Caro Handon L'ange qui me dérange 12. Greengotts

12. Greengotts

- MARIE -


Je suis mitigée entre un sentiment de panique vis-à-vis de la situation actuelle, et une grosse envie de partir en fou rire. C’est vrai, quand on y pense, Daz fait des pieds et des mains pour améliorer ma vie, et à chaque fois, retour de bâtons, il empire les choses. C’est à croire qu’il est maudit.


Je n’imagine même pas si les humains étaient comme des chats avec leurs neuf vies, comment ferait Daz ? Il aurait autant la poise dans chacune d’entre elle ? Ou, peut-il simplement s’améliorer ?


Je sors de mes pensées afin de revenir à la réalité, et surtout à mon voisin, trempé guené devant moi. Cette fois ci, je ne peux pas faire autrement, je me mets à glousser de plus en plus fort.


— Daz, prends le temps de te sécher, et surtout, laisse tomber la tuyauterie. Je file à mon rendez-vous à la banque. Après celui-ci, j’appellerais Mario, l’expert en plomberie du coin.


— Je suis vraiment navré Marie, je voulais bien faire, mais là, je jette l’éponge. J’ai l’impression d’avoir les doigts palmés tellement je n’arrive à rien en bricolage.


— Il ne faut pas dire ça, nous sommes juste passés d’un extrême à l’autre, mais il faut se dire qu’il y a plus grave dans la vie. Tu vois par exemple, à choisir, je préférais mille fois rester avec toi et faire péter toutes les canalisations de l’appartement. Au lieu de ça, je suis obligée d’aller en entretien avec l’espèce de gobelin qui sert de directeur à mon établissement bancaire.


— Vu comme ça… Bon, tu devrais filer maintenant. Il ne faudrait surtout pas que tu sois en retard. Si tu veux, pour gagner du temps, je veux bien aller chez Mario si tu me donnes l’adresse. Avec un peu de chance, cela permettra qu’il intervienne plus rapidement.


— C’est une excellente idée Daz. Regarde dans le petit carnet noir, posé sur la table à l’entrée. Bon, moi j’y vais. On peut se retrouver ce soir au Volt’air. Comme ça je te raconterais en détail mon rendez-vous chez Greengotts.


— C’est noté. Tu peux partir tranquille, je fermerai à clé en sortant. À ce soir alors.


Il me semble que c’est la première fois que je vais aller à la rencontre de monsieur Roudor sans être stressée. L’avantage avec mon ami, c’est que sa personnalité dériderait n’importe qui. À y réfléchir, j’aurais peut-être dû l’emmener avec moi, personne ne résiste à son charme !


Je remets en place quelques mèches qui se sont échappées de mon chignon, avant de récupérer mes clés accrochées dans la boite située à l’entrée. Après un dernier regard vers Daz, je quitte mon logement.


Comme à son habitude, le directeur est en retard, son assistante me fait donc poireauté dans le hall. Je commence mentalement à me préparer à contrer toutes ses attaques concernant la gestion de ma poissonnerie. Est-ce que je me mêle de son travail moi ?


Ah ça c’est facile d’écraser toujours le plus petit que soit. Avec sa montre flambant neuve et sa grosse chaine en or autour du cou, il est loin d’être à plaindre. Je me rappelle comme si c’était hier une réflexion qu’il m’avait faite :


— Chacun son métier madame Tinache, il faut bien que je nourrisse ma famille. Je ne peux pas faire des cadeaux à tous mes clients.


Mais quel culot de se lamenter ainsi ?! Sans déconner, sa famille ne doit certainement pas être malheureuse. Je suis sûre qu’il n’a jamais connu ce qu’était la faim ce gros plein de soupe.


Moi, je ne l’ai jamais dit à mes parents, mais depuis qu’ils sont partis à l’autre bout du monde, j’ai connu des moments difficiles. Je me souviens même de certains soirs ou, avec Chocolatine, nous nous partagions une boite de sardine en deux en guise de repas.


