Marina G. Juste une nuit Chapitre 5

Chapitre 5

- Tu danse avec moi ?




Je décline l'invitation mais Paul ignore mon refus et prend ma main pour me faire tourner sur moi-même. La danse n'a rien de romantique, pourtant son regard sur moi me fait ressentir des choses. Des choses que je ne devrais pas ressentir, et encore moins pour un inconnu. Je n'ai pas envie que la soirée prenne fin. Heureusement, la chanson se termine et une amie d'Elise me tend un verre que je prend sans réfléchir.




- Je désapprouve, me lance Paul en penchant la tête sur le côté.




Et j'aurais probablement dû écouter son conseil, car je me découvre rapidement une passion pour le Get 27. Je bois quelques verres, j'ignore combien. Peut-être deux ou trois, mais cela me suffit pour être désinhibée. Ma Benz de Brigitte commence et j'ignore ce qui se passe alors dans ma tête. Paul est assis sur un fauteuil, les autres mecs discutent avec les filles, quelques-uns d'entre eux dansent, d'autres font physiquement connaissance et je commence à me mouvoir. Je danse seule, et même si le bar est assez calme, je n'aurais jamais fait ça en règle général. Je chante de nouveau en silence en observant Paul, qui lui m'observe d'un œil amusé. Il remue le visage et passe une main sur ses yeux alors que je continue à lui chanter une chanson de cul sans réaliser ce que je fais.




Je bouge les fesses, je danse au ralentis comme si j'avais pris de l'extasie. Heureusement, la chanson se termine et mon moment ridicule de la soirée prend fin. Nous terminons notre soirée dans un dernier bar kitsch au possible. Il y a un karaoké, et pas le genre karaoké à Tokyo. Des types bourrés chantes du Jean-Jacques Goldman, à deux doigts de piquer du nez, ou de vomir. Nous nous asseyons en nous retenant de rire, nous chantons en cœur, désapprouvés par de grands adeptes du karaoké et leur dix commandements. Le premier étant "ne jamais, ô grand jamais troubler le moment de gloire de celui qui est sur scène". Pourtant, lorsque Goodbye Marylou de Polnareff commence, je me lève d'un bon en lançant, "oh j'adore cette chanson". Paul me fait asseoir de nouveau en me tirant le bras et je me met à rire. Je tente de ne pas troubler le chanteur, mais lorsque le refrain débute, je ne suis plus maître de moi. Je me met à chanter en fermant les yeux, et en bougeant de droite à gauche. L'homme qui chante se retourne vers moi et si je m'attends à ce qu'il m'insulte à pleins poumons, il s'approche et vient me chercher. Je me retrouve sur scène et en me retournant vers mes amis, je réalise que tous sont pliés en deux. Paul affiche un immense sourire et remue le visage avant de croiser les bras, l'air impatiemment. Je me mets moi-même à rire en récupérant le micro et j'attends seulement le refrain. Je chante comme si je passais le casting de The Voice, en priant pour que personne ne film la scène. Je sais que je suis ridicule, je sais que je dois avoir l'air d'avoir quinze ans, et pas vingt-cinq, mais je m'en fiche totalement.




La nuit se termine vite, beaucoup trop vite. Je reviens à ma réalité avec une brutalité douloureuse. Paul me regarde en souriant, et je sais que je l'observe probablement pour la dernière fois. Nous marchons toutes pieds nus dans les rues, le soleil ne s'est pas encore levé mais il ne fait plus complètement nuit. Certains rejoignent leur voiture, certaines filles embrassent Elise en lui souhaitant un bon voyage, des amis de Paul s'en vont, et petit à petit, le groupe se réduit. C'est à mon tour de dire au revoir à Elise, nous ne prenons pas le même Uber car nous n'habitons pas dans le même arrondissement. Je la prends dans mes bras en lui ordonnant de m'appeler régulièrement de Londres. Elle s'installe dans la voiture et je l'observe s'éloigner. Un ami de Paul et une des amies d'Elise rentrent ensemble et il ne reste finalement plus que nous deux. Je me tourne vers lui, un peu gênée désormais. Mon Uber est juste à côté, et je n'ai pas envie de partir.




- Bon, soupire-je, c'était un plaisir de te rencontrer Paul.




- Quoi, c'est tout ? On se quitte en plein milieu de la rue ? Ajoute-t-il à mon regard interrogateur en souriant éternellement.




- Je vais rejoindre mon Uber, déclare-je en montrant la voiture du doigt. Tu rentre comment ?




- J'habite juste à côté, déclare-t-il. J'insiste une dernière fois, mais je peux pas avoir ton numéro ? Ton Facebook ?




Je refuse en bougeant la tête.




- Ton instagram ?




Je me mets à rire en remuant le visage une fois de plus.




- Tu es dure... Grimace-t-il. Bon... Je vais t'accompagner à la voiture alors, histoire de rendre ça encore plus mélodramatique.




Je souris en murmurant un "ok" presque inaudible. Nous marchons doucement jusqu'à la voiture et je me tourne vers lui lorsque le chauffeur allume le contact. Paul m'ouvre la portière et je le remercie pour cette soirée.




- T'as pas à me remercier, me répond-il.




- Ma soirée n'aurait pas été si drôle si tu n'avais pas été là.




- J'ai passé une bonne soirée grâce à toi, moi aussi.




Je souris en soupirant de nouveau.




- Bon, bonne... Nuit, journée, je ne sais pas trop.




Il me sourit un peu plus discrètement et je m'installe dans la voiture. Il me fait un signe de la main avant de refermer la portière. Je l'observe une dernière fois à travers la vitre, prise soudainement de mélancolie.




- C'est bien dans le neuvième arrondissement que vous allez ?




- Dans le neuvième arrondissement, oui...




La portière s'ouvre et m'interrompt abruptement. Je tourne le visage vers la gauche pour apercevoir Paul, en train de se baisser pour s'approcher de moi.




- Je vais le regretter pour le restant de mes jours si je ne le fais pas, lance-t-il sans que je ne comprenne immédiatement.




Sa bouche s'approche de la mienne et je suis incapable de le repousser. Ses lèvres viennent à ma rencontre, seulement une seconde. C'est ce qui pourrait illustrer à la perfection l'expression "voler un baiser". Sa langue ne touche pas la mienne, je n'ai même pas le temps de lui rendre son baiser ou de le repousser. Le contact a été bref et pourtant, il me paralyse totalement. Seul le frôlement de nos deux corps m'a totalement bouleversé. Il recule, plante son regard dans le mien durant un court instant et finit par disparaître. Le chauffeur me demande si nous pouvons y aller et après avoir bégayé, j'acquiesce enfin. La voiture avance alors que moi, je ne suis toujours pas revenu sur terre. Je glisse mes doigts sur mes lèvres, comme si son baiser avait laissé une trace indélébile sur ma bouche.





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9 commentaires

Jo Mack

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Il y a 2 ans

je ne comprends pas?

Rose Foxx

-

Il y a 2 ans

Bienvenue dans le concours ! J'avoue que ton histoire m'intrigue ! Si je peux te donner un petit conseil, pense a bien aérer certains gros pragraphes pour nous faciliter la lecture ;) (Si jamais tu à le temps et l'envie, n'hésite pas à passer sur cheerlover ! Merci d'avance et bonne journée ! ) 🦋
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