Fyctia

Toute montée de colère redescend comme un soufflé en moi et je n’arrive à piper un mot de plus. De son côté, il ne s’excuse pas tout de suite, se contentant de me dévisager pendant de longues secondes, avant de pousser un profond soupir :

— Désolé, m’dame. Pas la peine de hurler, c’est pas comme si j’l’avais fait exprès, dit-il d’une voix bourrue.

« M’dame ? » Depuis quand est-ce que je suis une dame, alors que je n’ai même pas encore atteint la trentaine ! Lui et moi devons avoir quatre ou cinq ans de différence, tout au plus !

— J’espère bien que non ! Vous voyez cette valise, là ? Elle contient des milliers de dollars de matériel, alors pour la sécurité de votre compte en banque, heureusement que c’était accidentel !

Non mais, il pense que parce qu’il fait deux mètres au moins, qu’il a des tatouages partout et un air menaçant, qu’il peut s’autoriser à me parler comme si nous avions élevé les cochons ensemble ?!

Il lève les yeux au ciel, cette fois. Il n’est pas perturbé pour un sou et j’ai même l’impression que je l’ennuie plus que je ne l’énerve. Alors que lui, me tape clairement sur le système !

— Qu’est-ce qu’il se passe ici ?

Cette voix nous pousse à tourner la tête de concert et un homme vient dans notre direction. Quelques centimètres plus petit que cette montagne humaine, il lui ressemble pourtant dans son attitude et son style vestimentaire. Vêtu d’un jean sombre, son t-shirt blanc est caché par une veste en cuir. Il est moins imposant physiquement, mais l’aura qu’il dégage est pourtant plus menaçante, prend tellement plus de place. Des lunettes de soleil cachent ses yeux - alors qu’il fait nuit dehors, en voilà une chose parfaitement logique ! - et ses mains fourrées dans ses poches lui donnent un air nonchalant.

Comme si le monde lui appartenait.

La gamin change immédiatement de comportement et baisse ses yeux en direction du sol, tel un enfant pris en flagrant délit de vol de bonbons. Il lui explique rapidement la situation, marmonnant presque dans sa barbe et de mon côté, je me demande ce que je fais encore là alors que je devrais déjà être dans un taxi en direction de ma future maison provisoire.

L’inconnu se penche vers mon chariot et inspecte mes valises, sans pour autant retirer ses fichues lunettes de soleil, avant de se tourner vers moi et d’afficher un sourire narquois.

— On dirait qu’il n’y a pas eu casse. Pas de quoi se mettre dans tous tes états, Baby Doll.

Mes yeux s’écarquillent lorsque j’entends ce surnom, surtout accompagné de cette voix suave, teintée d’une moquerie sous jacente.

— Alors déjà, je suis pas votre « Baby Doll » et la seule chose que j’attendais, c’était un simple « Je suis désolé », voilà tout !

Il arque un sourcil, son sourire se faisant plus prononcé. Puis il retire d’un geste qu’il doit sans doute penser très cool et sexy - ce que j’aurais pu trouver cool et sexy aussi, s’il ne s’était pas conduit comme un goujat à l’instant - ses lunettes tintées. Il me dévoile donc ses yeux marrons en amande et son regard me cloue sur place. Si son sourire est moqueur, ainsi que sa voix, ce n’est pas le cas de celui-ci. Il est sérieux, intense.

Autour de nous, les gens nous dévisagent et j’en vois même quelques uns murmurer. Pourtant, ça n’a pas l’air de le déranger, car il reste fixé sur moi pendant de longues secondes. Assez non seulement pour me mettre mal à l’aise, mais aussi pour me faire sortir un peu plus de mes gonds. Puis, il fait un geste qui me surprend et me désarçonne d’autant plus : il donne une légère tape sur l’arrière du crâne du jeune, qui a percuté mon chariot.

— Fais un peu attention où tu vas, la prochaine fois, dit-il de sa voix profonde, sans pour autant me lâcher du regard. Excuse-toi correctement auprès de sa majesté.

J’ignore cette pique et serre mes doigts sur le rebord du chariot, me retenant d’avancer et de leur rouler sur les pieds.

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Aaaah, j'avais si hâte que vous fassiez la connaissance de ce nouveau personnage !

Vous le trouvez comment ? 😏

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