Fyctia

Je vois ses doigts se crisper autour de la bouteille en plastique, qui crisse sous la pression et son regard froid se tourne enfin vers moi.

— Tu n’avais rien à foutre là-bas, en premier lieu. Qu’est-ce qui t’as pris, putain ?

— Evie m’a proposé que l’on vienne et qu’on s’amuse un peu. Tout allait parfaitement bien avant que ces types ne viennent nous aborder !

— Evie est peut-être habituée, mais pas toi. T’es une étrangère dans ce monde, et t’as rien à y faire. Comme tu as pu le voir, c’est dangereux. On est pas dans le monde des Bisounours ou dans tes films à l’eau de rose, là, Maddie.

L’entendre prononcer mon prénom montre à quel point il est sérieux, parce que ce n’est arrivé que deux fois depuis mon arrivée ici. Et étrangement, cela me met hors de moi, non seulement qu’il me fasse la morale, mais surtout qu’il m claque la porte au nez, comme ça.

Donc, je ne suis pas assez bien pour lui, pour son monde ?

Pense-t-il que je n’aurais pas la force de gérer ça ? Les facettes de lui, même celles qu’il considère comme les plus sombres ?

— Je ne sais pas pour qui tu me prends, Mason, mais arrêtes tout de suite de me considérer comme une petite chose fragile ! Je peux encaisser !

— Oh oui, tu avais l’air de foutrement bien te débrouiller, là-bas, lance-t-il avec ironie.

Puis il vient devant moi, saisit ma main et me la colle presque devant le visage. Là, je vois que mon poignet à pris une légère teinte violacée et les traces de doigts sont bien reconnaissables. Elles commencent déjà à apparaitre sur ma peau, signe que Clark a serré vraiment fort.

Je me tire de sa prise avec facilité, parce qu’il ne me tenait que très légèrement et lui lance un regard noir.

— Donc, c’est de ma faute si Clark a été brutal avec moi ? Je me suis défendue, je te signale et j’aurais continué à me défendre si tu n’étais pas arrivé !

— Peu importe. Demain, je vais appeler Alyson et lui dire de te trouver un autre logement. Tu ne peux pas rester ici.

Là, j’ai l’impression que mon coeur tombe au fond de ma poitrine, avant de se serrer douloureusement.

— Quoi ? Non, tu peux pas faire ça.

— Ah, tu crois ? demande-t-il en arquant un sourcil. Regarde-moi bien, alors. Je n’instaure pas beaucoup de règles ici, mais j’estime que le respect est fondamental. Je ne t’ai pas invitée à ces courses pour de bonnes raison et tu ne m’a pas écouté. Tu t’es mise en danger malgré mon interdiction, alors je préfères que tu t’en ailles, c’est tout.

Il passe à coté de moi et quitte la pièce, mais je ne compte pas lâcher l’affaire, excédée et à bout de nerfs.

Désespérée, peut-être, aussi.

— Non, mais tu t’entends parler ? Ce genre de chose aurait pu m’arriver littéralement n’importe où ! Ça n’a rien à voir avec toi !

Il s’arrête près des escaliers et je vois ses épaules se crisper.

— Tu portes ma veste.

— D’accord, je suis désolée, j’aurais dû te demander l’autorisation, ça te va ? C’est Evie qui m’a ordonné de la mettre avant qu’on parte, j’étais même pas d’accord pour le faire, de base alors ne t’en prends pas à moi pour ça.

Il pousse un soupir.

— Tu ne comprends rien, laisse tomber.

— Je ne comprends rien, parce que tu ne daignes pas m’expliquer, m’écrié-je en haussant le ton.

Je viens ensuite me planter devant lui, grimpant sur une des marches, pour être à sa hauteur.

— Explique-moi pourquoi, puisque tu as l’air d’avoir toutes les réponses ! Si tu ne voulais pas que je fasse partie de ton monde, alors pourquoi est-ce que tu m’as laissée vivre ici ? Pourquoi est-ce que tu m’as laissée me lier d’amitié avec Evie ? Pourquoi est-ce que tu m’as laissée retourner au garage ? Et cette veste, qu’est-ce qu’elle a de si important ? Je veux me rapprocher de toi, mais tu ne fais que me repousser depuis deux semaines et c’est épuisant, Mason !

Là, les vannes sont ouvertes et il laisse tout sortir, comme je l’ai fait. Ses mots résonnent alors dans la cage d’escalier, puis dans le couloir :

— J’ai été con, ok ? Je n’aurais jamais dû te laisser rester, et je le sais bien. Mais t’étais différente et pour la première fois, j’étais à l’aise à l’idée d’avoir quelqu’un pour me tenir compagnie, ici. Sauf que ce n’était pas prévu, que tu te rapproches de moi, et moi de toi ! Nous étions censés nous détester cordialement, faire deux trois trucs pour Alyson et Jeremiah jusqu’au mariage, et basta ! Mais non, il a fallu que tu sois si…

Il ne termine pas sa phrase, mais me montre un léger geste de la main, de haut en bas de mon corps, avant de poursuivre :

— Et il a fallu que aimes mes amis, que tu me fasses parler de moi et que tu me pousses malgré toi à m’intéresser à ta vie, à toi tout court !

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Et bah voilà ! Là ça communique ! Et pas qu'un peu, en plus ? 😏

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