Fyctia
29. Remise en question
- MARIE -
Cela fait quelques jours que je n’ai pas eues de nouvelles de Daz. Mamie Birguitte quant à elle est retournée chez elle, ce qui n’est pas plus mal. Je l’adore, n’allez pas croire le contraire, mais elle est tellement débordante d’énergie qu’elle m’épuise.
Je suis dans un tel état d’esprit, que j’ai l’impression d’avoir fait un bond en arrière, qui me ramènerais précisément avant l’arrivée d’une certaine personne. Celle qui a réussi par sa maladresse, mais ses bonnes intentions, à me faire retrouver le goût de la vie.
Et maintenant ? Où est-il ? Pourquoi est-il parti du jour au lendemain sans me laisser aucune explication. J’ai beau retourner ça dans tous les sens, je ne vois vraiment pas ce que j’aurais pu faire de mal. J’ai l’impression qu’un grand vide habite au plus profond de mon être, et je ne sais pas si je serais capable, à nouveau, de le remplir. Il faut vraiment que je me secoue un peu. Aujourd’hui la poissonnerie est fermée, mais je ne peux pas me reposer sur mes lauriers.
En effet, après de nombreuses tentatives auprès de Moraïce pour essayer de le convaincre de me laisser rester dans mon appartement, je n’ai pas réussi à avoir gain de cause. Il faut donc que je trouve une solution, et ce très rapidement. La saison estivale approchant à grand pas, les logements vacants vont très vite être pris d’assaut.
Comme si toutes ces épreuves n’étaient pas suffisantes, le vieux binoclard m’a demandé de vider le logement de Daz puisque lui aussi est remercié. Celui-ci, selon les dires du président du syndicat, aurait quitté les lieux sans prendre le soin de récupérer ce qui lui appartient.
Une idée me traverse l’esprit. Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Cette hypothèse est la plus probable. Ça expliquerait qu’il n’ait pas pris la peine de me dire au revoir alors que j’avais l’impression de compter pour lui. Cela éclaircirait également le fait qu’il soit parti en laissant l’intégralité de ses affaires.
Mais comment en avoir le cœur net ? Après tout je ne connais rien de sa vie, j’ai l’impression que, pendant son séjour ici, nous nous sommes davantage concentrés sur mon bien-être que sur le sien. Par où commencer à chercher ?
J’ai une idée, quoi de mieux qu’un véritable concierge, toujours à observer derrière ses carreaux, pour débuter cette enquête ?
Je décide, après un rapide passage dans la salle de bain histoire de me rafraichir un peu, de descendre voir mon voisin du dessous. Il est vrai que nous ne sommes plus vraiment en bon terme en ce moment, mais si je lui expose les choses, en mettant en avant que je cherche seulement à retrouver Daz pour lui rendre ses affaires, peut-être que le vieux sera plus compréhensif ?
Oui je sais, l’espoir fait vivre. Mais à l’heure actuelle, c’est tout ce qu’il me reste pour tenir debout et continuer à avancer.
Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne croyais vraiment pas qu’une rencontre aurait pu me bouleverser à ce point. Après le départ de mes parents, j’avais pris l’habitude de ne pouvoir compter que sur moi-même, et maintenant, je me rends compte que j’avais confié une partie de mon être à une autre personne. Trêve de pensées philosophiques, il faut que je descende trouver le vieux Moraïce.
J’ai de la chance, quand j’arrive devant le logement du sénior, j’entends le bruit de la télé, signe de sa présence dans les lieux. Je pense qu’en plus d’être myope comme une taupe, il est sourd comme un pot… Le pauvre, il n’a vraiment rien pour lui, mais fini le temps de la petite Marie, prenant en pitié n’importe qui. Est-ce que lui en a de la compassion pour moi ? Et bien non, pas une seule once.
Je toque avec force à la porte pour être sûre que malgré le générique de sa série préférée qui chante à tue-tête, il puisse m’entendre. Je m’attends déjà à ce qu’il soit d’une humeur massacrante, car l’heure d’amour, gloire et beauté est sacrée !
— Je vous préviens tout de suite, si je me déplace pour un démarcheur à domicile, vous allez m’entendre.
Voilà qui annonce la couleur, je me prépare avec mon plus beau sourire histoire d’essayer de le détendre un minimum. Si celui-ci est coopératif, le dérangement sera l’histoire de quelques minutes.
— Oh Marie ! Je vous ai déjà dit que cela ne servait à rien de continuer à me harceler ! Le comité a voté. Même avec la meilleure volonté au monde, je ne peux pas revenir sur leur décision !
— Ne vous inquiétez pas Moraïce, je ne suis pas là pour ça.
— Ah non ? Alors pour quelle autre raison ?
— J’ai pris bonne note que je devais quitter cet endroit. J’accepte également de m’occuper de débarrasser les affaires de Daz.
— Quelle bonne nouvelle, vous êtes enfin raisonnable ! Mais, je ne vois pas très bien ce que je peux faire pour vous.
— A vrai dire, je me suis dit que vous pourriez avoir de précieux renseignements à me donner. Le soir de la fête de la sardine, avez-vous vu Daz repasser par ici ?
— Je ne sais pas si cela peut vous être utile, jeune Marie, mais il y a en effet eu pas mal de mouvement cette nuit.
— Vous comptez sur le fait que je vous supplie ou bien vous allez enfin cracher le morceau ?
— Oh doucement ! Les jeunes et leur patience légendaire... Nous ne sommes vraiment pas fait pour nous entendre. Enfin bref, où en étais-je ?
— Vous disiez qu’il y avait eu du mouvement cette nuit-là…
— Ah oui, comme vous savez, mon seul but dans la vie et de m’assurer du bien-être des membres de ce petit collectif. Donc, je suis sorti de mon logement, et j’ai aperçu le grand balaise qui trainait avec vous à la fête. Vous savez celui qui avait un fort accent. Il a réussi à rentrer dans l’appartement, c’est comme s’il avait eu la clé. Après ça, c’en est suivi des bruits d’affrontement, j’ai failli appeler les forces de l’ordre ! Mais je me suis résigné en me disant que tout cela n’était pas mes oignons.
— Börgos ? Vous parlez bien de lui n’est-ce pas ?
— Ah oui, c’est bien ça. Après, tout est redevenu calme, et j’ai fini par les voir quitter les lieux tous les deux. Tout s’est passé tellement vite, qu’on n’aurait presque dit qu’ils volaient dans les airs.
— Merci infiniment pour ses précieuses informations. Auriez-vous le double pour pouvoir ouvrir son logement afin que je prenne ses affaires ?
Tout en soupirant, il me fit signe de le suivre. Nous pénétrons dans l’appartement de Daz. A première vue, rien n’a l’air inhabituel. Je fais un tour aussi rapide que possible, en prétextant rassembler ses effets personnels.
Arrivée près de son petit canapé, quelque chose attire mon regard, je m’approche et... Une plume ! Elle ressemble étrangement à ce que j’avais cru apercevoir dans le dos de Daz au bar. Mais j’y pense, c’est de là que tout est parti ! C’est suite à ma réflexion qu’il a pris ses jambes à son cou et qu’il s’est enfui...
Tout cela n’a aucun sens.
Et qu’est-ce que ça veut dire ?
Qui es-tu Daz ?
Tout porte à croire que tu caches quelque chose.
Tu n’es pas comme nous, c'est ça ?
Mais que serais-tu alors ?
4 commentaires
Aby Mery
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Il y a 7 ans
Christal Charvet
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Il y a 7 ans
Aby Mery
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Il y a 7 ans
Mymy M. *Sakuramymy*
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Il y a 7 ans