiatement, elle aimait trop sa fille pour passer à l'acte, jamais elle ne le ferait une telle chose, elle l'aimait trop pour ça. De plus, elle ne se le pardonnerait jamais. Elle aimait tellement sa fille qu'elle ne pouvait pas non plus concevoir qu'elle soit mauvaise. Un tas de pensées contradictoires se percutaient ainsi dans sa tête.
Jean regardait tour à tour Marie et Morianne. Il ne savait que penser. Marie avait-elle enfanté l'enfant du diable ? Morianne, dans son petit corps de bébé, était-elle si maligne ? Elle avait accompli une prouesse, indéniablement. Il avait envie de se réjouir, d'un côté, il était fier de sa fille, jamais, de toute sa vie, il n'avait vu cela auparavant. Ce qu'elle a fait était-il vraiment mal ? Elle n'avait voulu que boire de l'eau. Mais c'est entraver les règles que Dieu a établit, seul Lui a le droit à un tel pouvoir, seul Lui a accès à tout. Ce qu'elle avait fait était donc contre-nature, et cela, il le savait. Il eut soudain honte d'avoir été fier.
Morianne regardait ses parents sans comprendre. Qu'avait-elle fait de mal ? Pourquoi avaient-ils eu une telle réaction ? Et puis, c'était eux qui avaient oubliés de lui donner de l'eau. Et maintenant, elle se sentait jugée, sous leurs regards d'adultes, avec leurs grands corps. Elle voulait le dire, mais elle n'y parvenait pas encore. Les larmes lui montèrent alors aux yeux, et elle se mit à hurler. Elle aurait voulu être ailleurs, n'importe où sauf ici, en face de ses parents, ces deux adultes qu'elle aimait plus que tout, et qui lui transmettait leur hostilité.
Marie la prit dans ses bras, pour lui dire de se taire. Mais la petite pleurait toujours. Si elle avait pu, elle se serait débattu. Elle ne voulait pas être là, pas dans les bras, pas être dépendante d'un adulte, qu'il puisse la prendre sans qu'elle le veuille. Elle voulait être seule.
Mais Marie ne comprenait pas tout cela, elle la berçait, lui disait qu'elle l'aimait, car l'amour d'une mère prime avant toute chose, et à force de pleurs et d'épuisement, Morianne finit par s'endormir dans ses bras.
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clecle
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Il y a 3 ans
Violaine Hermier
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Il y a 3 ans
MarionH
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Il y a 3 ans
Violaine Hermier
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Il y a 3 ans
Amphitrite
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Il y a 3 ans
Violaine Hermier
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Il y a 3 ans