Fyctia
Chapitre 38
Clara
Une fois Benjamin parti, mon frère s’en est donné à cœur joie. Malheur à moi, je lui dois une grosse faveur ! Comme de fait exprès, le soir même, il est venu à la charge en me suppliant de ne pas le laisser tout seul aller chez nos parents pour Noël. Chaque année, depuis que nous sommes petits, la famille Rivière au grand complet se rassemble à la maison de famille située dans les Pyrénées. C’est une fête que nous apprécions tous. Pourtant il est vrai que depuis que nous avons l’âge d’avoir une moitié, la situation s’est compliquée un peu. Pour résumer le problème : mon frère et moi, nous sommes les derniers célibataires de nos cousins et cousines. Ma mère, voulant à tout prix des petits enfants comme ses deux sœurs, a donc décidé de nous « aider » dans notre recherche du grand amour. Régulièrement, nous avons donc le droit à des guet-apens comme nous les appelons avec Rick. La seule chose qui nous sauve jusque-là, c’est notre solidarité face à l’envahisseur !
La contrainte n’est donc pas d’y aller, car j’aime tous les retrouver. Passer les fêtes ensemble est comme une évidence. Le souci de cette année est mon cumul de travail qui par ricochet m’empêche de poser des jours de récupération. Enfin rectification, je suis en semi-vacances puisque Marc m’a accordé des congés. Par contre, Benjamin ne ferme pas son cabinet. Le téléphone sonne donc toujours et les mails pleuvent régulièrement tout le long de la journée.
Sans le savoir, son coup de téléphone, ce lundi soir, me donne la solution à mon problème. Je passe sous silence le moment humiliant si vous le voulez bien. Me voilà donc en vacances pour le plus grand bonheur de mon frère qui est déjà parti ce matin. Fait pas négligeable, Andorre n’est pas si éloignée du Pays Basque où ma famille m’attend.
Une fois le service terminé, je me dirige au cabinet pour prendre tous les documents qu’il m’a demandé. Sans perdre de temps, je rentre à l’appartement pour préparer ma valise afin d’être prête pour partir de bonne heure demain.
La circulation intense sur les routes me confirme la période vacancière dans laquelle nous nous trouvons. Je mets donc un peu plus de temps que prévu. Aux frontières d’Andorre, la neige épaisse sur les routes me surprend.
Génial, il manquait plus que ça !
Roulant au pas pour éviter d’avoir un accident, j’arrive tout de même à bon port en un seul morceau, mais avec les muscles tout tendus. Je déteste rouler sur la neige. D’habitude, pour mon plus grand soulagement, mon frère se charge de cette lourde tâche !
Avant de descendre de la voiture, je prends le temps d’admirer le chalet. Tout en rondins de bois, sa taille est impressionnante. Tout y est : le perron surélevé en bois, la balancelle sur le perron, les volets en bois, la grande avancée de toit protégeant les grandes fenêtres à l’étage. C’est une magnifique bâtisse, qui je pense, ne date pas d’hier, lui ajoutant ainsi du charme.
Bien emmitouflée de la tête aux pieds, je me décide à affronter le froid. Les bras chargés de carton, je sonne une fois la distance parcourue. J’ai à peine le temps de de décoller mon doigt de la sonnette que la porte du chalet s’ouvre brusquement. Je me fais alors percuter par deux boulets en tut-tut rose !
— Clara, tu es venu, c’est trop chouette ! hurle Lucie tout en serrant fort mes jambes de ses petits bras.
— On va trop s'amuser avec toi ! renchérit Rose.
— Salut mes choupettes ! je réponds.
Je me décharge par terre et m’agenouille pour les accueillir toutes les deux dans les bras. Un sentiment étrange de bien être me comble à leur contact. J’en profite pour leur faire quelques bisous-chatouille libérant ainsi leur rire cristallin.
— Tu restes combien de temps ? me demande Rose.
— Eh bien, pas très longtemps, je dois repartir pour aller dans ma famille fêter Noël, j’explique.
Nous coupant dans notre conversation, la voix grave de leur père s’élève, ordonnant de fermer la porte sous prétexte du froid extérieur. Nous rentrons donc toutes les trois dans la pièce de vie. Si ma mémoire était défaillante, je ne saurai pas vous préciser que Noël est dans une semaine à peine. Il n’y a pas l’ombre d’une décoration dans la pièce. Je l’avais déjà remarqué que Benjamin ne portait pas grand intérêt à cette fête en avisant leur maison à Bordeaux, toutefois je trouve cela triste. D’autant plus qu’ici la neige redouble d’efforts pour vous prouver à quelle période nous sommes.
En attendant que monsieur daigne bien vouloir me faire honneur de sa présence, je joue avec les filles qui ne cachent pas leur joie de me voir. Je me rends compte par la même occasion que leurs sourires m’avaient manqué.
— Salut ! Désolé, un appel urgent ! explique-t-il en raccrochant son téléphone. Ça a été la route ?
— Oui, ça va, même si je n’aime pas trop conduire sur la neige ! je lui confesse.
— Ah, oui ! Ça tombe bien dis donc, constate-t-il en scrutant la fenêtre.
— Voilà, tout est dans le sac, j’ai même pris deux dossiers en plus, car j’ai vu des mails passés hier à leur sujet. Alors dans le doute, je les ai embarqués, j’argumente en lui tendant un énorme carton qu’il saisit vite pour me libérer.
Venant m’embrasser sur la joue pour me remercier, nos corps se retrouvent pratiquement coller dans l’action. Mes narines se remplissent alors de son parfum aux notes marines. Sans le vouloir, mon traître de corps se rapproche afin de se gorger un peu plus de son odeur.
Mais qu’est-ce que je fais ! Il a une femme et moi, je suis censée avoir quelqu’un !
Ayant dû remarquer mon geste, il laisse plus que nécessaire poser ses lèvres sur ma joue avant de s’en aller avec un grand sourire. Une fois débarrassé de son chargement, il prend la direction de la cuisine en me proposant un café. Sans grande hésitation, j’accepte afin de me réchauffer un peu et surtout de recharger les batteries pour le trajet qu’il me reste à faire sous la neige.
Nous discutons des fêtes et de ma famille un peu déjanté qui m’attend. Certainement pas habitué à tant de personnages haut en couleur, son rire s’élève régulièrement dans les airs. Lui me parle de ses clients qui ne comprennent pas ou ne veulent pas accepter les travers de la justice en cette période de fête. Il me confie également avoir réussi à apaiser sa relation avec Joshua grâce à ce fameux soir.
Plus d’une heure après, je décide de partir afin de ne pas rouler de la nuit. Je me gave de gros câlins avec ces petites frimousses avant qu’il me raccompagne à ma voiture. Au moment de se saluer, ces lèvres se posent un peu trop près de ma commissure. Ne voulant pas l’encourager, ou pour ne pas le décourager, je ne sais plus, je ne relève pas.
(à suivre...)
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Zatiak
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Mapetiteplume
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molly reagan
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Mapetiteplume
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Emerziane
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Mapetiteplume
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Floriane1
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IvyC
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Mapetiteplume
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