Fyctia

Sans m’en rendre compte, je m’approche de la rangée de voitures la plus proche et regarde celles-ci avec le plus grand intérêt. J’ai presque envie de prendre des photos pour les envoyer à mon père, mais je m’abstiens. Je n’avais déjà pas le droit de sortir de celle de Mason !

— Maddie ?

La voix derrière moi me fait faire un bond et je me demande comment je fais pour ne pas encore être décédé d’une crise cardiaque, à l’heure qu’il est ! Mon coeur doit être plus solide qu’il n’y parait…

Je me retourne et tombe sur Evie. Les mains sur ses hanches, elle me dévisage, un grand sourire ravi aux lèvres. Toujours vêtue d’une tenue beaucoup trop légère, elle s’approche finalement et vient me prendre dans ses bras en une étreinte d’ours, ce qui me coupe le souffle.

— Je ne savais pas que tu serais des nôtres aujourd’hui ! Mase s’est enfin décidé à te faire visiter le garage ?

— Pas exactement. Il y a un soucis, je crois et il a tenu à ce que je vienne… mais m’a demandé de rester là.

Avec une moue contrite, elle roule des yeux et balaie a réponse d’un vague geste de main.

— C’est un idiot, tu ne vas tout de même pas rester là à regarder l’herbe pousser ! Allez, viens avoir moi, je vais te montrer le coin.

Elle attrape ma main. Quelle est cette manie pour les gens de cette ville, de m’attraper comme ça, sans prévenir ? Je me laisse pourtant conduire et elle prend la direction opposée à celle de Mason. Elle nous fait rentrer dans le bâtiment et tout de suite, je remarque qu’il fait beaucoup plus chaud à l’intérieur, ce qui pourrait expliquer les vêtements d’Evie.

C’est un garage tout ce qu’il y a de plus classique… excepté qu’il est immense, et magnifique. Tout est épuré, luxueux. Quelques personnes sont en train de travailler sur des voitures et ils portent tous la même tenue, sobre et de couleur noire.

— Alors là y’a une partie des gars, m’indique Evie en continuant de marcher dans l’allée principale, qui est bordée de voitures toutes plus belles les unes que les autres. Lui c’est Ronnie, lui Matthew et les deux qui tirent au flanc là bas, dans le coin de la pièce, c’est Henry et Grant.

Les hommes, en entendant leur prénom, lèvent les yeux vers nous et je me sens soudainement mal à l’aise, comme c’est toujours plus ou moins le cas quand l’attention est trop centrée sur moi.

— Bonjour, dis-je timidement.

Il me répondent par un signe de tête, accompagné d’un sourire, mais ont tout de même l’air de se demander qui je suis et ce que je peux bien faire là.

D’ailleurs, moi aussi je me pose la question !

J’étais sortie pour aller prendre des photos et me détendre, à la base.

Les dénommés « tires au flanc », quittent leur planque et s’approchent de nous. Ils se ressemblent tellement que l’on dirait des jumeaux - peut-être qu’ils le sont - avec leurs cheveux blonds, leur nez retroussé et leurs lèvres fines. Ils ont des tâches de rousseur sur les joues et si l’un a une barbe naissante, l’autre est totalement imberbe. C’est d’ailleurs la seule manière que j’ai pour les différencier.

— Pourquoi t’es vache avec nous comme ça ? demande le prénommé Grant, en mettant une main sur son torse, comme si Evie venait de lui briser le coeur.

— Parce que ça fait des heures que vous êtes sur cette Bentley et que vous n’avez pas avancé d’un pouce. Croyez pas que je vous voit pas.

— Bon sang, depuis que tu te tapes le patron, t‘es vraiment devenue une harpie, répond Henry.

Cette remarque lui vaut les foudres de Evie, qui s’abattent sur lui en une succession de cou sur le torse, les épaules et l’arrière du crâne.

— Désolé pour eux, ils ont été mal élevé.

Là, je remarque que l’homme qu’elle m’a présenté comme étant Ronnie, se tient tout près de moi, à ma droite. Je ne l’avais pas entendu arriver, trop occupée à regarder le spectacle, impuissante. Il fait une tête de plus que moi, si bien que je lui arrive aux épaules. Épaules qui d’ailleurs, sont très larges et moulées sous son t-shirt. Il est plus vieux que les autres personnes présente, il a l’air d’avoir la quarantaine et au beau milieu de sa tignasse châtain, quelques cheveux blancs ont élu domicile.

— Tu es une amie d’Evie ? On ne t’a jamais vue par ici.

— Oh euh, non… En fait, je suis-

— Elle est avec Mason, répond Evie pour moi.

Elle est en train de faire une clef de bras à un Henry en traine de se débattre comme un ver au bout d’un hameçon, sous les rires de son frère.

— Avec Mason ? s’étonne Ronnie. Tiens donc.

Il pouffe de rire, comme si l’information l’amusait grandement, tout en le surprenant.

— Je ne suis pas avec lui. J’habite juste dans sa maison temporairement et…

— Tu vis avec lui ?

Là, Ronnie éclate de rire et pose une large main sur son estomac.

— Il t’as laissée entrer et tu es encore en vie ? Wow, tu dois sacrément lui plaire !

— Arrête de lui dire des trucs comme ça, le rabroue Evie en lâchant Henry. Tu vas la faire flipper, la pauvre. Elle va croire que Mason est un psychopathe, et puis ce n’est pas comme si nous n’étions pas tous déjà allés chez lui, en plus.

Il lui lance un regard désabusé.

— C’est sûr, mais nous n’avons jamais mangé chez lui ou dormi sur place. Il se démerde toujours pour nous faire rester le moins de temps possible et surtout, surtout…

— Nous n’avons pas le droit de mettre les pieds à l’étage, disent toutes les personnes présentes dans la pièce, excepté moi, en choeur.

Je suis surprise d’apprendre ça, car, même dans nos plus mauvais moments, Mason n’a jamais exprimé le souhait de me voir partir. Ni le premier jour ni maintenant. Depuis le début, c’est surtout moi qui voulait m’en aller, avant de changer d’avis, poussée par Jeremiah. Peut-être se sent-il obligé face à Alyson, tout comme le fait de vouloir m’accompagner en balade aujourd’hui ? Peut-être craint-il les remontrances de sa soeur s’il ne m’offre pas l’hospitalité ? Quelle que soit la raison, c’est tout de même surprenant d’entrevoir cette facette là de Mason.

--

Mason est beaucoup, beaucoup plus compliqué que ce qu'on pensait, n'est-ce pas ?! 😊

Pour retrouver toutes les news, fiches de personnages et quelques exclus sur le roman, c'est sur Instagram que ça se passe ! : @adelinegeorges.auteure !