Caro Handon L'ange qui me dérange 26. Mission hiéroglyphes

26. Mission hiéroglyphes

- MARIE -


Je ne comprends pas, cela fait un moment maintenant que Daz a quitté la salle en courant en direction des toilettes, et il n’est toujours pas revenu. Au bout de combien de temps faut-il commencer à s’inquiéter ?


D’autant plus qu’il n’avait vraiment pas l’air bien, il était comme figé dans un espace-temps différent du mien.


De leur côté, ma mamie Birguitte et son cavalier d’un soir Börgos, sont toujours très occupés à se déhancher sur la piste. Je reste quelques instants à les observer avant de prendre la décision de rentrer, car au fond de moi je sais que mon voisin s’est enfui… Ce que je ne sais pas cependant, c’est pourquoi ?


Il m’a ouvert son cœur ce soir, même si j’avoue ne pas avoir tout compris. Il a fait allusion à une mission, comme si c’était de son devoir de me venir en aide. Et puis c’est quoi cette histoire de « débarquer sur Terre » ? Il a du faire une métaphore, mais je ne vois pas laquelle.


Une chose est sûre, j’ouvre enfin les yeux ce soir sur les sentiments que j’éprouve pour lui. Jusqu’à présent, je le voyais seulement comme un très bon ami sur qui je peux compter en toutes circonstances. Le fait qu’il me plante ici ce soir m’a poussé à me poser de vraies questions.


Pourquoi le fait qu’il me laisse là, seule, me blesse à ce point ? Tout simplement car il compte plus que je n’ai bien voulu me l’avouer jusque-là ! Mais comment se fait-il que l’instant précis où il se confie, signe également sa fuite en avant ?


Une émotion grandit de plus en plus au creux de mon ventre: elle se nomme solitude. Elle n’a jamais été aussi présente, même depuis le départ de mes parents.


Il faut vraiment que je me secoue les puces. A l’heure qu’il est, je ne suis plus maître de mes sentiments. Je mets mes états d’âme sur le compte de l’alcool. Quelques heures de sommeil devraient pouvoir clarifier la situation. Ne dit-on pas après tout que la nuit porte conseils ?


Je déverrouille ma porte, et trouve une Chocolatine en plein quart d’heure de folie. Quand je m’approche d’elle pour essayer de la papouiller, je me rends compte qu’elle tient dans sa gueule ce qui ressemble à une lettre.


Ça doit être Daz qui me l’a écrite pour s’expliquer sur son comportement de ce soir. Par la porte ou par la fenêtre, il faut que je récupère ce qui m’est destiné, mais cela n’est pas gagné avec le sale caractère de ma boule de poil !


J’ai beau être exténuée, je m’acharne pour obtenir le précieux sésame, et l’obstination paye ! Je ne prends pas la peine d’ouvrir soigneusement ma correspondance, préférant découvrir son contenu au plus vite.

A ma grande surprise, ce courrier n’est pas du voisin auquel je m’attendais.


La feuille en papier recyclé, reconnaissable grâce à son léger ton jaunâtre, est recouverte d’une fine écriture en pattes de mouche. Il s’agit de nul autre que Moraïce ! Mais que peut-il bien me vouloir ? Nous ne pouvons pas dire que nous sommes en très bon terme en ce moment.


Je commence à déchiffrer les hiéroglyphes, mais la tâche est loin d’être facile. D’après ce que je comprends, il revient sur l’inondation de son logement à cause de la fuite dans ma salle d’eau. Il est aussi question du comportement de ma grand-mère lors de la fête de la sardine.


Autant je lui accorde le fait que l’inondation ai pu avoir un impact sur son confort, que par contre, je ne peux être tenue responsable du caractère de Birguitte ! Je décrypte le restant de ce mot et j'en suis scandalisée


Et puis quoi encore ?


Le voilà maintenant qui me demande de quitter mon appartement, et ce dans les quinze jours ! Mais pour qui il se prend celui-là ? Sous prétexte que Monsieur est président du syndicat des propriétaires, il se croit tout permis ?


