Fyctia

— Jer’, dis-je, à la fois énervée d’avoir eu cette légère frayeur et soulagée qu’il ne s’agisse que de mon meilleur ami. Tu es dingue de débarquer comme ça ? Tu m’as collé la trouille de ma vie !

— Désolé, j’ai vu Mason partir alors je me suis faufilé avant que le portail ne se ferme pour que tu n’aies pas à m’ouvrir. Manifestement, ce n’était pas l’idée du siècle.

— C’est rien, j’ai juste un peu paniqué, à cause de Jay.

Je m’efface pour lui intimer de rentrer et Jeremiah s’exécute, restant à distance respectable du chien, qui est toujours en train de ronchonner de son côté.

— Ça suffit, lui dis-je. C’est un ami. Vas-donc te coucher.

Il me regarde, avant de s’éloigner, prenant tout de même son temps. S’il avait été humain, je suis prête à parier qu’il aurait levé les yeux au ciel et marmonné dans sa barbe.

— J’hallucine, il t’as écoutée ?

— Bien sûr, pourquoi il ne le ferait pas ?

— Oh, je ne sais pas, peut-être parce qu’il ne répond qu’aux ordres de Mason, d’habitude ? répond Jeremiah, étonné.

— Il m’a à la bonne, maintenant.

Nous migrons dans le salon et il commence à s’approcher du canapé. Et plus précisément à l’endroit où Mason et moi avons…

— Ne t’assoit pas là !

Surpris, il manque de perdre l’équilibre et se redresse, regardant autour de lui, sans doute à la recherche de quelque chose qu’il aurait été susceptible d’écraser.

Je le guide maladroitement à l’opposé et espère être assez bonne actrice. De toute manière, il est impossible qu’il devine les réelles raisons de mon comportement un peu bizarre !

— Qu’est-ce qui t’amène, Jeremiah ? demandé-je alors. Avions nous prévu de nous voir, aujourd’hui ?

Sans parler du fait que je ne l’ai jamais vu poser un pied dans la propriété de Mason, auparavant. Aussi, maintenant que je suis plus calme, je peux me permettre d’analyser la posture de mon meilleur ami, ainsi que son comportement.

Il est aussi mal à l’aise et étrange que moi, ce qui me déroute.

— Jer’, il s’est passé quelque chose ?

Je suis maintenant on ne peut plus sérieuse et il pousse un soupir, glissant sa main sur son visage, comme pour se laisser quelques secondes afin de trouver le courage de parler. Puis ses yeux rencontrent les miens et il me demande, de but en blanc :

— Est-ce que Mason et toi, vous vous fréquentez ?

Sa voix claque comme un fouet, me désarçonnant d’autant plus. Sidérée, je ne peux que balbutier :

— Que… quoi ? Mais qu’est-ce qui te fait dire ça ?

— C’est bon, inutile de me mentir, Alyson vous a vus, hier, lâche-t-il, désabusé. Au début, je pensais qu’elle hallucinait, qu’il s’agissait d’une simple erreur, mais… t’as des marques, dans le cou. Et, même si je te connais maladroite, ça m’étonnerais que tu te sois cognée contre quelque chose à plusieurs reprises.

Je porte alors ma main contre ma peau, par automatisme. Mais ce qui m’intéresse surtout, c’est la première partie de sa phrase. Et puisque maintenant, il ne sert plus à rien de mentir…

— Tu dis que Alyson nous a vus ?

A-t-elle compris le petit jeu auquel Mason s’est adonné, hier, alors que nous étions avec eux ?

— Quand elle est rentrée, elle vous a surpris par la fenêtre du salon, en train de vous embrasser. Je te laisse imaginer ma surprise hier soir, quand elle me l’a annoncé.

Un ange passe et je laisse le silence s’étirer malgré moi, tout simplement parce que je ne sais que répondre. Puis, je prends une profonde inspiration et ose de nouveau affronter son regard.

— Ce n’était pas comme ça que nous voulions que vous l’appreniez. Nous comptions attendre votre retour de lune de miel pour vous l’annoncer.

Jeremiah rit jaune et fourre ses doigts dans ses boucles châtain, avant de se relever et de se mettre à faire les cent pas dans le salon.

— Donc, tu comptes vraiment rester avec lui ? Avoir une vraie relation ?

— Eh bien… oui. C’est déjà le cas.

— Mais tu détestes Mason ! s’exclame-t-il, furibond.

Je me demande d’où vient toute cette frustration. Est-ce que mon histoire avec Mason le gêne tant que ça ? Si oui, pourquoi ? Ce n’est pas comme si nous faisons quelque chose de répréhensible !

— Je n’ai jamais détesté Mason, expliqué-je avec douceur en me levant à mon tour. Ça a été un peu compliqué entre nous au début, mais les choses ont changé.

Il rit de nouveau. Un rire que je n’aime pas beaucoup entendre sortir de sa bouche, d’ailleurs. Son comportement commence à me courir sur le système et je sens ma propre frustration monter crescendo.

— Tu m’étonnes qu’elles aient changé ! Vous couchez ensemble, maintenant !

— Jeremiah ! Mais qu’est-ce qu’il te prends ?

Il me rejoins en quelques enjambées et pose ses mains sur mes épaules. Si il y a encore quelques semaines, j’aurais adoré ce contact, aujourd’hui il me met mal à l’aise. Aussi, comme il est maintenant très proche de moi, je peux aisément sentir une odeur émaner de lui.

Il empeste l’alcool.

— Tu ne peux pas continuer à voir Mason.

Cette fois, c’est à mon tour de rire et je m’extirpe de son étreinte. Je ne sais pas pourquoi il est ici réellement et encore moins ce qui l’a poussé à boire plus que de raison, à cette heure-ci de la journée. Néanmoins, état second ou non, il est hors de question que je reste sans broncher.

— Tu n’es pas en position de m’ordonner quoi que ce soit. Pour qui tu te prends ? Franchement, quelle mouche t’a piqué ? Écoute, je suis vraiment désolée que cette nouvelle te choque à ce point, mais je ne compte pas arrêter de voir Mason parce que tu l’a décidé. Je suis bien, avec lui. Il me fait rire, me fait découvrir de nouvelles choses. Ne peux-tu pas être heureux pour moi ?

Il écoute mon laïus sans broncher, mais je vois bien son visage se fermer tout au long de celui-ci. Il est en colère et je pense ne l’avoir encore jamais vu dans un tel état de nerfs.

— Des choses illégales, Maddie ! Tu crois vraiment que tout ce qu’il possède lui provient de l’argent que papa et maman lui donne ?

Tout en parlant, il montre la maison d’un geste vague et ça a le don de me mettre encore plus en colère. Comment ose-t-il, non seulement venir me faire la morale, mais également manquer de respect à Mason dans sa propre maison ?

— Je pense que tu devrais t’en aller, dis-je d’un ton sec, que je n’ai encore jamais utilisé envers Jeremiah. Je n’ai plus du tout envie de discuter avec toi, surtout quand tu es dans cet état là.

Je commence à le conduire vers la sortie, sous l’oeil avisé de Jay, qui est couché dans un coin de la pièce, attentif à ce qu’il se passe malgré tout.

Mais Jeremiah ne se laisse pas faire et me déstabilise complètement lorsqu’il me lance :

— Tu ne m’aimes déjà plus. Ça a été rapide.

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Mais qu'arrive-t-il à Jeremiah ? Et c'est quoi, cette question à la fin ? 😳

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