Fyctia

Sa voix est maintenant moins dure, moins glaciale et tout aussi désespérée que la mienne.

— J’ai tout fait pour te tenir à distance et pour te protéger, parce que crois-le ou non, mais malgré les apparences, ces courses ne sont pas si safe que ça ! Tout le monde me connait, là-bas comme tu as pu le voir et je n’ai pas que des amis, dans cette industrie là ! Mes concurrents seraient prêts à tout pour me faire du mal et me nuire de quelconque manière que ce soit. Et toi, parce que tu te baladais avec ça, ce soir, leur a montré que je te connais et sans doute, que nous sommes intimes.

Il attrape le pan de sa veste, que je porte encore et pousse un nouveau soupir.

— Donc, tu dois partir, dès demain.

Tout se mélange dans ma tête et j’essaie de comprendre, d’assimiler tout ce qu’il vient de me dire.

— Je veux rester avec toi, réponds-je, dans un souffle brisé.

Il ferme ses yeux un instant, sourcils froncés, comme s’il souffrait intensément. Puis il rouvre ses yeux et me regarde.

— Non. Tu dois retourner à ta petite vie d’avant et oublier tout ça, d’accord ? Pour ton propre bien.

Je mords l’intérieur de ma joue, espérant que cela suffise à arrêter les larmes qui menacent de monter.

— Tu ne peux pas être le seul à prendre la décision. Ce n’est pas à toi de me dire ce qui est le mieux pour moi, Mason.

Ma voix, maintenant, a considérablement baissé en terme de son et j’ai presque l’impression qu’il va devoir tendre l’oreille pour m’entendre.

— Tu m’as embrassée. Pourquoi ?

Ses mâchoires se crispent et il détourne le regard.

— C’était une erreur. Tu étais déboussolée et j’ai voulu te consoler, je n’aurais pas dû.

Son excuse sonne tout aussi faux que le jeu d’acteurs d’une série Z. Je n’y crois pas une seconde et m’accroche à l’espoir qu’il dise ça pour me faire partir.

— Oh, donc tu as fait ça par bonté d’âme ? Par pitié, ne me ment pas.

Son regard se fixe sur le mien et le soutient pendant un temps qui me parait à la fois infini et bien trop court.

— Je ne mens pas, répond-il. Je t’ai embrassée parce que je le voulais, mais ça ne veut pas dire que ce n’était pas une erreur. C’était une mauvaise idée sur tellement de niveaux, on ferait mieux d’oublier que ça s’est passé.

Je ris jaune, heureusement habituée de voir mon coeur être piétiné, encore et encore.

— Wow… Donc, là encore, je n’ai pas mon mot à dire ? Ce que j’ai pu ressentir et que je ressens encore ne t’intéresse pas ?

— Tu ressens rien pour moi, Princesse. Tu t’es détachée de Jeremiah et ça te blesse, on vit ensemble et ça n’aide pas. T’es perdue et non seulement je n’ai pas envie de te mettre en danger, certes, mais je n’ai pas non plus envie d’être le pansement qui te servira le temps que tu guérisses de ton chagrin d’amour.

Qu’est-ce que c’est que ça, encore ?

Est-ce vraiment ce qu’il ressent ?

Là, j’ai l’impression que plusieurs pièces de puzzle se mettent en place et je comprends alors. Je peux enfin mettre des explications sur les agissements de Mason.

D’accord, il a agi étrangement par rapport aux courses et à l’univers un peu limite dans lequel il a l’air de baigner et dont je ne sais encore manifestement pas grand chose… mais d’un autre côté, il y a Jeremiah.

A-t-il vraiment pensé que j’ai accepté qu’il m’embrasse et que je me suis rapprochée de lui uniquement parce que je souhaitait passer à autre chose et me débarrasser de mes sentiments pour Jeremiah ?

Poussée à bout, je lui envoie un coup sur l’épaule, ce qui le surprend. Heureusement qu’il n’est pas encore monté sur les escaliers, car il aurait pu tomber en arrière, malgré le fait qu’il soit bien plus solide et que mon coup n’ait même pas dû lui faire mal.

— Eh ! Qu’est-ce qui te prends ?

— Toi, qu’est-ce qui te prends ? réponds-je, haussant de nouveau le ton. Qui es-tu pour oser spéculer sur mes agissements ! Tu me penses aussi vénale que ça ? Tu crois vraiment que je t’utiliserai pour passer à autre chose alors que je sais parfaitement ce que ça fait d’avoir le coeur en miettes ?

Là, je continue à le frapper légèrement, cette fois au niveau du torse.

— T’es vraiment un abruti !

Il attrape mes poignets avec douceur mais fermeté, pour que j’arrête et je l’en empêche pas. Mes bras retombent le long de mon corps et ses yeux contemplent les miens. Son visage a changé et il essaie de lire en moi, cette fois. Il essaie d’avoir la confirmation de mes propres réponses à ses questions, à ses craintes.

Je me rends alors compte qu’il était sans doute aussi perdu que je l’étais, ces deux dernières semaines.

Il était juste plus doué que moi pour le cacher.

— S’il te plait, supplié-je dans un murmure. S’il te plait, laisse-moi une chance ? Je sais bien que c’est compliqué et que les choses pourraient diamétralement changer, mais je suis déjà passée à côté de ça une fois et si ça devait recommencer, je pense que ça me…

Je ne peux pas terminer ma phrase car soudainement, la main de Mason glisse sur ma nuque et il se penche vers moi, avant que ses lèvres saisissent les miennes.

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Là, on peut dire qu'ils ont fait un pas de géant 🤣

TW pour le prochain chapitre : il y aura une scène 🌶️. Je ne sais pas encore si elle sera vraiment soft ou pas (je suis encore en train de l'écrire) mais un émoji sera mis dans le titre quoi qu'il arrive pour prévenir que la scène se trouve là).

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