Fyctia

— Je suis désolée, dis-je. Pas pour ce que j’ai dit, mais la manière dont je l’ai fait.

Je ne vais pas revenir sur mes propos, puisque je les ai pensés et les assume. Mais il est clair que j’aurais pu être plus diplomate.

— Donc, tu penses qu’Alyson me manipule ?

Le ton de sa voix n’est en rien accusateur, il a juste l’air curieux.

— Je n’irais pas jusque là, et puis je la connait peu. Je ne me permettrais pas de la juger à ce point, mais… disons qu’elle a des idées bien arrêtées concernant les amis de Mason et qu’elle a totalement le droit de penser ce qu’elle veut. Je ne veux juste pas qu’elle t’influence là-dessus, parce que tu devrais pouvoir te faire tes propres idées à leur propos.

Voilà, c’est comme ceci que j’aurais dû amener les choses, hier soir !

— Je vois, répond-il en fourrant ses mains gantées dans ses poches. Je pense que je comprends ton point de vue.

— Vraiment ?

Il opine, ses yeux rivés vers l’horizon. Le bout de son nez est rouge, ainsi que ses joues, la teinte ressortant encore plus à cause de son teint pâle. J’esquisse un sourire, amusée, le trouvant mignon.

— Oui, dit-il. Tu as raison, je n’aurais pas dû la juger aussi vite sur son apparence ou son passé. Je ne la connait pas, pas plus que tu ne connais Alyson alors si je te jurais de lui laisser le bénéfice du doute, pourrais-tu en faire de même ?

Là, il plante de nouveau son regard dans le mien.

— Peux-tu faire un petit effort avec elle et essayer de l’accepter ? Elle compte beaucoup pour moi, et toi aussi tu comptes beaucoup. Ça me ferait du mal que ma meilleure amie et ma future femme ne s’entendent pas.

Et me faire du mal à moi depuis le début, ça ne compte pas ?

Non, Maddie. Tu ne peux pas lui en vouloir pour quelque chose qui n’est même pas sous son contrôle !

Je décide donc de ronger mon frein, comme je le fais depuis qu’il m’a annoncé la « bonne nouvelle » et répond par un faible hochement de tête.

— D’accord. Je vais faire des efforts, c’est promis.

Il sourit et je sens d’ici comme un poids se retirer de ses épaules. Tant mieux, qu’il se sente plus léger ! Est-ce mon cas ?

Pas vraiment, non.

Mais je décide de ne rien montrer, comme toujours et souris à mon tour. Il retire une de ses mains de sa poche et me tend son petit doigt.

— Meilleurs amis à nouveau ?

Je ne peux m’empêcher de rouler des yeux, amusée par son enfantillage. Mais cela ne m’empêche pas de nouer mon auriculaire au sien.

— On a jamais cessé de l’être, idiot.

***

J’ignore combien de temps Jeremiah et moi passons dehors, à parler de tout et de rien. Il me demande des nouvelles de mes proches, de mon boulot malgré le fait que je sois loin de chez moi et de la boutique. Même si nous avons commencé à rattraper le temps perdu le lendemain de mon arrivée, ce n’est pas la même chose. Les choses, la dynamique entre nous a changé, en l’espace de quelques jours. Pourtant, nous nous mettons à marcher, à arpenter les jardins, allant même jusqu’à nous remémorer des souvenirs de collège et de lycées. Souvenirs enfouis depuis longtemps, que nous remettons sur le tapis après avoir parlé de la prochaine réunion des anciens élèves. Celle-ci devrai avoir lieu un peu plus tard dans l’année et il me demande si j’irai.

Sans doute que oui, parce que ce serait sympa de revoir mes ancien camarades de classes. Jeremiah me confie qu’il fera tout pour être des nôtres et je sens surtout que c’est pour pouvoir parader devant tout le monde avec sa femme, oui ! Lorsque je lui fait d’ailleurs la réflexion, il éclate de rire et me pousse affectueusement. En réponse, je lui saute sur le dos et, hilare, il me porte comme ça, sur quelques mètres, en direction du cottage.

À l’intérieur, nous retrouvons Alyson et Mason. Ils sont en train de discuter, une tasse d’un liquide chaud et fumant à la main. Il s’arrêtent en nous entendant arriver, nos rires venant emplir la pièce. Mes bras se décrochent du cou de Jeremiah et il lâche mes jambes avec délicatesse pour que je n’atterrisse pas trop brutalement au sol.

— Eh bien, on dirait que les choses vont mieux entre vous, observe Alyson, ravie. On vous voyait pas revenir, on a pensé que vous étiez en train de vous entretuer. Ou de mourir de froid telles des stalagmites, au choix !

Jeremiah retire son gros manteau, ainsi que son bonnet et confirme que tout va bien entre nous, qu’il en faudra bien plus qu’un petit conflit pour briser notre lien, reprenant presque mot pour mot ce que j’ai dit plus tôt à Mason.

Parlant de Mason, il garde une expression indéchiffrable depuis que nous sommes arrivés et ses yeux sont fixés sur le feu brûlant dans la cheminée, avant de se lever vers moi.

— J’attendais que tu reviennes pour qu’on puisse s’entretenir avec les propriétaires du cottage, pour le mariage, explique Alyson à Jeremiah.

Je ne sais pas ce que répond mon ami, bien trop absorbée par le regard de Mason. Que peut-il bien penser ? Pourquoi garde-t-il cet air neutre, soudainement ? Puis il se lève du sofa d’un mouvement souple, tel un chat - ironique, n’est-ce pas ? -, avant de déclarer :

— De notre côté, nous devons aller récupérer nos affaires et y aller. Puisque vous êtes là, autant que nous prenions la route.

— Vraiment ? Vous ne voulez pas rester avec nous, au moins pour partager le repas de midi ? s’enquit Jeremiah.

Mason ne lui accorde pas le moindre regard, ce qui me surprends, mais il lui répond, tout en s’éloignant :

— J’ai du boulot qui m’attends et j’aimerai bien m’assurer que mon chien ne se dise pas que je l’ai abandonné.

Là-dessus, je ne peux que comprendre. Je n’ai pas pensé aux conséquences que la séparation entre Jay et lui pourrait avoir, surtout vu le passé de Mason.

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Bah alors Mason, c'est quoi cette réaction ? 😏

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