Fyctia
25. Briser le Voile
- DAZHELLE -
Je rejoins Marie qui est bien sagement installée dans un des vieux canapés usagés entourant une table basse. Elle est tellement perdue dans ses pensées, que celle-ci ne remarque même pas ma présence à ses côtés. Il faut dire qu’elle a l’air déjà bien imbibée par l’alcool.
Sur un coup de tête, je décide d’expérimenter une nouvelle technique d’apaisement. Après tout, ma protégée a vécu une journée riche en rebondissements en tout genre. Ce qui devait être un agréable moment passé à la fête de la sardine, s’est très vite transformé en une excursion à la gendarmerie du coin et, c’est est loin d’être une destination paradisiaque.
Un petit regard vers la piste de danse me permet de constater que Börgos est toujours aussi occupé entre les griffes de Birguitte. Celle-ci a, de toute évidence, réussi à l’entrainer dans le célèbre marathon des danses, organisé toutes les semaines par les jumeaux. Il s’agit d’un enchainement continu de tous les styles possibles et imaginables, et à la clé pour les vainqueurs, une soirée de consommations gratuites.
Cela m’arrange car ça me laisse plus de temps en tête à tête avec ma voisine. Je me concentre et commence à murmurer comme je le fais tous les soirs, à la différence près, que cette fois-ci, techniquement Marie est consciente et que nous ne sommes pas seuls. Mais je me dis aussi que personne ne nous prête attention, donc je ne vois vraiment pas de mal à agir ainsi.
« Ma très chère petite Marie, je profite de ce moment seul avec toi pour t’avouer ce que j’ai sur le cœur. J’ai débarqué sur Terre pour te venir en aide, et à travers cette mission, tu m’as apporté autant que je suppose l’avoir fait pour toi.
Ton âme est tellement pure que tu éclairerais à toi toute seule l’immensité des enfers. J’espère seulement que tu ne douteras plus jamais de toi, ni de tes capacités à gérer une entreprise.
Je suis conscient que j’ai un petit côté maladroit, mais à ton contact, j’ai l’impression de progresser, et même si un jour je devrai repartir pour épauler une autre personne, tu auras toujours une place privilégiée au plus profond de moi-même ».
— Tu es tellement adorable Daz !
— Quoi ?! Que viens-tu de dire ?
— Bah ?! Tout ce que tu viens de me confier, je trouve ça absolument magnifique !
— Tu… Tu es en train de… De me dire que tu as tout entendu ?
Mais comment est-ce possible ? L’art des murmures utilise une fréquence de la voix bien différente du parler quotidien. Seul le subconscient de la personne à qui ils sont destinés est censé saisir et interpréter les vibrations.
Qu’est-ce que j’ai fait ? Est-ce dû au fait que j’ai essayé hors du contexte habituel ? Une chose est sûre, si Börgos l’apprend, il va me tuer sur place ! Quoi qu’à y réfléchir cela est impossible, ayant déjà passé l’arme à gauche…
— Daz ? Est-ce que tu te sens bien ? Tu es vraiment pâle. Oh attend, tu as quelque chose qui est collé derrière ton dos. Je vais t’aider à t’en débarrasser, tourne toi.
— Euh… Peux-tu me décrire à quoi ça ressemble ?
— C’est très bizarre, vue d’ici ça à l’air très souple et… Duveteux.
Je ne prends même pas la peine de lui répondre, je cours aussi vite que mon taux d’alcoolémie me le permet en direction des toilettes. Il faut que je démêle le sac de nœuds qui s’est formé dans ma tête.
Serait-ce possible ? Ma protégée pourrait-elle réellement voir mes attributs célestes ? Non, non, non ! Ce n’est juste pas envisageable ! Et si jamais c’était bien la réalité, comment faire ? Tout lui expliquer depuis mon premier jour auprès d’elle. A quelle réaction puis-je m’attendre dans ce cas ? Au secours ! Mon cerveau est en pleine ébullition.
Une chose est certaine, je ne peux pas gérer une telle situation ce soir, surtout dans l’état dans lequel je me trouve. Je prends la décision la plus dure de toute ma carrière d’Ange : je vais fuir.
J’aperçois un petit châssis actuellement en position oscillo-battante. Une fois ouvert en grand et en me serrant bien les plumes, je devrais pouvoir y passer. Je dois absolument m’éloigner quelques temps de Marie. Je sais très bien au fond de moi-même ce que je devrais faire ; tout dévoiler à Börgos… Mais c’est au-delà de mes forces.
Après m’y être repris plusieurs fois, j’arrive enfin à me hisser par la fenêtre. La chance me sourit puisqu’un gros conteneur à poubelles se situe juste en dessous de la menuiserie. Je vous accorde qu’il y a plus glamour comme sortie mais, dans l’urgence, on fait ce que l’on peut !
Cette péripétie me rappelle un épisode qui avait eu lieu juste avant que ma transformation soit définitive. Les Archanges nous avaient autorisés, sous leur surveillance bien évidemment, une sortie sur Terre. Je m’en souviens comme si c’était hier.
Nous avions débarqués dans une petite ville au canada. Cela m’interpelle seulement maintenant, mais Börgos doit avoir un lien fort avec ce pays, puisqu’à l’époque, c’est lui qui avait choisi notre destination ! Enfin bref, ce n’est pas pour cette raison que cette histoire me resurgie de ma mémoire, revenons à nos moutons !
Lors de ce petit séjour, nos supérieurs nous avaient autorisés, un soir, une sortie au restaurant. Nous devions cependant, au préalable, enduire nos ailes d’une poudre qui permettait leur invisibilité aux yeux des vivants. N’étant pas encore totalement des Anges, nous ne pouvions pas recourir au Voile.
Certes, la cérémonie du Renouveau était passée, mais l’autorité suprême attendait toujours le dernier moment pour activer ce subterfuge qui permettait aux êtres spirituels d’interagir avec les humains, sans se faire démasquer.
L’entraide entre les futurs êtres célestes était vraiment appréciable... A l’exception d’une personne, Ray. Ce dernier était chargé de m’aider, car il est très compliqué de pouvoir accéder à l’intégralité de la surface de nos attributs. Malheureusement pour moi ce mufle, il n’y a pas d’autre mot, avait décidé de me faire une petite farce. Celle-ci avait bien failli me mettre totalement hors course.
Monsieur c’était permis de laisser certaines zones dénuées de matière. Quand un à un les personnes présentes dans l’établissement se sont aperçues de ma singularité, cela a créé un esclandre.
Pour me sortir de cette situation, j’ai pris mes jambes à mon cou, et je suis parti le plus loin possible de ce lieu, pour finir par me cacher derrière un conteneur à poubelles. Devinez qui a fini par me retrouver ? Et oui, Börgos en personne.
Cette histoire a fait le tour de tous les êtres supérieurs, et cette anecdote m’a poursuivi un bon moment après ça.
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NDAs:
Bonjour :)
Nous profitons de cette petite place pour vous remercier de vos commentaires et votre soutien dans cette aventure.
Le récent passage de Fyctia va nous permettre de nous recentrer sur notre intrigue initiale et ce chapitre en est un prémisse ;)
Alors, que va-t-il se passe si les ailes de notre cher Daz apparaissent?
Nous attendons vos plus folles propositions ;)
Aby & Caro
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