Caro Handon L'ange qui me dérange 23. Les oranges

23. Les oranges

- MARIE -


Je n’en reviens toujours pas. Qu’est ce qui a bien pu se passer dans la tête de mamie Birguitte pour qu’elle se mette dans une telle situation ? Je n’ai pas toutes les données en ma possession, mais je compte bien faire la lumière sur cette histoire.


Pourquoi les gendarmes l’ont-ils emmenée de force, en plein milieu de cette foule et, qui plus est, avec les menottes aux poignets ? Non mais sans déconner, nous ne sommes pas dans un film traitant du grand banditisme tout de même !


Je sens soudain une main se poser délicatement sur mon épaule. Daz me regarde les yeux pleins de compassion.


— Marie, est ce que tu veux que je t’accompagne chez les hommes en bleu pour démêler le sac de nouilles chinoises dans lequel ta grand-mère s’est fourrée ?

— C’est très gentil de ta part, je veux bien merci. Cela me donnera un peu plus de poids face à eux. Oh, mais j’y pense. Tu ne peux pas ! Car qui va tenir le stand ? À part toi, il n’y a personne à qui je peux le confier.

— Si j’peux m’permettre, j’veux bin accompagner Marie, comme ça elle ne sera pas toute seule et pis, c’est mieux qu’un coup de patin dans la face.

— Börgos n’a pas tort, bien sûr si cela ne dérange pas mon cher voisin de rester ici ?

— Euh… Je suppose que non mais surtout, n’hésite pas à m’appeler en cas de problème.

— Je te le promets. Je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans toi.


Je me fais sans doute des films, mais j’ai la légère impression que mon ami est déçu de rester à quai pendant que je pars en compagnie du ténébreux québécois. Par contre question discrétion, je repasserai. Tout le monde s’est retourné sur notre passage. Je pense que s’est dû à l’effet de Börgos sur la gente féminine, ainsi que la jalousie des hommes vis-à-vis de lui. En même temps il n’y peut rien le pauvre s’il est beau à tomber par terre !


Après un court mais électrique trajet en voiture, nous arrivons devant la gendarmerie locale. Je prends une grande inspiration afin de me calmer. Cela ne servirait à rien d’entrer dans ce lieu en étant déjà sur la défensive.


Je sens la main du beau caribou se poser délicatement dans mon dos. Ce geste qui devrait me surprendre a tout l’effet inverse. Je me sens soudain d’une zenitude déconcertante.


Nous sommes accueillis par un petit homme, la cinquantaine, dégarni et bedonnant, mais à l’air fort sympathique. Allez, je me lance !


— Bonjour monsieur, je me permets de venir pour avoir d’une nouvelle de ma mamie. Il s’agit de madame Birguitte Tinache. Pouvez-vous me dire ce qu’il en est, s’il vous plait?

— Alors voyons, je vous demande un instant de recherche dans nos fichiers. Ah voilà ! Dites donc ce n’est pas banal tout ça !

— Pouvez-vous m’expliquer ce que vous avez contre elle, car il s’agit d’une grand-mère inoffensive, qui est seulement de passage pour quelques jours dans le but de rendre visite à sa seule petite fille.

— Inoffensive ? Est-ce que j’ai bien entendu ? Sachez madame qu’elle est tout sauf douce comme un agneau. Votre chère mamie a agressé notre adjudant-chef en retraite : notre bien aimé Moraïce.

— Pardon ?! Vous êtes sûr de ce que vous dites ? Car je connais assez bien monsieur Moraïce, et aussi son fort caractère, vous ne pensez pas qu’il a pu exagérer les choses ?

— Etes-vous en train d’accuser notre ancien supérieur de faux témoignage ? Savez-vous que cela est très grave ? Je pourrais vous mettre au trou pour ça !

— La p’tite dame vous prie de bin vouloir l’excuser. Est-ce qu’elle pourrait voir son ancêtre ?


La personne se trouvant en face de nous met immédiatement un peu d’eau dans son vin, et nous accorde un entretien privé avec Birguitte. Bien sûr, il nous fait bien comprendre que normalement il ne devrait pas le faire, qu’il risque de s’attirer les foudres de ses collègues.


Après l’avoir longuement remercié, je m’installe dans une petite pièce sombre et attend qu’il me ramène ma grand-mère.


— Oh ma petite Marie, je suis contente de te voir.

— Moi aussi mamie, mais je voudrais surtout que tu m’expliques ce qui s’est passé sur le port ?

— C’est de la faute du vieux binoclard. Je l’ai entendu crier à qui voulait bien l’entendre que tu étais une délinquante.

— Il ne faut pas prendre tout ce qu’il raconte au pied de la lettre. Tu sais ce n’est pas un vrai méchant, il aboie plus fort qu’il ne mord.

— Je m’en contre fiche ! Il a menacé mon adorable petit enfant ! Je l’ai même entendu dire qu’il allait te faire virer de ton appartement, mais rassure moi, il ne peut pas le faire ça ?

— Euh… Techniquement, tout est possible. Il est président du syndicat de copropriété, alors je suppose qu’il peut avoir le bras trop long.


Nous continuons à échanger comme ça encore quelques minutes, jusqu’à ce qu’une véritable tornade déboule dans ce lieu sinistre. Mes yeux n’en reviennent pas. Le retraité, ex adjudant-chef se tient droit comme un piquet devant nous. Sa mine renfrognée en dit long sur ses intentions. A côté de lui se trouve l’officier qui nous a accueilli quelques instants plus tôt.


— C’est inadmissible ! Vous vous allez relâcher une grande criminelle… Ah, les forces de l’ordre, ce n’est vraiment plus ce que c’était. Jadis, ça ne se passait pas comme ça, nous étions respectés !

— Eh du calme mon bon monsieur, nous sommes ici en paix, et pis, je tiens à vous signaler que vous avez la flye à l’air !

— Commeeennnt ?! Qu’est-ce qu’il dit le grand barbu ?

— Je vous signale juste que vous avez la flye à l’air ! Ou, si vous préférez la fermeture éclair ouverte.


Mon voisin du dessous n’apprécie pas du tout la remarque du québécois, il tourne les talons et part de la gendarmerie en s’écriant qu’il n’avait certainement pas dit son dernier mot, et que bientôt nous regretterions tout ça !


Après encore un peu de temps passé dans ces locaux pour négocier la sortie de Birguitte, nous pouvons enfin reprendre la route vers le port. Ma mamie a juste écopé d’un sermon bien corsé de la part d’un des membres de la brigade mais cela, plus pour se donner bonne conscience vis-à-vis de Moraïce, que pour l’effet qu’il pourrait produire.


La preuve, à peine avait-elle posé les deux pieds hors de la gendarmerie, qu’un joli doigt d’honneur s’est élevé bien haut à l’attention des forces de l’ordre. Heureusement pour moi, personne d’autre n’a remarqué ce geste d’insolence.

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6 commentaires

Aurélie Lefeuvre

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Il y a 7 ans

Ça y est j'ai tout lu et j'ai hâte d'avoir la suite! Marie et Daz sont très attachant.

Ingrid Day

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Il y a 7 ans

haha elle est trop forte cette mamie birguitte, j'adore !

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 7 ans

Oh purée quelle sacré mamie mdr

Mymy M. *Sakuramymy*

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Il y a 7 ans

Mdr elle tue cette grand mère et ce Moraice est un vieux fou xD

Aby Mery

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Il y a 7 ans

Et oui ;-)

Aure Waroux Gayard

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Il y a 7 ans

Quand je disais qu’elle allait lui en faire voir de toutes les couleurs sa mamie Birguitte :-D
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