Fyctia
Chapitre 6
Mes yeux s'ouvrent puis se referment. Je crois bien que je me rendors, mais j'ignore combien de temps. Lorsque mon cerveau se met à fonctionner, je m'oppose à ces souvenirs et je sombre dans un sommeil profond. La Terre tourne toujours, je ne suis pas sûre d'avoir correctement évacué l'alcool d'hier soir. Paul. Ce prénom me traverse l'esprit, brutalement, soudainement. Trop soudainement. Comme le souvenir de son visage. De sa voix.
- Je vois qu'on s'est bien amusé hier.
La voix de Julien étouffe violemment mes pensées, je sursaute en relevant le visage, les yeux dans le vague.
- Je suis rentrée un peu tard, oui.
- Hmm, j'ai entendu ça. Tu as fait un bordel pas possible.
- Désolée, soufflé-je avant de tenter de me redresser. Tu as passé une bonne soirée ?
- Ouais, ça va. Je crois que c'est inutile que je te retourne la question.
Il ne me la pose pas, mais je sais que le sujet le met déjà dans un état peu supportable. Alors je préfère le lancer dès maintenant.
- Si tu as quelque chose à dire, fais-le. J'ai passé une très bonne soirée, c'était la dernière fois avant un long moment que je voyais Elise et...
- Ça va, c'est juste une collègue de boulot, soupire-t-il en sortant de la chambre.
- Je crois que c'est à moi d'en juger.
Je le suis en dehors de la chambre pour poursuivre la conversation. J'ai un léger vertige, je me suis levée beaucoup trop vite.
- Eh, je déteste quand tu quittes la pièce alors que je suis en train de parler.
- La conversation est terminée, non ?
Je m'apprête à m'énerver, je mords ma langue pour me retenir de lui hurler dessus de bon matin, mais je parviens à me contenir. Je décide de l'ignorer, je déteste lorsque Julien est comme ça. Il se rassoit devant la télé en zappant d'une chaîne à l'autre, je m'attarde une seconde sur lui, sur sa façon de m'ignorer. Hier, j'ai bossé toute la journée, tout comme lui. Nous ne nous sommes vus que quelques poignets de minutes, alors qu'il se préparait à partir. J'aurais apprécié qu'il m'embrasse en me demandant comment ma soirée s'était déroulée, si je n'étais pas trop peinée du départ de mon amie, bref, j'aurais simplement aimé qu'il s'intéresse à moi, ne serait-ce qu'un peu.
- Je vais aller me prendre une douche.
Il m'ignore de nouveau et je rentre dans la salle de bain la gorge serrée. L'eau chaude me permet de faire abstraction de ce mauvais début de journée. Julien n'est pas tout le temps comme ça, heureusement, mais depuis quelques temps, j'ai l'impression de mal faire les choses. J'ai l'impression qu'il ne supporte rien de ce que je dis, ou de ce que je fais. Je me lave les cheveux en prenant le plus de temps possible, comme si la journée pouvait partir sur un nouveau départ. Je m'enroule d'une grande serviette et j'essuie rapidement ma chevelure avant que l'eau n'inonde le sol. Je met ma culotte et je range rapidement ma serviette tomber au sol. La porte s'ouvre sur Julien et il s'assoit sur le rebord de la baignoire en m'observant. Je m'approche de lui après avoir finit de ranger. Je passe mes mains dans ses cheveux châtains clairs, j'aime à croire que certaines choses peuvent s'améliorer.
- Tu m'as manqué... Murmuré-je en souriant faiblement.
Comme il ne répond pas, je reprend la parole.
- Et moi, je t'ai manqué ?
Il soupire en baissant le visage. Ses yeux bleus ne m'observent plus et je glisse une main sur sa joue.
- J'ai pas l'impression que ce soit le cas...
- Bon sang, t'es chiante avec tes questions Nina.
Il sort de la salle de bain et je me retiens de pleurer. Je me retrouve seule, vêtue seulement d'une culotte en ayant l'impression d'être la fille la plus repoussante du monde. Julien avait l'habitude de me dire que j'étais magnifique, irrésistible. Mes bras retombent le long de mon corps et j'observe mon reflet dans le miroir. Je repense à ma soirée, à ce qu'Elise m'a dit, à Paul. J'enfile un t-shirt et je sors de la salle de bain pour rejoindre la chambre en l'ignorant.
- Eh, m'interpelle-t-il.
Je ne me retourne pas, je continue sur ma lancée pour rejoindre la chambre.
- Nina, lance-t-il en se levant du canapé pour attraper ma main. Je suis désolé. Je suis un peu de mauvaise humeur, c'est tout.
Je me retourne en fronçant les sourcils.
- Et je peux savoir ce que je t'ai fait encore ?
Il soupire et pose ses fesses sur l'accoudoir du canapé.
- Je ne pensais pas que tu rentrerais si tard. Je me suis posé des questions, je sais très bien pourquoi les filles vont en boîtes.
- Je te demande pardon ? Demande-je en riant nerveusement.
- Quand une fille sort en club c'est pour baiser Nina, et les mecs aussi d'ailleurs, on le sait très bien.
- C'est ridicule, sincèrement.
Je recule en me dégageant de son étreinte pour rejoindre la chambre.
- Eh, t'en a pas marre de te vexer pour un rien ?
Je pousse la porte derrière moi et je m'assoie lourdement sur mon lit, certains jours, il ne faut pas se lever du tout. Je m'allonge en fermant les yeux, mais la porte finit par s'ouvrir. Julien vient s'allonger sur moi et je me plains en essayant de le pousser.
- T'es un imbécile, je veux que tu me laisse tranquille. Je suis sérieuse, ajoute-je alors qu'il se met à rire.
- Ça va, tu as laissé ton humour là-bas ?
- Tu as laissé ton cerveau dans l'utérus de ta mère ?
- Hahah quelle répartie bébé, tu m'étonneras toujours, se moque-t-il.
- Je veux que tu te lèves, tu m'écrases, me plaigne-je de nouveau.
Il finit par s'allonger à côté de moi et je fixe le plafond en l'ignorant.
- Aller, arrête de faire la gueule. On a qu'aujourd'hui pour être ensemble, le week-end est déjà finit, tu ne va pas faire la tête toute la journée, si ?
Contrairement à Julien, je bosse le lundi en plus du samedi. Heureusement pour moi, j'ai un autre jour de repos dans la semaine. Un jour seule, où je peux faire des choses qu'il déteste faire. Je le regarde sans l'ombre d'un sourire sur mes lèvres.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
- Quoi ?
- Cet après-midi, on fait quelque chose ? On peut sortir, aller manger une glace, aller se promener, j'sais pas... Il fait super beau dehors.
Il grimace et je fronce les sourcils, sentant déjà l'arnaque à plein nez.
- Quoi encore ?
- Bah, y a un match à 16h. Je veux pas rater le début.
Je me lève d'un bon du lit en serrant le mâchoire.
- Bon sang, t'es un cliché à toi tout seul ! On a qu'une journée Julien, j'ai eu une semaine de malade, j'ai des tonnes de visites dans tous Paris, et toi, tu pars bientôt en déplacement. Je te demande seulement une journée d'attention, s'il-te-plaît, insiste-je.
- On peut faire un truc le week-end prochain, promis.
Je m'apprête à parler, mais une fois de plus, je me retiens.
5 commentaires
Caroline-Noëlle
-
Il y a 2 ans
Mais Euh
-
Il y a 2 ans