De colère je chiffonne la lettre et la balance en travers de la pièce, ce qui fait une heureuse. Je lâche l’affaire pour le moment, et dès que nous aurons atteint une heure plus raisonnable, je descendrai m’expliquer avec le vieux spécimen du dessous.


Le temps passe et j’ai beau me tourner, me retourner, impossible de trouver le sommeil. Un rapide coup d’œil sur le réveil m’indique qu’il est encore trop tôt pour la tâche que je souhaite accomplir. C’est horrible, mon cerveau n’arrive pas à se mettre en veille. Je finis donc par me lever et décide de m’attaquer au rangement de ma cuisine de fond en comble.


Quand j’ai terminé, je suis tellement harassée que je décide de me poser juste quelques minutes, histoire de récupérer. Mais quand j’ouvre à nouveau les yeux, je me rends compte que je me suis endormie sur mon canapé, et résultat j’ai le dos en vrac !


Bon, plus de temps à perdre, un rapide passage sous la douche et me voilà d’attaque pour aller rendre visite à l’ancien adjudant-chef !


Je n’ai jamais été aussi remontée qu’à l’instant présent. Je tape d’abord trois petits coups à sa porte, mais étant donné que la réaction attendue tarde à venir, je m’acharne à abattre mon poing contre la menuiserie jusqu’à ce que celle-ci s’ouvre enfin.


C’est un Moraïce bedonnant dans son costume qui se trouve fièrement devant moi.


— Jeune Marie, je suppose que vous avez reçu ma lettre.

— Oui, et je trouve ça vraiment lâche votre façon de faire ! Ne pas avoir le cran de venir en personne me reprocher ces choses !

— N’y voyez pas une rancœur personnelle, mais vous ne pouvez pas rester. Votre situation fait jaser et l’arrivée de cet énergumène n’a rien arrangé.

— Et que nous reprochez-vous au juste ? L’attitude de mamie ? Qu’est-ce que j’y peux moi ? Elle est comme ça et d’ici quelques jours elle sera rentrée chez elle.

— Elle n’est qu’un détail chère voisine. Le plus important pour le bien-être de cet immeuble, c’est que votre ami, la catastrophe ambulante, et vous-même, vous partiez.


Si ce vieux schnoque pense qu'il peut nous mettre à la porte si facilement, il se fourre un doigt dans l'oeil. Je ne me laisserais pas faire par ce vieil abruti.


— Si toute cette mascarade est à cause de l’inondation de votre logement, je veux bien payer les réparations, mais vous ne m’obligerez pas à partir !

— Ah ah. Laissez-moi rire. Avec quel argent voudriez-vous me dédommager ? Ce n’est un secret pour personne que la poissonnerie bat de l’aile !

— Ne parlez pas de choses où vous n'y connaissez rien ! Mon commerce se porte de mieux en mieux, et pour votre gouverne, j’ai même obtenu de ma banque un prêt pour sa rénovation !

— Peu importe ! Les dés sont lancés, la commission a statué. Vous devez partir, il n’y a aucun retour en arrière possible ! Vous avez quinze jours, pas un de plus, vous m'entendez jeune fille ?


Je suis scandalisée autant que je suis prise de panique. Comment allons nous faire ? L'été approche et les locations se font rares.


— Une chose est certaine Moraïce, je vous serais toujours reconnaissante de votre grande humanité !

— Comme c’est gentil de votre part, cela me touche que nous restions en d’aussi bons termes.

— Ne rêvez pas pauvre andouille, ceci s’appelle de l’ironie ! Tôt ou tard, vous regretterez votre attitude. Je vous en fais la promesse !

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3 commentaires

Christal Charvet

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Il y a 7 ans

Vieux schnoque de mes 2 celui là !!! >_< pfff !

Aure Waroux Gayard

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Il y a 7 ans

Non mais quel c** ce Moraïce!!!

Ingrid Day

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Il y a 7 ans

♥️♥️♥️
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