Caro Handon L'ange qui me dérange 16. Journée Dazexceptionnelle

16. Journée Dazexceptionnelle

- Marie -



J’allume ma lampe de chevet et saute de mon lit en quatrième vitesse.


— Oh ma pauvre Chocolatine, où es-tu partie ? Je suis vraiment désolée ma belle, je n’ai pas fait exprès. Je ne savais pas que tu te trouvais dans ma chambre. D’habitude tu es toujours dans ton panier dans le salon.


Aucune trace de ma meilleure amie à quatre pattes, je me dirige donc vers ma pièce de vie. La chipie est retournée se coucher. Ce qui est bizarre, c’est qu’elle me regarde comme si je venais à l’instant de la réveiller.


Je pense que je suis en pleine crise de paranoïa aigue ou alors, il s’agit des restes de vapeur de la veille. En dehors de ma petite boule de poils, je ne vois vraiment pas qui d’autre pourrait être chez moi… Il faut vraiment que j’arrête de délirer.


J’ai toujours l’impression de comprendre ce qu’elle pense ou ressent, mais si ça se trouve, je me plante complétement. Dans le doute, et pour me faire pardonner, je lui prépare une ration surprise de sardines, car je sais pertinemment qu’elle en raffole. La preuve, pour quelqu’un qui fait semblant d’émerger, elle accoure vers moi avec son petit miaule de pétasse.


Bon, j’ai l’air maligne moi maintenant. Il est quatre heures et demie, et je suis debout, prête à commencer ma journée. Plutôt que rester à tourner en rond dans mon petit appart, je décide d’aller me préparer. Avec un peu de chance le capitaine Zack sera déjà revenu sur le port, et je pourrais négocier quelques beaux spécimens fraichement pêchés. D’autant plus, que je dois toujours m’acquitter du saumon promis à Mario, le plombier.


Après une douche rapide, je quitte mon logement et je descends les escaliers le plus discrètement possible. Je reste stupéfaite quand dans le hall du rez-de-chaussée je tombe nez à nez avec le vieux Moraïce. Sans déconner ! Il est en retraite et à une heure aussi matinale, il est déjà sur le pont.


Bien sûr, celui-ci ne se contente pas de me regarder passer. Il entame une conversation qui, je le sais par avance, va être ennuyeuse et ne servira absolument à rien.


— Bien le bonjour jeune Marie. Est-ce que vous allez ouvrir la boutique plus tôt ce matin ? Non pas que je veuille vous juger, mais je trouve que vos horaires ne conviennent pas pour une poissonnerie.

— Mes salutations, Moraïce. Non, les heures d’ouverture de ma boutique ne vont pas changer, elles sont très bien comme ça.

— Ah ! La jeune génération, partisante du moindre effort !

— Je ne vous le permets pas ! Je travaille très dur jour après jour pour mon commerce ! C’est facile de juger quand on n’a rien à faire de ses journées !

— Commeeeeeeeeeent !?

— Oui, oui. Vous avez très bien entendu. Vous commencez sérieusement à me courir sur le haricot avec vos remarques à deux balles. Je gère mon commerce comme bon me semble, et ce n’est certainement pas un vieux grincheux comme vous qui va me dire quoi faire ! Sur ce, passez une bonne journée, moi j’ai un métier !

— Plait-il.

— Oh pas de ça avec moi, monsieur Moraïce !


Je ne lui laisse pas le temps d’ouvrir à nouveau la bouche, si c’est pour continuer à écouter un ramassis de conneries ! Je grimpe dans ma camionnette pour prendre la direction du quai où le bateau de Zack est habituellement amarré.


Après avoir zappé entre beaucoup trop de stations de radio à mon goût, je tombe enfin sur une chanson qui me met du baume au cœur et commence à chantonner de plus en plus fort : « J'ai attrapé un coup de soleil, un coup d'amour, un coup d'je t'aime. J'sais pas comment, il faut qu'j'me rappelle ».


Il va vraiment falloir que je me fasse soigner. Je l’impression d’avoir un logiciel de karaoké intégré dans le cerveau, et cela me prend une énergie incommensurable.


Trêve de balivernes, me voilà enfin arrivée à destination, et pour une fois, la chance est de mon côté puisque que le bateau du vieux loup de mer est bien là.


— Capitaine Zack, permission de monter à bord ?

— Permission accordée, belle enfant. Que me vaut le plaisir de ta visite aussi matinale ?

— J’étais debout à cause d’une nuit agitée, enfin bref, je te passe les détails. Je suis venue voir ce que tu as de beau dans tes filets.

— Ah, je vois. Des gredins ont essayés de s’emparer de mon butin cette nuit, mais heureusement que mon moussaillon était sur le qui-vive… Sans lui, je n’aurais rien à te proposer à l’heure qu’il est. Alors suis-moi dans la cale.

— Je suis vraiment soulagée que cette histoire se finisse bien. Par le plus grand des miracles… Tu n’aurais pas un petit saumon pour moi ?

— Oh… Il me semble que je vais pouvoir te trouver ça.


Ce moment passé en compagnie de mon vieil ami a été très agréable, et surtout très bénéfique. En effet, je suis repartie le fourgon plein de bons produits dont, bien sûr, un gros poisson à la chair rose.


Je me presse pour rejoindre ma petite boutique afin de mettre toutes mes marchandises dans la chambre froide. La réflexion de Moraïce tourne en boucle dans ma tête. Pourtant, je n’ai pas pour habitude d’en tenir compte, mais si pour une fois cela était justifié ? Peut-être que je ne fais pas mon maximum pour mon commerce. Peut-être que je devrais augmenter l’amplitude horaire.


N’importe quoi ! Je ne dois surtout pas le laisser m’influencer. C’est facile pour lui de critiquer mais, déjà qu’actuellement je ne dors pas beaucoup, autant me mettre tout de suite sous perfusion de café !


Je commence à préparer mon étal de poisson. Aujourd’hui, j’ai particulièrement envie de mettre en valeur tous les trésors que j’ai pu dénicher auprès de Zack. Ne me demandez moi pas pourquoi, mais j’ai le sentiment que je vais passer une bonne journée. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas été autant motivée qu’en ce jour. Peut-être aussi le fait que ce matin, je ne suis pas pressée par le temps pour tout ce qui est préparation du magasin.


En finissant ma mise en avant, je décide de faire une grosse promotion aujourd’hui afin de, qui sait, attirer une nouvelle clientèle. Du genre de ceux qui disent : « Alors moi, je ne mange pas de poisson, ça coûte trop cher ».


Reste plus qu’à trancher sur quel produit je mets en réclame. Pourquoi pas les crabes ? J’ai un bon stock car il y en avait pas mal dans les filets du pêcheur, et puis cela me fais penser à l’espèce de danse désarticulée dans laquelle mon cher Daz s’est lancé hier soir…


Je ris seule à ce souvenir mais au moins ça à le mérite de m’inspirer. J’ai même trouvé le nom de cette réduction exceptionnelle, ça sera « la journée Dazexceptionnelle ». Ah oui ! Ça sonne drôlement bien. Allez, c’est parti. Aujourd’hui, il ne peut m’arriver que du positif.

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3 commentaires

Mymy M. *Sakuramymy*

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Il y a 7 ans

Hate de lire la suite

Aby Mery

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Il y a 7 ans

Merci bcp ;-)

Ingrid Day

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Il y a 7 ans

J'aime toujours autant lire cette histoire :)
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