Lély Morgan Juste un vœu de Noël Chapitre 1.3

Chapitre 1.3

— Pour en revenir à l’autre abruti, enclenche-t-elle, tu dois bien te rendre compte que rien de tout ceci n’est de ta faute.


— Caroline ! la réprimande une nouvelle fois Audrey.


Trop tard, le mal est fait. Mon visage s’affaisse.

Pourtant, comme sortie de nulle part, ce n’est plus la tristesse qui me submerge, mais la colère. Une rage dont je ne me savais même pas capable m’arrache les tripes et obscurcit mes perceptions. Mon champ visuel se rétrécit, mes oreilles ne captent plus qu’un bourdonnement lointain.


Caroline a raison. Ce n’est pas de ma faute si chacune de mes relations se termine en eau de boudin. C’est de sa faute à lui ! Cette fois, je ne me laisserai pas faire. Il ne va pas s’en tirer comme ça !


L’adrénaline finit de me dessoûler, ou en tout cas m’en donne l’illusion. Ce qui m’entoure reste lointain. Je perçois à peine les vociférations des filles qui me demandent la raison de mon départ soudain. Je ne ressens même pas la morsure du froid de décembre en dépit de l’absence de manteau. Il est resté au bar, avec l'ensemble de mes affaires.


Il fait nuit depuis un moment déjà, mais les lumières de New York permettent de se repérer aussi bien qu’en plein jour. Et puis, Macy’s n’est qu’à une bonne centaine de mètres, je ne risque pas de me perdre. D’autant que j’ai parcouru ce trajet un nombre incalculable de fois ces dernières années.


À peine arrivée, je me dirige vers les escalators au pas de course. Le centre commercial est loin d’être désert malgré l’heure avancée, néanmoins, la grande affluence est passée.

Parvenue au quatrième étage, je m’arrête un temps, m’agrippe à la rambarde tout en soufflant comme un bœuf en mal d’oxygène. L’alcool ne m’a pas rendue plus sportive. Les filles en profitent pour me rejoindre. Je ne m’étais pas rendu compte qu’elles m’avaient suivie. Elles gardent cependant une certaine distance. Ne jamais toucher un animal sur la défensive, c’est la base de tout manuel de survie.


Pour autant, rien n’empêche Caroline de s’exprimer quand elle l’a décidé.


— J'ignore ce que tu as en tête, mais je ne pourrai pas éternellement rattraper tes conneries, Angie. Tu sais que je risque ma place !


Un regard noir pour seule réponse, je prends une profonde inspiration, avant de poursuivre mon ascension. Plus que quatre étages et j’arriverai à destination.


Déjà le décor de Noël s’intensifie. Ce n’est rien en comparaison de Santaland. Après avoir suivi le chemin de la locomotive écarlate bien nommée « Santaland express », un lutin m’accueille, ou plutôt tente de m’empêcher de pénétrer dans les lieux.


Au fil des années, ma réputation n’est plus à faire. Je parviens à le contourner sans trop de difficulté et ne m’arrête pas devant les scènes du village du père Noël, reconstituées autour du pont arc-en-ciel, que je traverse au pas de course. Je ne suis pas sans savoir que le premier elfe rencontré est loin d’être le seul dans cet endroit. Je ne fais pas plus cas des allées de sapins emplis d’ornements, ni même des écuries à rennes que les enfants toujours sur les lieux cherchent à croiser. Déjà les musiques de Noël tournant en boucle me font saigner les oreilles. Je bouscule, contourne, me contorsionne, accélère tout en tentant de conserver un maximum de souffle.


Le chalet convoité enfin en vue, juste après la colonne en sucre d’orge, je ne suis pas certaine de la quantité d’oxygène encore présente dans mes poumons. Ceux-ci me brûlent à un tel point que je ne serais pas étonnée de me transformer en dragon d’ici peu. Ça tombe bien, ce Noël, je n’ai qu’une envie, tout réduire en cendre !


Les vingt-et-une heures sonnant la fermeture approchent à grands pas, il reste cependant quelques enfants accompagnés de leurs parents. Je les écarte sans ménagement. Deux molosses en tenue rouge et vert et bonnet à pompon me barrent le chemin.


Caroline intervient, malgré ses précédentes remontrances. Elle sait que toute tentative pour me retenir est inutile. Ou peut-être craint-elle que les remous en prévision se transforment en tsunami, si l’on me refuse le passage.


La famille encore présente dans la petite pièce de bois sursaute à mon intrusion. Je me place devant le vieux bonhomme à la barbe blanche et lui pointe un index accusateur. Lui me répond d’un regard plus amusé que surpris. Je ne m’y attarde plus. Entre deux essoufflements, je m’empresse de lui cracher :


— Toi, le père Noël de mes deux, il faut qu’on parle ! T’as intérêt à me sortir du merdier dans lequel tu m’as plongée !


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12 commentaires

LauAl

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Il y a 6 heures

Pauvre Père Noël!!!!!

Lély Morgan

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Il y a 4 heures

Ah mais, elle a de bonnes raisons de lui en vouloir... Tout du moins dans sa tête 🤣

Marie LS

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Il y a 10 jours

Oh purée ! Invectiver ainsi le Père Noël ? Sérieux ? 😂

Lély Morgan

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Il y a 10 jours

Aaaah les effets de l'alcool en même temps, il n'est pas tout blanc dans l'histoire, le vieux bonhomme rouge !😂

Sylvie1904

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Il y a 12 jours

Au moins, elle est déterminée mais elle me fait déjà rire😉

Lély Morgan

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Il y a 10 jours

J'en suis ravie !😊

Leroux Ophélie

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Il y a 14 jours

Comme promis, je suis venue faire un petit tour. J'aime beaucoup le début, ça promet ! Bon courage pour le concours

Lély Morgan

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Il y a 14 jours

Merci beaucoup à toi. 🥰

Eva Baldaras

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Il y a 14 jours

A jour chez toi 😉🥰

Lély Morgan

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Il y a 14 jours

Oh merci 😍. Tu y participes ?
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