Caro Handon L'ange qui me dérange 28. Retour à la source

28. Retour à la source

- DAZHELLE -


Quelle horreur ! Ce saut inter-dimension m’a retourné les tripes. J’applique en vitesse la technique des femmes enceintes en maîtrisant le rythme de mes respirations afin de me calmer. C’est une super méthode puisqu’à peine cinq minutes après notre arrivée me voilà à nouveau sous contrôle.


C’est marrant à quel point cet univers parallèle altère ma perception des choses. Ici, Börgos me parait plus impressionnant. Comme si le voyage céleste lui provoquait une subite poussée de croissance. Il devient soudain plus grand, plus large.


Parfois, je me dis que je suis tombé sur le mauvais Archange. Comme si celui-ci avait plus à cœur de me faire échouer plutôt que de m’encourager et me guider comme il devrait le faire ! Mais après tout, je ne suis peut-être pas objectif. Il se peut que, le fait qu’il est voulu m’écarter de Marie, amplifie mon ressentiment vis-à-vis de lui !


Un autre aspect de ce monde qui tranche complétement avec la Terre, c’est que là tout est beau. Le décor dans lequel nous évoluons est juste magnifique. Je ne sais pas si vous vous souvenez un peu de la fameuse « caverne » dans laquelle s’est déroulée ma cérémonie du Renouveau ? Une grotte ornée de centaines d’espèces différentes de fleurs en tous genres, eh bien, tout est à son image: coloré et lumineux.


Il est vrai que lors de mon précédent passage, je n’avais pas eu l’occasion d’admirer le paysage, puisque Börgos m’avait conduit directement sous la roche, ce qui, entre nous soit dit, était déjà très plaisant à regarder. Bon, je suppose qu’il est temps que je m’active à suivre mon Archange car celui-ci souffle comme un buffle. Je crois qu’il perd patience...


Je ne sais pas si cela est dû au fait que le Voile est en train de se lever, mais j’ai une légère sensation de picotement dans mes ailes. Ce que j’espère par-dessus tout, c’est qu’il n’y a rien d’irrémédiable, pour que je puisse redescendre au plus vite auprès de ma protégée. Je n’imagine même pas dans quel état elle doit être. Elle doit croire que je l’ai tout simplement abandonnée, comme un lâche, sans raison apparente.


Après dix bonnes minutes de vol nous atterrissons devant un grand édifice. Celui-ci est resplendissant tellement les pierres de construction sont immaculées. Les nombreux percements dans la façade semblent démesurés, comme si des géants étaient censés y pénétrer. Ce qui m’interpelle également, c’est qu’il n’y a aucunes menuiseries. Toutes les ouvertures sont donc libres d’accès. Ils n’ont pas peur aux voleurs ici !


— Börgos ? Je peux te poser une question ?

— Je présume que même si je te réponds que non, tu finiras par la poser, donc je t’écoute, mais fait vite car nous ne devons pas trainer.

— Pourquoi il n’y a aucune porte ni fenêtre ? Je suppose qu’il s’agit du lieu où demeure la Divinité Supérieure. Ils n’ont pas peur qu’il y ait quelqu’un de mal attentionné qui y rentre ?

— Tu es vraiment encore plus bête que je ne le pensais, qui m’a fichu d’un ange comme toi ? Il faudrait vraiment que je vois si je ne peux pas t’échanger !

— …

— Tu crois qu’ils laisseraient un lieu tel que celui-ci sans aucune surveillance ? Le Palais Céleste n’a pas besoin de porte pour la simple et bonne raison que personne ne peut y pénétrer sans l’autorisation de notre Être Supérieur.

— Mais, comment fait-on pour lui demander son autorisation alors ?

— Tout autour du bâtiment il existe un bouclier. Dès lors que ce dernier détecte un mouvement, la garde divine sort et vient inspecter qui se présente. Nos ailes sont passées dans une sorte de scanner et, à partir des données recueillies, ils savent exactement à qui ils ont affaire. Maintenant active toi, nous n’avons pas que ça à faire !


