Fyctia

— ddie… Maddie ?

La voix de Jeremiah me parvient de loin et je me rends compte que j’ai écarté malgré moi, mon téléphone de mon oreille.

— Maddie, t’es encore là ? Allô ?

Fébrile, je porte mon téléphone à mon oreille et l’inconnu de l’aéroport et moi nous exclamons à l’unisson, à nos interlocuteurs respectifs :

— Je te rappelle plus tard.

Puis nous raccrochons, sans nous quitter une seconde du regard. En haut, le chien est encore en train de s’époumoner.

— Donc, commence-t-il finalement en rangeant son téléphone dans la poche arrière de son jean sombre. C’était toi, la petite protégée de l’autre idiot.

L’autre idiot ?

Je me ressaisis et lui lance un regard noir, ce qui ne l’impressionne pas une seule seconde, car le même sourire narquois qu’il arborait à l’aéroport s’affiche sur ses lèvres.

— Jeremiah n’est pas un idiot, réponds-je avec force, et je ne suis pas sa protégée, je suis son… je suis son amie.

— Mmh. Il a pas arrêté de déblatérer sur toi à ma soeur, ces derniers temps. Tellement que j’ai eu l’impression qu’il était déjà casé et que Alyson était sa maîtresse.

Je sens bien que ses mots ont pour but de me toucher, ou de faire passer Jeremiah, que manifestement il ne porte pas dans son coeur, pour le pire des connards. Dommage pour lui, il en faut beaucoup plus pour me faire sortir de mes gonds. Sans compter que je m’en veux surtout beaucoup plus parce que j’ai une sorte… d’espoir ? Comme si la perspective d’être avec Jeremiah, bien que potentiellement trompée, m’apportait une certaine joie ?

Je suis beaucoup trop fatiguée pour réfléchir correctement, et en voilà la preuve !

— Eh bien on dirait que ton sens de la déduction est aussi bas que celui de la ponctualité.

Contre toute attente, il éclate de rire, peu choqué par le fait que non seulement je lui réponde, mais aussi que je tutoie. Aussi, un détail de taille me frappe soudainement :

— Et puis, je peux savoir ce que tu fiches ici ?

— La question, c’est surtout ce que toi, tu fous dans ma maison.

Sa maison ?

Oui, ça fait sens, maintenant. Ça explique le chien terrifiant dans la chambre. Ils se correspondent bien, ces deux là ! En revanche, tout est si neutre ici, qui pourrait se douter que la maison est habitée au quotidien ?

— C’est ici que Jeremiah m’a dit que j’habiterai, dis-je sans me démonter.

Cela a le mérite de le prendre de court et il fait un pas vers moi.

— Ah, il a dit ça ? Et en quel honneur ?

Pourquoi est-ce qu’on dirait qu’il n’était pas au courant de ma présence ici ? Un frisson me glace la colonne vertébrale.

— Je… je ne sais pas, il m’a simplement dit que je n’aurais pas à louer de maison, qu’il allait s’occuper de tout et m’a même donné l’adresse et les codes d’accès.

Ce n’est pas comme si j’étais entrée en forçant la porte !

Son regard se fait de plus en plus dur et pour le coup, son sourire s’efface. Puis il se détend et pousse un long soupir.

— C’est forcément un coup d’Alyson. Elle seule a les codes de la propriété.

Loin d’avoir envie de m’inviter et de ne pas être la bienvenue, surtout chez quelqu’un que je ne connais ni d’Adam ni d’Eve, je balbutie :

— Je peux aller ailleurs, il faut juste que je récupère mon-

— C’est bon, marmonne-t-il. Je règlerai ça avec ma soeur demain. Tu peux prendre une des chambres en attendant. Je suppose que tu as fait connaissance avec Jay ?

Devant mon incompréhension, sa moue moqueuse revient au galop. De son index, il montre l’étage du dessus.

— Mon chien. Jay.

— Oh ! J’ai ouvert la porte et il était… là.

— Généralement, je ne le laisse pas enfermé, mais je ne me suis pas réveillé, j’ai oublié qu’il a dormi avec moi et l’ai laissé par erreur. C’est pour ça que j’étais en retard, je n’ai pas entendu mon réveil.

Son sourire s’élargit, ce qui m’énerve encore plus.

— Il t’a vraiment collé la trouille, hein ?

— Presque autant que son stupide maître, raillé-je en roulant exagérément des yeux.

Il ouvre la bouche, sans doute pour me servir un des répliques cinglantes dont il doit avoir le secret, mais il se ravise et baisse les yeux. Je ne comprends pas tout de suite pourquoi, mais en suivant ce qu’il regarde, je remarque Moustache, qui vient se frotter contre sa jambe, avant de venir se coller aux miennes.

— Qu’est-ce que c’est que ce truc ? s’exclame-t-il en reculant d’un pas.

Je me baisse pour attraper Moustache et répond :

— C’est un chat, vous n’en avez jamais vu par ici ?

— Très drôle ! Je vois bien que c’est un chat, ce que je veux savoir, c’est ce qu’il fout là !

— Je n’allais pas m’absenter pendant un mois et laisser mon animal derrière moi. Nous ne sommes pas tous comme toi.

Apparemment, ma pique n’est pas à son goût, car il me fusille du regard, ce qui me fait sourire moi, cette fois. Chacun son tour, ha !

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Quand je disais que Maddie n'était pas au bout de ses surprises, je n'exagérais pas, hein ! 🤣

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