Fyctia

— Alyson m’a appelé.

Je ne suis pas surprise, puisque Jer’ et elle comptent venir prendre la relève. Mais il est vrai que je ne l’ai pas mis au courant, hier soir. Ce détail m’est sorti de la tête.

— La dispute était si violente que ça ? poursuit-il, en levant un sourcil.

Je m’éloigne pour arpenter la terrasse. De jour, les jardins sont encore plus beaux que de nuit. On dirait presque un décor de film, cosy et bucolique. Sans avoir besoin de me retourner, je sais que Mason me suit, sa présence familière m’entourant.

— Qu’est-ce qu’elle a bien pu te raconter ?

— Elle est inquiète. Jeremiah était plutôt déboussolé, après que vous ayez raccroché, mais il a refusé de lui en parler, hormis pour lui dire qu’ils doivent venir visiter le cottage à notre place. Au moins, elle en savait plus que moi.

— Désolée, soufflé-je en resserrant ma veste autour de moi. Ce n’était pas si pire, il a pris la mouche, c’est tout. Mais j’aurais effectivement dû te mettre au courant.

Mason arrive près de moi et retire son éternelle veste en cuir, qu’il dépose sur mes épaules, tout en parlant :

— C’est pas ça qui me dérange, Princesse. Je m’en cogne qu’ils débarquent, c’est le reste qui m’importe. T’étais dans un état pas possible hier soir, et bien évidemment que je savais quelle en était la cause, mais j’étais loin de me douter que c’était à ce point.

J’accepte le geste, glissant mes bras dans les manches. Le vêtement est bien trop large pour moi et je suis sûre que de loin, on pourrait penser voir une gamine portant les vêtements de son père ou de son grand frère.

— Ne dramatise pas, le rassuré-je, ce n’était qu’une prise de tête comme en connaissent tous les amis. C’est gentil à toi de t’inquiéter, mais il suffit que Jeremiah et moi discutions un peu, histoire de régler ça et tout rentrera dans l’ordre. Nous avons perdu notre sang froid, ça arrive.

Du moins, je l’espère. J’espère que nous n’allons pas jeter plus de vingt quatre ans d’amitié à la poubelle pour des choses si futiles.

— Toi et moi multiplions les disputes et regarde nous ! renchéris-je avec un sourire mutin.

Mason garde le silence, se contentant de me fixer longuement, avant que son propre sourire ne vienne faire ressortir les petites fossettes dans le creux de ses joues.

Soudain, son attention est happée par quelque chose se trouvant derrière moi. Son visage se ferme un peu et il fait un petit geste de la tête, m’indiquant la direction.

— Tiens, quand on parle du loup…

Surprise, je fais volte face et voit mon meilleur ami entrer arriver, suivi de près par Alyson. Ils portent tous les deux des tenues assorties, on dirait. Il sont vêtus comme s’ils allaient au ski, avec de grosses doudounes et des bonnets surmonté d’un pompon, ainsi que des gants.

Mais ce n’est pas ce détail, qui me chamboule le plus.

D’ordinaire, lorsque Jeremiah entre dans mon champ de visions, mon coeur se met à battre plus vite et une douce chaleur envahit mon ventre. Mais aujourd’hui ? Rien.

Je ne ressens que le regret d’avoir été aussi désagréable, hier soir.

Ils nous repèrent rapidement et arrivent à notre hauteur, un peu trop vite à mon goût. Maintenant, l’ambiance est tendue, mais certainement pas pour les mêmes raisons !

— Vous êtes là ! déclare Alyson, grimaçant lorsqu’elle se rend compte que son souffle laisse échapper de la fumée de sa bouche lorsqu’elle parle. On vous a cherché partout dans cette maison ! D’abord, nous avons pensé que vous étiez déjà parti, mais la voiture de Mason est encore sur le parking, donc…

Un lourd silence se tasse entre nous et le regard d’Alyson passe sur Mason, puis sur moi avant de se fixer sur Jeremiah et elle pousse un soupir.

— D’accord, puisqu’aucun de vous n’avez l’air prêt à faire le premier pas !

Elle met sa main dans le dos de Jeremiah et le pousse gentiment dans ma direction, avant de venir attraper le bras de Mason.

— Mase et moi allons causer à l’intérieur et vous, vous allez rester ici à vous geler les miches jusqu’à ce que l’abcès soit crevé !

Mason n’a pas son mot à dire et suit sa soeur de bonne grâce, non sans couler un dernier regard vers moi.

Maintenant seule avec Jeremiah, je me surprends à ne pas savoir quoi faire. Nous restons plantés là, devant les jardins de ce magnifique cottage et avons même du mal à nous faire face.

— Je… disons-nous finalement en choeur.

Je lève mes yeux vers lui et il en fait de même. Puis, après avoir fait comme un bataille de regarde pendant quelque secondes, nous pouffons de rire en même temps.

L’atmosphère se fait alors un peu plus légère, et ce malgré la tension et le froid environnant.

— Toi d’abord, propose-t-il poliment.

Cette voix douce m’a souvent rendue toute chose. M’a souvent fait chaviré et a accompagné mes rêves, pendant des années. Alors pourquoi est-ce qu’elle sonne maintenant moins comme une mélodie à mes oreilles ? Je l’aime encore, bien sûr mais…

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Maddie et Jeremiah vont-ils arriver à régler les choses entre eux ?

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