Malgré mes nombreuses autres questions, je décide de me la boucler et de me remettre à marcher. Je sens déjà suffisamment d’agacement chez lui, pas la peine d’en rajouter une couche ! D’autant plus si je veux qu’il m’aide pour la suite dont j’ignore absolument tout pour le moment.


Je suppose qu’en tant qu’Archange il est de son devoir de faire un rapport aux autorités supérieures, et à l’heure qu’il est, j’imagine que mon exploit avec Marie a déjà fait le tour du paradis ! Moi tout ce que je voulais, c’est être un Ange sans histoires, qui se consacrerait corps et âme à sa mission de protection, et aujourd’hui, c’est comme si on m’arrachait des plumes.


Je continue à percevoir les sentiments de ma bien aimée, car oui, quand on nous confie un être à protéger, un lien est automatiquement créé. Enfin, je suppose que c’est comme cela pour tous mes confrères, puisqu’il en a été ainsi pour moi. Mais, à y réfléchir, je n’en sais fichtre rien ! En effet, je n’ai jamais échangé avec les autres sur ce sujet, ni sur aucuns autres à vrai dire.


J’aimerais beaucoup aller vers mes semblables, mais on dirait que je leur fait peur. C’est comme si dès que je fais un pas, ceux qui m’entourent en font dix en arrière ! Le pire dans tout ça, c’est que je ne comprends pas ce qui peut, à ce point, les rebuter à mon contact !


Toute cette vague de sentiments me submerge car nous sommes sur le point de franchir le fameux bouclier dont Börgos m’a parlé et je n’ai aucune idée de ce qui va bien pouvoir m’arriver.


Est-ce que je vais rencontrer en personne le Créateur ?


Vais-je assister à un procès ? Si oui, seront-ils nombreux à me juger ou bien seulement une seule personne ? Börgos prendra-t-il ma défense ou au contraire, m’enterrera-t-il la tête plus loin sous la terre que celle des autruches dans le sable ?


Et reverrais-je Marie ?


Je crois que de toutes, cette dernière est la question qui m’inquiète le plus. Je ne conçois plus une vie sans pouvoir la côtoyer, mais j’espère au plus profond de mon fort intérieur que nous n’en arriverons pas là.


— Nous sommes arrivés. Nous venons tout juste de franchir la limite qui permet aux gardes d’être au courant de notre présence. Surtout ne fait rien de débile. Tu nous as suffisamment mis dans une position délicate !

— Pourquoi est-ce si grave qu’un humain sache que nous existons ?

— Pourquoi ? Car l’équilibre repose sur le fait que chacun reste à sa place.

— Oui mais en quoi le fait qu’ils connaissent notre existence serait une menace ? Je suis persuadé qu’ils pourraient être tolérants vis-à-vis de nous.

— Notre mission est de veiller sur eux en gardant notre identité réelle pour nous. Dévoiler ta véritable nature est considéré comme un crime contre la Divinité et son royaume.

— Mais c’est tellement nul comme règle…

— Ne t’avise jamais de tenter l’expérience sinon, quitte à te tuer une deuxième fois par je-ne-sais-quel-miracle, je te règlerais ton compte ! De toute façon, je présume que ce n’est pas demain la veille que tu redescendras.

— Quoi ? Mais pourquoi tu dis ça ? Tu as promis que je retrouverais Marie !

— Je n’ai rien promis, tu sais très bien que j’en ai pas le droit.

— Mais… Tu m’as dit que tu me l’assurais. Tu aurais osé me mentir sur un sujet aussi important pour moi que celui-là ?

— Sans l’ombre d'un doute...

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2 commentaires

Amelia Pacifico

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Il y a 7 ans

En prévision du prochain :) je passe te lire dès que je peux !

Aure Waroux Gayard

-

Il y a 7 ans

Pauvre Daz ...
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