Fyctia

Le soir venu, je m’écroule littéralement sur mon canapé, une fois rentrée chez moi. Il est d’ailleurs si usé - tout comme le reste de ma maison, en réalité - que je suis surprise qu’il n’ait pas cédé, cette fois encore ! Mon sac à main est encore accroché à mon épaule, mon trousseau de clefs encore entre mes doigts. Je laisse tout choir à mes côtés et ferme les yeux une minute, les bruit incessant entendu toute la journée à l’extérieur tambourinant encore dans ma tête alors qu’ici, il n’y a que le silence. Soudain, quelque chose atterrit sur mes genoux et je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux pour savoir qu’il s’agit de Moustache, mon chat. Il y a un an à peine, j’ai été engagée pour aller faire les photos d’animaux à adopter, au sein d’un refuge local. Moustache était le seul de sa fratrie à ne pas avoir trouvé de famille souhaitant l’adopter.

Les employés m’ont dit que c’était sans doute à cause de son pelage entièrement noir, qui pour beaucoup, est signe de malchance. Après la séance photo, du coup, je suis repartie du refuge, les mains pleines d’une petite caisse, de croquettes et de jouets qui lui avaient été attribué et auxquels il s’était attaché. Je n’ai pas eu le coeur a le laisser là-bas, même s’il n’était absolument pas dans mes plans d’adopter un animal à ce moment là. Je me suis ensuite dit que c’était alors le destin, qui avait mit Moustache sur ma route. Et inversement.

Depuis, nous sommes en colocation dans cette maison et je dois avouer qu’il y apporte de la vie, bien qu’il y passe ses journées à dormir et ses nuits à arpenter les pièces comme un animal possédé !

Pendant quelques instants, je caresse le dos de Moustache, sombrant presque dans le sommeil alors que je sais qu’il faut que j’aille prendre une douche et me changer. Que je mange aussi, accessoirement ! Mais l’appel de Morphée est presque trop tentant…

C’est finalement mon téléphone qui me force à me redresser, me faisant sursauter. Moustache quitte mes genoux, comme vexé que j’ai osé faire le moindre mouvement et j’attrape mon téléphone pour voir qui ose m’appeler.

Jeremiah.

A-t-il des pouvoirs divins ou des oreilles dans ma boutique, pour savoir que je me suis presque plainte de ne pas lui avoir parlé depuis longtemps ?!

Sans attendre, je décroche et met immédiatement le haut parleur.

— Hey, étranger !

Son rire me répond d’abord, avant sa voix :

— J’étais certain que tu allais me sermonner !

— Je ne suis pas ta mère, je n’ai pas à le faire, tu sais ? Mais qu’est-ce qui te prend de ne pas donner de nouvelles pendant deux semaines ? Deux !

Il s’esclaffe à nouveau, plus fort cette fois et je ne peux empêcher un sourire étirer mes lèvres.

— D’accord, je suis désolé ! J’ai été un mauvais ami, je l’avoue. Mais pour ma défense, j’ai été très occupé.

Je me radoucit et me sent assez réveillée pour enfin bouger mon postérieur du canapé. Je me lève donc, téléphone à la main et range mes affaires avant de me diriger vers ma cuisine.

Elle n’est pas de toute première jeunesse, loin de là mais j’arrive à m’en contenter, malgré la porte du four qui ne ferme plus complètement, les plaques qui fonctionnent à moitié et le micro ondes, lui totalement hors d’usage depuis le début du mois ! Heureusement, le frigo est en état de marche et j’en tire d’ailleurs une bouteille de soda, après avoir déposé mon téléphone sur le comptoir près de moi.

— Donc j’en conclus que tu as bien avancé dans ton livre ? Tes recherches ont porté leur fruit ?

— Mon livre ? Oh, oui il avance bien. Mon éditeur est sur mes talons, je n’ai pas tellement le choix, s’amuse-t-il. Mais ce n’est pas pour parler de ça que je t’appelle.

— Ah ? m’étonné-je. Moi qui pensais que tu voulais juste que je sache que tu es en vie.

— Ha ha, je me marre, dit-il d’un ton qu’il veut morne, mais il n’arrive qu’à me faire pouffer de rire. Non, sérieusement, Maddie, j’ai une super nouvelle à t’annoncer !

— Pitié, dis-moi que les studios t’ont annoncé que c’est Henry Cavill* qui va jouer le rôle principal dans l’adaptation de ton roman au cinéma ! Si c’est le cas, tu as intérêt à te débrouiller pour que je sois présente sur les plateaux de tournages !

— Arrête, ce serait trop bien, ne me porte pas la poisse en disant ça à voix haute !

Puis il reprend son sérieux et me dit :

— Ne me fais pas perdre le fil, d’accord ? J’ai quelque chose d’important à te dire, qui n’a rien à voir avec mes livres.

Je recouvre également mes esprits et mon sourire se fane quelque peu.

— Effectivement, ça a l’air sérieux. Dis-moi, je t’écoute.

—… Je ne sais pas comment te dire ça, mais en gros… j’ai rencontré quelqu’un.

Ce n’est pas la première fois que j’entends Jeremiah prononcer ces mots. Je devrais être habituée et mon coeur ne devrait pas se briser à chaque fois qu’il me confie être dans une relation. Ou même ne serait-ce qu’envisager une relation, sérieuse ou pas. Sauf que mon stupide coeur se brise bel et bien, chaque fois un peu plus.

— Vraiment ? demandé-je d’une voix que je trouve un peu trop étranglée, sans doute à cause de ma gorge, qui s’est subitement serrée.

Je bois alors une gorgée de soda et poursuit :

— C’est super ça, Jer’. Comment est-ce qu’elle s’appelle ?

— Elle s’appelle Alyson et elle est vraiment géniale ! Je suis certain que tu vas l’adorer.

Voilà qui est un peu plus étrange ! Généralement, quand il rencontre des filles vivant trop loin de Shreveport, il ne prend pas la peine de les amener jusqu’ici. Du moins, leur relation ne dure jamais assez longtemps pour que ce soit le cas. Mais là, il envisage donc de nous la présenter ?

* Henry Cavill est un acteur britannique connu pour de nombreux rôles, mais notamment pour celui de Superman et de Geralt de Riv dans The Witcher.

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Aïe, les choses se gâtent ! Comment va réagir Maddie face à tout ça ?

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