Je ne suis pas aveugle, je me suis aperçu que, depuis que Daz est entré dans ma vie, il essaye de rameuter un maximum de personnes dans ma boutique, et pour cela, je lui en serais éternellement reconnaissante. De plus, je compte bien m’en servir comme argument pour que mon banquier me lâche un peu la grappe.


Un raclement de voix me ramène dans ce lieu sinistre, tenu par une bande de gripsou.


— Hum hum… Mademoiselle Tinache, si vous voulez bien me suivre, monsieur Roudor va vous recevoir.


Je suis son assistante à travers un long couloir, dans lequel une multitude de cadre, en tout genre, se succèdent sur un fond jaune canari qui me pique les yeux. On ne peut pas dire qu’il est bon goût en matière de décoration, et après ça, il se permet de venir critiquer ma boutique, qui je le sais très bien, aurait bien besoin d’un grand coup de rafraichissement.


J’aperçois déjà celui qui a un hérisson dans la poche, m’attendre à l’entrée de son bureau, avec une mine crispée. Cette pièce, contrairement au corridor, est très neutre. Une peinture blanche recouvre les murs, et quelques diplômes et photos de famille viennent casser la monotonie. Je prends place sur le fauteuil qu’il m’indique est attend patiemment que mon jugement commence.


— Madame Tinache, si j’ai demandé à vous voir aujourd’hui, c’est car après de longue année à votre service, je pars en retraite à la fin du mois. Mon confrère, monsieur Picsou prendra donc ma suite.


— Sauf votre respect, m’avez-vous fait venir uniquement pour cette raison ? Car pendant que je suis ici, personne ne fait tourner ma poissonnerie ?!


— Non. Bien sûr que non. J’ai également autre chose à vous annoncer. Nous allons terminer notre long partenariat par une très bonne nouvelle. Il semblerait que vous ayez un véritable ange gardien.


— Comment ça ? Je peur de ne pas comprendre monsieur Roudor ?!


— Des bruits courent… Vous savez, c’est une petite ville ici. Un individu est allé prospecter pour votre cause dans tous les villages alentours, et selon les premières analyses, cela payerait. De plus, vous allez être à la une du journal local. La journaliste est une amie de longue date, et elle m’a confié que le même personnage en question était venu la voir pour lui implorer de faire un article sur votre commerce. Au vue de toutes ces perspectives d’avenir, je vous accorde un crédit, afin que vous puissiez enfin refaire à neuve votre boutique.


— Mais… Je… Je ne sais pas quoi dire. Cela fait tellement longtemps que j’attendais que vous acceptiez… Merci, vous allez sauver mon établissement.


— Pour une fois, je suis obligé de décliner ces éloges. Pour le coup, je ne les mérite pas. Malheureusement, je ne peux pas vous donner le nom de votre bienfaiteur. Celui-ci a préféré rester anonyme.


— Nous vous en faites pas pour cela, je sais déjà qui se cache derrière cette grande charité. Si vous n’avez plus rien à voir avec moi, je vous laisse M. Roudor. Je vous souhaite de profiter de votre retraite, et entre nous, nos entretiens ne me manqueront pas le moins du monde !

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11 commentaires

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 7 ans

Ah ha pas mal mR roudor

zélia louise

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Il y a 7 ans

très bon chapitre j'adore le nom de son prochain banquier picsou lol

Aby Mery

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Il y a 7 ans

Honnetement on s'amuse bien aussi à les trouver ;-)

Mymy M. *Sakuramymy*

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Il y a 7 ans

J'adore les noms :')

Aby Mery

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Il y a 7 ans

;-) ;-)

paul geister

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Il y a 7 ans

monsieur rougir j aaaadddorrre

Aby Mery

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Il y a 7 ans

Roudor c'est les palets breton ;-)...

Aure Waroux Gayard

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Il y a 7 ans

Ah ouiiiiiii! C’est ça

Aure Waroux Gayard

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Il y a 7 ans

Carrément monsieur Picsou!!! Le plus grand de tous les banquiers... mais Roudor, ce nous me parle me d’où ?
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