Fyctia

Depuis cette fameuse journée d’été, où Jeremiah a annoncé à nos proches que nous allions nous marier, vingt ans se sont écoulés. Vingt années que nous avons passées l’un auprès de l’autre et ce malgré les études, les groupes d’amis, la vie tout simplement. Nous aurions pu prendre des chemins différents, surtout car nous avons choisi des cursus opposés, mais nous avons gardé contact et nous sommes toujours débrouillés pour nous retrouver durant des vacances ou des week-ends prolongés. En bref, notre amitié n’en est ressortie que plus forte, durant tout ce temps.

Aujourd’hui, nous sommes tous deux adultes. Nous sommes nés le même jour, à deux heures d’intervalle et étrangement, je n’ai jamais regretté d’avoir partagé tous mes anniversaires avec lui. Pour moi, nous étions des âmes jumelles, faites pour rester ensemble toute notre vie.

Vous la sentez venir, la douille ?

Parce que oui, apparemment il n’y a que moi pour vivre d’amour et d’eau fraiche, au pays des Bisounours ! Comme si Jeremiah et moi allions vraiment nous marier, vieillir ensemble et rester côte à cote jusqu’à la fin. Vous avez le droit de me traiter d’idiote, c’est mérité.

Mais il n’empêche que j’y ai cru. J’ai aimé et aime encore Jeremiah, et ce depuis l’enfance.

Ai-je eu le courage de lui déclarer mes sentiments ? Bien sûr que non ! J’ai toujours eu beaucoup trop la trouille, non seulement d’être rejetée, mais aussi de détruire notre belle amitié. S’il savait la vérité et que mes sentiments n’étaient pas partagés, alors il ne m’aurait jamais plu vue de la même manière.

Je le connais assez pour au moins savoir cela. Donc j’ai gardé ma bouche fermés et mon amour bien au chaud, enfermé dans mon coeur, à double tour.

Est-ce que j’ai souffert de tout ça, au fil des années ?

Oui. Vraiment.

Le premier électrochoc a été évidemment, la première vraie relation qu’il a eue avec une fille. C’était au lycée, elle s’appelait Amy. D’un an plus jeune que nous, elle n’était pas dans la même classe - Dieu merci ! - mais il la retrouvait autant qu’il le pouvait et elle venait le voir lors de ses matchs de Lacrosse. Tout comme moi d’ailleurs, je n’en ai pas loupé un seul, même après avoir été opérée de l’appendicite vingt quatre heure auparavant !

Leur relation n’a duré que quelques semaines, mais j’ai compris que mon amour pour Jeremiah était réel lorsque je me suis sentie à la fois heureuse et soulagée d’apprendre leur rupture. Quel genre de personne est-elle contente de voir son meilleur ami souffrir parce que sa copine rompt avoir lui ? Eh bien, j’ai la réponse : une personne qui amoureuse de celle au coeur brisé.

Ensuite, il y a eu la séparation physique. Lorsque nous avons fini le lycée, nous nous retrouvés dans des universités différentes. Certes, nous restions dans le même État et n’étions qu’à quelques heures en voiture l’un de l’autre, mais le manque était présent, de mon côté. Je ne compte pas les heures que j’ai passée, allongée sur mon lit, dans ma chambre d’étudiante, en train de stalker littéralement son compte Instagram. Ses stories m’ont brisées plus d’une fois, car je le voyais aller en sorties sportive avec son équipe, plaisanter avec les cheerleader… enchaîner les conquêtes. Bien évidemment, il me parlait aussi de tout cela par téléphone, mais le mal n’en était que plus grand. Il faisait sa vie, sans moi et c’était là le plus douloureux.

J’ai donc décidé de faire la même chose. Je me suis fait de nouveaux amis, j’ai intégré un cours de photographie et j’ai réussi, petit à petit, à me détacher de l’emprise que Jeremiah avait sur moi, bien malgré lui. Je suis également sortie avec des garçons de mon côté, mais je n’ai compris que bien plus tard (trop tard, sans doute), que ce n’était là qu’un moyen d’occuper mon coeur et mon esprit. Malheureusement pour ses pauvres gars et moi, je suis restée hermétique et mes relations se sont toutes terminées, au bout d’un moment. Je n’arrivais pas à trouver la passion, l’exaltation que j’avais en étant aux côté de Jeremiah. Mon coeur ne se mettait à battre plus fort, il n’y avait pas de douce chaleur naissant dans mon ventre lorsqu’ils entraient dans la pièce.

Et aujourd’hui, on ne peut pas dire que les choses aient particulièrement changées ! Je ne suis certes plus à l’université et suis revenue depuis un petit moment déjà à Shreveport, ma ville natale… mais ma vie reste la même. Monotone et quelque peu ennuyeuse. Heureusement, je fais ce que j’aime et vis de ma passion pour la photographie. Je couvre toute sorte d’évènements, dont les mariages, les anniversaires, les remises de diplômes. J’adore voir les sourire illuminer les visages de personnes qui me sont pourtant inconnues. Ça prodigue une certaine joie, même si dans un sens, je ne vis tout cela que par procuration, à travers un objectif. Je fais partie de la cérémonie la plus importante d’une vie et c’est déjà beaucoup !

Qui sait, un jour peut-être, aurais-je l’occasion de prendre les photos de mon propre mariage !

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Fin de la 1ère partie !

Alors, que pensez-vous de ma petite Maddie ? Elle s'accroche à son Jeremiah, elle s'accroche (malgré elle, hein !).

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