Fyctia

Celle-ci est beaucoup plus vaste que ce que j’aurais cru. Nous sommes loin d’une décoration kitsch comme on en voit parfois dans les films. Au contraire, c’est chaleureux, doux. Il y a un grand lit deux places, ainsi qu’une petite table ronde entourée de deux fauteuils qui ont l’air bien confortables. Au mur face au lit, est fixé un écran plat qui est éteint, présentement. Sur le lit impeccablement fait, des pétales de roses ont été disposées et je dévisage Mason, sceptique, un des pétales entre les doigts.

— Je rêve où elle nous a donné la suite nuptiale ?

— Qu’est-ce que tu croyais ? On est censés être sur le point de se marier, évidemment qu’ils allaient sortir le grand jeu.

— Mmh… Je prends le lit, tu peux dormir sur un des fauteuils si tu veux.

Je m’esclaffe presque en voyant ses yeux en amande s’écarquiller. On dirait un personnage de dessins animés !

— Hein ? Et pourquoi ce serait toi qui dormirait dans le lit ?

— Parce que tu as voulu venir ici trop tôt et tu as menti en disant que nous étions un couple ! Ça s’appelle le karma.

— Il n’est pas question que je dorme là dedans !

Excédé, il montre l’un des fauteuils du doigt.

— Très bien, t’es pas obligé… Tu peux tout aussi bien dormir par terre, c’est toi qui voit. Le tapis n’a pas l’air aussi agréable, mais, c’est de ton dos qu’il s’agit.

— Je ne vais pas non plus dormir sur le sol, alors que le lit est immense, se plaint-il.

J’ouvre ma bouche pour lui répondre, quand mon téléphone se met à sonner. C’est Jeremiah.

Un sourire nait sur mes lèvres et je réponds immédiatement.

— Salut, Jer’.

Je vois Mason rouler des yeux et poser son sac sur le lit, l’ouvrant pour en sortir des affaires de toilettes.

— Je n’ai pas encore eu de nouvelles, je commençais à m’inquiéter.

— Oui, désolée, on a eu comme un changement de plan.

Je lui explique vaguement la situation, sans pour autant lui raconter le petit stratagème utilisé par Mason lors des visites. Pendant ce temps, celui-ci disparait dans la pièce adjacente à la chambre, que je devine être la salle de bain. A bout de quelques secondes, de la musique perce à travers la porte et je m’assoit sur le lit.

— Donc, le premier endroit ne t’a pas plu ? s’enquit Jeremiah une fois que je lui ai tout expliqué.

— Ce n’est pas ça, c’est juste que c’est si extravagant… tout dépend de ce que vous voulez. Dès que je peux, je te fais parvenir les photos.

— D’accord… donc, tu es seule avec Mason dans cette chambre ?

— Oui, soupiré-je.

— Ça va aller ? Tu peux toujours aller demander à l’accueil s’ils n’ont pas une chambre supplémentaire, si tu n’es pas à l’aise à l’idée de rester avec lui ?

Non, parce que cet abruti nous à fait passer pour un couple !

— T’inquiète, je gère. Je me suis habituée à sa présence, maintenant, on va dire.

Jeremiah rit à l’autre bout du fil.

— Je suis content que vous vous entendiez bien. Je sais qu’il n’est pas des plus facile à gérer.

— Pas plus que toi, réponds-je, pour le taquiner.

— Eh ! Qu’est-ce que c’est censé voir dire ?

— Que parfois, tu es aussi pénible que lui !

Nous rions et mettons un peu de temps avant de recouvrer notre sérieux.

— Tu sais… fais tout de même attention. Avec Mason, je veux dire.

— Pourquoi ?

— Ses fréquentations ne sont pas des plus géniales. Tu as rencontré Evie, tu as bien dû t’en rendre compte.

Il est clair que Jeremiah et moi n’avons jamais eu dans notre entourage des personnes qui ont porté d’aussi lourds bagages que les amis de Mason. Mais est-ce une raison pour les juger aussi lourdement ?

— Est-ce que tu as déjà eu une conversation avec Evie ?

— Non, mais Alyson dit que…

— J’en ai rien à foutre, de ce que Alyson dit ou pense, Jer.

Sans pouvoir m’arrêter, j’explose. C’est plus fort que moi.

— Maddie ! s’exclame-t-il, sans doute choqué que je jure.

Ou que j’ose m’opposer au jugement de sa précieuse fiancée ? Non, cette fois, je ne peux tout simplement pas laisser passer. Elle lui a déjà assez manqué de respect, devant moi qui plus est !

— Arrête de la défendre, Jer’, par pitié, réponds-je sur le même ton. Qu’est-ce qu’il te prend de juger quelqu’un sans connaitre, et surtout d’écouter les autres avant de te faire ton propre avis sur une personne ?

— Ce n’est pas ce que je voulais dire, et tu le sais…

— Justement, Jeremiah. Ce n’est pas le cas.

Je me lève, comme montée sur ressorts et me met à faire les cent pas dans la pièce.

— J’ai sérieusement l’impression de ne plus savoir qui j’ai en face de moi lorsqu’on se parle. Tu laisses Alyson s’imposer à moi, tu me demandes du jour au lendemain de venir ici et on ne se voit quasiment jamais, tu te mets à critiquer ouvertement des personnes à qui tu n’as jamais adressé la parole. Ça, ce n’est pas toi, Jer. Ce n’est pas le Jer que j’ai toujours connu.

—… Peut-être que j’ai changé, effectivement. Et je suis désolé que ça te déplaise, Maddie.

Je pousse un soupir, pinçant l’arrête de mon nez de ma main libre. Le discussion est en train de tourner au vinaigre et je n’aime pas ça.

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Aïe aïe aïe !

On dirait que tout est sur le point de partir en vrille !

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