Fyctia

— Alyson voulait simplement faire ta connaissance, parce que je lui ai beaucoup parlé de toi, c’est tout. Tu n’as pas le droit de la dénigrer de cette façon. Surtout que tu lui as fait faux bond pour l’essayage de la robe alors qu’elle avait vraiment hâte de vivre ça avec toi.

— Oh, mon dieu, Jer ! Tu étais là quand nous avons eu cette conversation et tu sais pourquoi je n’ai pas pu me rendre à ce stupide essayage ! Je ne la dénigre pas, j’expose les faits. Je te dis simplement ce que je ressent. Tu ne m’as jamais parlé d’elle avant, est-ce que tu as la moindre idée de ce que j’ai pu vivre quand tu m’as annoncé que tu allais te marier ?

— Eh bien j’ai eu l’audace de penser que tu serais heureuse pour moi.

— Je le suis autant que tu l’aurais été si les cas avaient été inversés. Ne sois pas hypocrite au point de dire que tu ne m’en aurais pas voulu de ne pas avoir partagé toutes ces informations avant.

Un ange passe.

Le silence entre nous est pesant, la tension palpable.

— Tu sais quoi, nous allons nous débrouiller. Je vais en parler avec Alyson ce soir et demain matin, nous viendrons nous-même visiter le cottage. Si tu pouvais m’envoyer les photos que tu as prises aujourd’hui, ce serait sympa.

Son ton sec me glace le sang. Il nous est arrivé de nous prendre la tête, durant toutes ces années d’amitié. Mais à ce point ? Au point de nous parler de la sorte ? Jamais.

— Jeremiah…

— Je n’ai vraiment plus envie de t’écouter pour l’instant, Maddie. On se voit demain. Ou pas, si vous êtes déjà partis quand nous arriverons.

Il pousse un profond soupir et poursuit :

— Tu dis que j’ai changé… mais c’est le cas pour toi aussi. Moi non plus, je ne te reconnais plus.

Il me lance un vague « bonne nuit » et raccroche avant même que j’ai le temps de dire quoi que ce soit. Là, toute ma colère se mute en quelque chose de plus horrible encore. Je suis comme paralysée, transie de froid alors que mon corps ne tremble pourtant pas. Mon coeur bat fort, ma gorge se serre et j’ai l’impression que je n’arrive plus à respirer. Je reste ainsi là, au beau milieu de la chambre et essaie vainement d’assimiler ce qu’il vient de se passer.

Comment les choses ont-elles pu escalader aussi vite ?

Comment avons nous pu rire ensemble et la seconde d’après nous dire des choses pareilles ?

Finalement, je sors de ma torpeur lorsque j’entends le verrou de la porte de la salle de bain cliquer doucement, signe que Mason a fini qu’il va revenir dans la chambre d’une seconde à l’autre.

Je prends de grandes inspirations et glisse mon téléphone dans la poche arrière de mon jean, et Mason apparait enfin. Il s’est changé pour une tenue plus confortable. Ce n’est certainement pas celle qu’il compte porter pour dormir, comme nous allons descendre prendre un repas avant de nous coucher.

Son regard trouve immédiatement le mien et il arque un sourcil.

— Tout va bien, Princesse ?

Je reprends contenance, sa présence me forçant à garder la face. Je n’ai pas envie qu’il me voit à nouveau vulnérable, comme ça a été le cas il y a seulement quelques jours. Il est hors de question que je pleure et que je m’effondre une fois de plus devant lui. Surtout qu’il risque de poser des questions, et je n’ai pas tellement envie qu’il sache ce que j’ai dit à propos de sa soeur. Un homme de mon entourage sérieusement en colère contre moi ça me suffit.

— Bien sûr, dis-je d’une voix un peu trop étranglée à mon goût. Pourquoi ça n’irait pas ?

— T’as vu la tête que tu tires ? On dirait que tu viens d’apprendre que Babine est mort.

— Mon chat s’appelle Moustache, et tu le sais !

Il sourit, malicieux.

— Ah, revoilà ma Princesse.

Je comprends alors qu’il fait ça exprès pour m’embêter. Pas pour me vexer, mais pour me taquiner, comme il le fait toujours.

— Ce que tu peux être gonflant…

— Bon, on va manger ? J’ai la dalle, j’ai quasiment rien avalé de la journée, dit-il, m’ignorant royalement.

Il quitte la chambre le premier et je décide de laisser mon téléphone ici. Je le retire de ma poche et le laisse tomber sur le lit.

Je ne sais pas si Mason a entendu notre conversation, mais si c’est le cas, il ne le montre pas. Il avait mis de la musique, après tout. Quand bien même, j’apprécie le fait qu’il ne m’interroge pas et qu’il passe à autre chose.

Là, tout de suite, s’il y a bien une chose dont je n’ai pas envie, c’est de parler de Jeremiah.

Je ne veux même pas avoir à penser à lui.

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Outch, il y a de l'eau dans le gaz entre les deux amis d'enfance ! 😭

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