Fyctia
Chapitre 37
Je n’ai eu pas beaucoup d’échecs en soit dans ma vie, à part mon mariage qui va bientôt se terminer. Toutefois, à cet instant, j’ai un arrière-goût d’impuissance et de déception face à la situation. J’aurais tant aimé qu’elle soit libre pour pouvoir faire un petit bout de chemin avec elle.
De retour à la maison, j’annonce la nouvelle à mes enfants puis informe Sonia ne pas avoir besoin d’elle la semaine qui vient. J’écris également à Philippe et Marie pour les prévenir de mon absence au sein du cabinet pour les jours avenir, précisant tout de même rester joignable. Une fois les bagages dans le coffre et tout le monde confortablement installé dans la voiture, nous prenons la route en direction du chalet.
Au bout de six heures de route, nous voilà enfin arrivés à Andorre. La première fois que nous sommes venus en vacances ici, je suis littéralement tombé amoureux de la ville et de ses paysages magnifiques. À toutes saisons, les montagnes qui vous dominent vous rappellent leur puissance en vous offrant des panoramas à couper le souffle. Acheter un chalet ici était une évidence. Dès que mes finances m’en ont permis, j'ai réalisé mon souhait. Il se situe à quelques kilomètres de la ville dans un petit coin reculé au cœur de la nature, à l’abri de toute civilisation.
La neige est déjà bien tombée dans la région, mais une fois bien équipé. À peine le moteur éteint que les enfants descendent avec hâte pour se diriger vers la demeure. Chargé comme une mule, je franchis à mon tour les portes de ce petit paradis trop longtemps délaissé à mon goût. Le sourire aux lèvres, Joshua déambule dans le salon en admirant les quelques photos accrochées au mur. Sans plus tarder, je dépose les valises dans chaque chambre avant de m’accorder quelques instants de repos. J’avais oublié comme je m’y sens bien. Ne se trouvant pas assez en sécurité dans cet endroit trop reculé à son goût, Sonia refusait d’y venir.
Lorsque vous rentrez, un petit couloir vous emmène jusqu'à une grande pièce formant la salle à manger et le salon. Une table en bois et ses bancs ainsi qu’un grand canapé face à une cheminée meublent la pièce. La cuisine, quant à elle, se situe à gauche de l’entrée derrière le mur. Moderne, elle est entièrement équipée et possède un îlot central. À droite de ces espaces, une première chambre avec salle de bain fait office de suite parentale. À sa suite, un bureau ainsi qu’un espace buanderie et des toilettes sont présents. Face à la pièce principale, un escalier nous conduit à l’étage. On y trouve trois chambres et une salle de bain ainsi qu’un espace mezzanine donnant sur le salon. Tout est moderne avec un côté chaleureux apporté par du bois au sol ainsi qu’au plafond avec plusieurs poutres apparentes. À l’extérieur, une grange en bois et en pierre abrite les voitures de la neige ainsi que le bois de chauffage. L’ancien propriétaire y a également laissé un tas d’outils que je n’ai pas pris le temps de vider.
La soirée se passe doucement dans une ambiance saine et légère. Finalement, ce n’est pas si mal d’être venu. Je vais peut-être me reconnecter un peu avec mes enfants afin de récupérer la complicité que nous avions avant toute cette histoire de divorce.
Le premier jour étant un dimanche, nous profitons de la ville et de ce qu’elle nous offre. Nous nous baladons également près d’un lac au cours de l’après-midi. Cette parenthèse nous fait du bien même s’il est vrai qu’il manque un membre de notre famille.
Le lundi, je me fais rattraper par le travail. Nous sommes à une semaine de Noël et certaines personnes veulent clôturer au plus vite leur divorce pour commencer la nouvelle année sur de bonnes bases. J’ai beau leur expliquer que ce n’est pas moi qui décide, mais le juge, il n’y a rien à faire. Je passe mon temps accroché au téléphone ou agrippé sur mon ordinateur afin de répondre à tous. Lorsque ce ne sont pas des instances de divorce qui posent problèmes, je dois gérer des désaccords sur la garde des enfants entre Noël et la Saint-Sylvestre. Étant parti sur un coup de tête, j’essaie de répondre au mieux en faisant appel à ma mémoire sur les dossiers que je n’ai bien évidemment pas pris avec moi.
À la fin de la journée, je me sens coupable pour ce que je vais devoir demander à Clara. Pourtant, je n’ai pas trop le choix. Sur un dossier très épineux que je traite, le juge me demande de lui apporter des documents bien précis. Il me faut donc impérativement ce dossier. Avisant l’heure, je décide de lui laisser un message afin qu’elle me rappelle dès que possible. À peine l’accusé de réception reçu, mon téléphone vibre.
— Bonjour Clara !
— Bonjour monsieur !
— Ah, oui, quand même ! je réponds en riant jaune. C’est parce que tu n’es pas toute seule que j’ai le droit à des « monsieur » ou c’est que tu es toujours en colère ?
— Je suis encore au travail, et il y a encore beaucoup de monde.
— Comment ça, tu travailles encore ? Il est 19 h 30.
— Une collègue est malade, je devais aider un peu.
— On se rappellera plus tard si tu veux.
— C’est bon, j’ai trouvé un petit coin. Je fais une pause.
— Je sais que ce que je vais te demander ne va pas te plaire, mais il faudrait que tu me ramènes des dossiers, s’il te plaît. Mes clients sont d’un chiant pas possible et le juge en rajoute une couche. Bref, j’en ai besoin.
— Tu n’es pas censé être en vacances ? réplique-t-elle l’air étonné.
— Certains me payent une fortune, alors ! je lui explique résigné.
— Pour quand ? Et où ?
— Demain, à Andorre !
— QUOI !!! Tu rigoles, j’espère ? crie-t-elle à m’en décoller le tympan.
— Ok, tant pis, je comprends. Je vais dire aux enfants qu’on rentre demain, c’est pas grave, je murmure assez fort pour qu’elle entende.
Ne me jugez pas ! C'est mon diablotin qui a parlé !
Brandir la carte des enfants est très puéril, j’en suis conscient, mais c’est la seule que j’ai à ma disposition. Je me suis rendu compte de son point faible pour eux. Aussi étrange que cela puisse paraître, ils lui vouent une grande affection en retour. J’en serai presque jaloux de les savoir si proches en si peu de temps, toutefois je ne peux pas en vouloir à mon petit elfe préféré.
— Ok, soupire-t-elle. Mais à une seule condition.
— Je suis toute ouïe, je fais aux aguets.
— Moi, aussi, je suis en vacances après, débite-t-elle rapidement.
— Ok, je prononce en hésitant, mais tu repousses d’une semaine ton contrat. C’était convenu six semaines.
— Bon, Clara, tu as fini ta commission ? Parce qu’il y a du monde qui attendent en salle. Je ne te paye pas pour passer ton temps aux chiottes ! j’entends crier une voix d’homme derrière elle.
— Ne me dis pas que… je commence en me retenant difficilement de rire.
— Ben, il n’y a pas beaucoup d’endroit calme au café ! s’énerve-t-elle. Bon, je dois y aller. C’est ok. Envoie-moi, l’adresse par SMS.
Sans ajouter un mot de plus, elle raccroche, me permettant d’exploser de rire. Elle se met toujours dans de drôles de situations ! C’est tout elle : téléphoner aux toilettes !
23 commentaires
Anaïs L.M
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Il y a 2 mois
Mapetiteplume
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Il y a 2 mois
Anaïs Tehci
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TammyCN
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IvyC
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Il y a 2 mois