Fyctia

Je m’excuse donc également auprès de Jer’ et Alyson, avant de suivre Mason, qui est déjà en train d’emprunter les escaliers.

— Je suis désolée, dis-je une fois que nous sommes de nouveau dans la suite. J’aurais dû penser à Jay. Nous n’aurions peut-être pas dû venir ?

— T’inquiète, Baby Doll, dit-il en commençant à réunir les quelques affaires qu’il a laissées par ci par là, dans la pièce. C’est juste que nous avons un peu de route devant nous et j’aimerai bien faire un crochet par le garage après t’avoir déposé à la maison.

À la maison.

Pourquoi est-ce l’entendre dire ces mots provoque soudainement comme un lâché de papillon dans mon ventre ?

— Ne pourrais-je pas venir au garage avec toi ? Ça t’éviterai de faire des allers-retours inutiles ? Promis, je serai sage comme une image.

Il coule un regard vers moi en bouclant son sac et esquisse un sourire.

— Tu me promets de ne pas fourrer ton nez partout et de rester là où je te demande de rester ?

— Parole de scout, réponds-je en faisant le salut appartenant au dit groupe.

Ça l’amuse et il me demande de prendre mes affaires, ce que je fais sans broncher. Mon côté du lit donne sur les larges fenêtres et avant de descendre prendre le petit déjeuner, j’ai ouvert les rideaux afin de laisser entrer les rayons du soleil dans la pièce. Mes vêtements de nuit à la main, je risque un regard vers l’extérieur, histoire de profiter de la vue des jardins une dernière fois et voit un couple marcher près des arbres fruitiers.

Je reconnais d’ici la tignasse de Jeremiah et ne peut m’empêcher de m’approcher, mon corps touchant presque la vitre. Alyson et lui avancent, main dans la main. Ils suivent Joanne, qui est quelques mètres devant eux, tout en parlant et en faisant de grands gestes. J’imagine qu’elle est en train de leur parler de l’histoire du domaine, mais je ne reste que très peu concentrée sur elle. Mes yeux sont plutôt rivés vers le joli couple que forme Jeremiah et Alyson. Ils se murmurent des choses à l’oreille de l’autre, se sourient et, bien qu’ils soient loin, je peux deviner leurs regards éperdus d’amour.

Pourtant, j’ai déjà assisté à ce genre de scène. J’ai déjà accusé les coups, pas plus tard qu’il y a quelques jours, mais là, je suis touchée de manière diamétralement différente. Je vois mon ami s’éloigner de moi et, étrangement, j’ai l’impression que mes sentiments, partent avec lui. Autrefois et pendant longtemps, c’est une partie de mon coeur qui était avec lui, surtout quand il était à des milliers de kilomètres… là, mon coeur, bien que serré, reste étonnamment intacte.

Seule une impression d’intense nostalgie me gagne, m’enjoigne et enserre ma poitrine.

Et, avant que je ne m’en rende compte, je me met à pleurer. Les larmes, silencieuses et dépourvues de sanglots, dévalent mes joues et s’échouent sur le sol à une vitesse vertigineuse.

Soudain, ma vue est cachée. Mon corps amené contre un autre. Mon dos se cogne doucement contre un torse puissant et sa chaleur m’atteint, même au travers des couches de vêtements. La main de Mason se pose doucement sur mes yeux et sa voix, grave et basse, murmure :

— Ne regarde pas.

Je ris, malgré les larmes et mes doigts viennent s’enrouler autour de son poignet. Pourtant, je ne retire pas sa main. Elle me rassure, de même que sa présence, tout contre moi.

— Je vais bien, réponds-je, d’une voix un peu étranglée.

— C’est moi… tu n’as pas besoin de cacher ce que tu ressens.

Le savoir prêt à me consoler et me comprendre me fait même pleurer un peu plus. Les sentiments contradictoires déferlent en moi, comme hier, comme ce matin mais les extérioriser me fait tellement de bien !

Je caresse l’intérieur de son poignet de mon pouce et dit :

— J’ai accepté. Je viens tout juste de dire au revoir. C’est pour ça que je pleure.

Au revoir à mon amour pour Jeremiah.

Au revoir à ces sentiments, qui m’ont à la fois apporté bonheur et malheur intense.

Au revoir au fantasme que je me faisais d’une relation avec Jer’, bien que c’était impossible.

Au revoir, à tout, pour ne garder que les souvenirs là où ils devraient être : dans le passé.

Mason reste contre moi, garde sa main contre mes paupières close, pendant un long moment. Il attend que les larmes s’arrêtent de couler pour enfin baisser son bras, mais sa main attrape la mienne et nos doigts s’entremêlent.

Pourtant, je refuse d’ouvrir les yeux, si c’est pour les reposer vers l’extérieur. Je refuse d’ouvrir les yeux, parce que je me sens bien dans la bulle, dans laquelle je suis maintenant enfermée. Je viens appuyer ma tête contre son torse et il vient caresser mes cheveux de sa main libre, puis descend sur ma joue, dont il chasse les larmes qui restent encore, les quelques survivantes. Ensuite, il saisit délicatement mon menton et relève ma tête avec douceur. Là, mes yeux s’ouvrent et je tombe sur son regard. Identique à celui qu’il avait hier soir, j’ai l’impression d’être à la fois happée par celui-ci mais également de faire une chute vertigineuse.

Son visage s’approche du mien. Mon souffle se coupe, mon coeur battant délicieusement vite dans ma poitrine et bientôt, mes yeux se ferment de nouveau. Ses lèvres viennent frôler les miennes, une nouvelle fois.

La seule différence, c’est que maintenant, personne ne ne interrompt. Il m’embrasse, d’abord légèrement. Puis le baiser se fait plus appuyé, plus intense.

Notre position n’est pas idéale et encore moins habituelle, mais je ne peux pas moins m’en soucier.

La seule chose qui compte, c’est Mason. Mason et mon envie qu’il m’embrasse, encore et encore.

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AAAAAH, le baiser, enfiiiiiiin ! Qui avait hâte, ici ?! 😍

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