Fyctia
Chapitre 1.1
Noël numéro 6
(24 décembre 2023)
This Christmas (I'll Burn it to the Ground )- Set it off
Affalée sur notre table du N.J's, je contemple le fond de mon verre de café amélioré sans savoir où il va achever sa course. Pas sûr que mon corps accepte la moindre goutte supplémentaire. Ma limite est atteinte depuis un moment déjà. Je me demande même par quel miracle je parviens à rester éveillée.
D'accord, il ne s'agit que de mon quatrième verre, mais ma tolérance à l'alcool a toujours été basse... et de toute évidence, encore plus au whisky. La brume qui recouvre mon esprit depuis la deuxième descente serait presque salvatrice et m'évite de penser au piètre spectacle que j’offre.
Les larmes coulent sans interruption. Je dois ressembler à un panda neurasthénique, entre le mascara dégoulinant sur une bonne partie de mes joues, et mes yeux assurément aussi rouges que bouffis. Ne parlons pas de mes cheveux emmêlés, auxquels je laisse le soin de recouvrir autant que possible les dégâts.
Caroline ne semble pas d'avis de stopper mon absorption de cet Irish coffee de sa création. Je la vois sortir de nouveau la bouteille de Scotch, ramenée en douce, afin d'agrémenter chaque boisson commandée. Je retiens mon verre quand elle finit par la tendre, pour me servir une nouvelle rasade du précieux liquide ambré. Tout du moins... je tente de retenir pour être exacte, car ma main part de traviole et ne réussit qu'à attraper de l'air. Déjà, elle s'active à sa tâche, lorsque je parviens tant bien que mal à articuler :
— Ara Sarette, j'ai vais trop... euh croire... Non, pas ça ! Aaah, t'as compris quoi.
Mince, ça ne sortait pas comme ça dans ma tête. Caroline éclate de rire, son- enfin mon- verre rempli, tandis qu'Audrey, plus inquiète, jette un coup d'œil par-dessus mon épaule. Son hilarité vite dissipée, ma poupée aux cheveux rouges me questionne :
— Je pourrais connaître la traduction ?
La langue collée au palais, je déglutis pour chasser cette sensation pâteuse qui a pris possession de ma cavité buccale. J'ai bon espoir d'éviter aux relents de whisky caféiné de s'échapper de mon contenu stomacal.
Wouah, comme je parle bien quand je suis bourrée... dommage qu’il n’y ait que moi pour l'entendre.
C'est malin ça, voilà que je me fais rire toute seule. Les filles vont vraiment finir par me prendre pour une tarée !
Une fois calmée, je lève un regard suppliant en direction de ma deuxième meilleure amie. Je m'attends à ce qu'Audrey comprenne ma détresse et me prête assistance, au lieu de quoi, elle hausse les sourcils, les lèvres scellées. C'est une voix masculine qui vole à mon secours en fin de compte :
— Sérieux, Caroline ? Je t'ai dit de cesser de rapporter des bouteilles d'alcool dans mon établissement.
— Arrête de me prendre la tête Matt. C'est un cas de force majeur.
— Il n'est même pas encore vingt heures et Angie frôle déjà le coma éthylique ! Elle a mangé quelque chose au moins ?
L'absence de réponse en est une en elle-même.
— Tu n'exagères pas un ... Hey, tu pourrais me laisser finir ma phrase avant de te tirer !
Je redresse la tête, ainsi qu'une paupière paresseuse et tente de fixer mon regard vers le fuyard. Caroline se lève déjà pour lui faire comprendre sa façon de penser. Soit celle-ci l'indiffère, soit il s'est habitué à son caractère autoritaire. Je repose mon crâne sur la table. La voix de mon amie se transforme vite en bruit de fond et mes idées retournent à l'échec de ma vie sentimentale.
La douce poigne d'Audrey, accompagnée de quelques mots de réconfort, finissent de m'achever :
— J'étais sûre depuis le départ que ce connard ne te méritait pas. Allez ma belle, il n'en vaut vraiment pas la peine !.. S'il-te-plait ma Angie, je n'aime pas te voir comme ça. Je sais ! reprend-elle dans un sursaut, Caroline et moi allons nous occuper de son cas ! Caro ne manque jamais d'idées…
— Et je suis surtout toujours armée en toute circonstance. Ma pelle attend bien au chaud dans mon coffre. Je devrais pouvoir sans trop de problème récupérer le couteau de chasse de mon père. Un tour chez cet abruti en pleine nuit et hop ! il peut dire adieu à ses attributs.
Vous connaissez les petites voix qu'on a un peu tous ? Certains les nomment voix du cœur et de la raison. D'autres se les représentent comme un ange et un démon plantés sur chacune de leurs épaules, afin de leur glisser à l'oreille des conseils plus ou moins avisés. Ben moi, je les ai chaque jour à mes côtés. Elles prennent vie en mes deux meilleures amies : Caroline et Audrey. Pas besoin d'expliquer qui est qui...
À l'instant, impossible de savoir si la proposition de Caroline n'a pour but que de me faire sourire. Elle est capable de tant de choses. L'expression neutre qui ne quitte presque jamais son visage, n'aide pas à déterminer quand elle est sérieuse de quand elle ne l'est pas. Elle est la seule à rivaliser avec mon père à ce petit jeu. Rien que notre rencontre donne le ton.
Et dire qu'elle est directrice des ressources humaines au sein d'un des plus grands centres commerciaux du pays : le Macy's de la 34th... Je plains ses subordonnés. En un sens, je l'ai moi-même été, mais personnellement, je ne pourrais plus m'en passer. Elle est la femme forte que je rêverais être... là où Audrey n'est que gentillesse et douceur. Elle tentera coûte que coûte d'apaiser les tensions. Enfin, cela ne l'empêche pas de se battre bec et ongles pour protéger ceux qu'elle aime… ce que n'a jamais eu la chance de découvrir Sam.
Sam...
21 commentaires
WinterHaru
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Il y a 21 heures
Lély Morgan
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Il y a 17 heures
LauAl
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Il y a un jour
Sandryne
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Lély Morgan
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Selenbelle.
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Marie LS
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Lély Morgan
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Emilie Hamler
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Il y a 12 jours
Lély Morgan
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Il y a 12 jours