Fyctia
4
Quelques années plus tard
L’âge adulte et ses tourments n’avaient eu aucun impact sur James. Et pour cause, ce dernier n’en a tout simplement pas grand-chose à foutre. Paresseusement emmitouflé dans ses draps, il sort une main de son antre et part à la recherche de son portable qui sonne. Onze heures quarante-cinq.
Merde.
Il est en retard.
Cinq heures de sommeil. Déjà mieux que les nuits précédentes, mais pas assez pour qu’il soit de bonne humeur. Le décalage horaire. Un changement qui le déstabilise souvent. Il tire plus sur ses draps lorsque l’on tambourine à la porte de sa chambre.
« James ! Debout ! hurle sa mère, chez qui il est retourné vivre depuis quelques mois. Ton stagiaire est encore venu te chercher pour rien !
— J’arrive, bordel ! »
Il n’a pas contenu sa colère et s’en veut aussitôt de son manque de tact. James se lève. Il enfile un débardeur blanc puis un jeans qu’il laisse ouvert le temps de porter une cigarette à ses lèvres. La fumée qui emplit ses poumons l’aide à émerger. Bien qu’il haïsse le goût du tabac sur son palais, le rituel demeure indispensable. L’autre main sur son téléphone, qu’il a fini par retrouver, il fait défiler ses mails sans réellement les lire. Il aime être ainsi, laxiste, sans responsabilités. James n’obéit qu’à une seule règle : faire ce qui lui plaît. Il tire plusieurs bouffées sur sa clope avant de l’écraser dans un cendrier à même le sol, descend l’ escalier quatre à quatre, adresse un signe de tête furtif à sa mère qui lui tend une assiette de bacon fumé.
« Prends le temps de manger, même si tu es en retard ! »
Baskets aux pieds, il retourne sur ses pas et s’empare d’un bout de lard avec les doigts.
« Normalement, ce n’est plus à moi de faire ça ! Trente-cinq ans et tu n’as toujours pas de femme ni de situation stable !
— J’ai un travail, bougonne-t-il en rabattant ses longs cheveux bouclés à l’arrière de son crâne. Aux dernières nouvelles, je suis même propriétaire.
— Arrête avec le pub ! Tu sais très bien où je veux en venir !
— Bon, si j’accepte , est-ce qu’on peut changer de sujet ? demande-t-il en levant les yeux au ciel.
— Bien sûr, mais ne tarde pas non plus ! J’aime bien ce petit nouveau, il dégage beaucoup de dynamisme. Ce qui te fait défaut… »
Il singe une révérence, à laquelle sa mère amusée répond par une claque derrière la tête. Il se hâte d’allumer la télévision pour éviter d’autres leçons. Sur l’écran apparaît une jeune femme à la beauté froide peu commune. Wendy D. Auteure de renom dont le premier roman vient d’être officiellement adapté au théâtre.
En quelques secondes, il se retrouve propulsé dans le passé. Leurs nuits passées ensemble. L’odeur fruitée de son parfum ; des nuances qui l’embaument depuis lors, comme si elle était encore présente dans la pièce. Il se souvient de la douceur de ses doigts qui s’entortillaient autour de ses boucles après l’amour. Il se souvient de son sourire, mais également de ses larmes.
Ce fameux soir où, sous une pluie battante, il lui a dit ne plus vouloir la revoir. Il se souvient être passé trop tard devant le numéro quatorze. La maison, vendue, et ses espoirs anéantis. Car elle avait tenu sa promesse : disparaître. Histoire ancienne. Qui pourtant demeure intact dans son cœur. Soudain, un détail le perturbe. Une évidence qui lui remu l’estomac. Il se lève si brusquement qu’il fait trembler la table.
« James… ?
— Je reviens… »
Il fonce à toute allure sans se retourner. Dans sa tête, une certaine nouvelle écrite par son ex le rend fébrile. Apeuré, il court chercher le texte qu’il a gardé précieusement et commence à le relire.
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Madame Split
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Il y a 5 ans
Dr.Rd
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Il y a 5 ans
Alec Krynn
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Il y a 5 ans
Béthanie.Fala
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Il y a 5 ans