Fyctia
Chapitre 11
Clara
À la sortie du cabinet où j’ai effectué la livraison de café, je n’ai pas eu le choix que de brandir la carte « help me » à mes deux meilleures amies. En avisant l’heure, nous avons décidé de rejoindre Juliette à sa boutique de librairie dans le centre de Bordeaux. Je suis donc assise face à une de mes meilleures amies, l’objet de cette réunion de crise entre nous, attendant que ma deuxième meilleure amie ferme ses portes.
D’ordinaire, cet endroit agit comme un véritable calmant sur moi et mes tourments, pourtant, tout de suite, il n’en est rien. La boutique de notre amie est l’une des plus connues dans la ville par la singularité qu’elle possède : des chats. Elle possède une dizaine de chats qui se baladent dans les cent cinquante mètres carrés de la librairie. Ils passent leur journée à jouer avec des structures au plafond ou sur les murs. Entre deux jeux, ils viennent quémander un peu d’attention aux nombreux visiteurs. Malheureusement à cet instant, mes nerfs n’arrivent pas à s’apaiser.
Nous sommes toutes les deux assises sur un canapé, une tasse de café dans les mains regardant la pochette comme si un monstre allait y sortir. Gribouille est venu squatter mes genoux et Mystique s’amuse avec les longues nattes de Jenny. Le son du verrou de la porte de la boutique se fait entendre, nous laissant deviner que le dernier client de la journée est parti. Il est suivi de celui des croquettes dans une gamelle. Tels des ressorts, les deux chats se lèvent d’un bond en direction de l’arrière-boutique. Quelques minutes après, Juliette fait donc son apparition avec le sourire aux lèvres comme à son habitude. Tasse de café à la main également, elle nous regarde à tour de rôle se demandant bien ce qu’il se passe.
Juliette est la plus calme et rationnelle de nous trois. Elle nous canalise dans bon nombre de nos délires avec Jenny. Nous l’avons connu lors d’une soirée de Noël il y a six ans, depuis nous ne nous sommes plus quittés. Blonde aux cheveux ondulés, teint de porcelaine avec des taches de rousseur sur un corps svelte sculpté par le Yoga. Son manque d’estime l’empêche de remarquer l’effet qu’elle produit chez beaucoup d’hommes. Jenny quand à elle est la folle du groupe. La peau métisse avec des cheveux longs souvent tressés, elle assume pleinement ses petites rondeurs. Moi, je serais entre les deux : folle à des moments et raisonnable à d’autres.
— Alors, c’est quoi le problème ? interroge Juliette avant d’avaler un peu de café.
— Ça ! répondis-je en désignant la pochette.
— C’est quoi ? Un dossier compromettant sur toi ? réplique Jenny. Parce que là, ça m’intéresse !
— Ordi et portable.
— Je sais qu’on se connaît depuis longtemps maintenant, mais ma chérie, il va falloir que tu développes un peu plus si tu veux qu’on comprenne l’histoire, m’explique Juliette.
— J’ai un nouveau boulot ! précisais-je en reportant mon attention sur elle.
— Ok, moi, je suis totalement larguée, intervient Jenny.
— Oui, moi aussi. Tu as été viré ? tente Juliette.
— Non pas du tout, mais j’ai accepté un nouveau boulot.
— Qui est ? tente de percer la blonde me sondant avec un regard perçant.
— Assistante d’avocat.
— Depuis quand tu as un diplôme dans le droit ?
— Je n’en ai pas, c’est bien le hic ! Même si apparemment, il n’y en a pas besoin, complétais-je.
J’entreprends alors de leur raconter toutes les circonstances de mon embauche et ses aboutissants. N’osant pas faire de commentaires, elle ne m’interrompt pas une seule fois. Mon récit terminé, je prends une grande inspiration et plante mon regard à tour de rôle dans les leurs, attendant leur réaction. Je n’avais même pas remarqué que j’ai retenu mon souffle pendant mon monologue.
— OK ! Donc, si je résume, tu as été embauché pour un poste d’assistante auquel tu n’avais pas postulé parce qu’on t’a pris pour quelqu’un d’autre.
— C’est ça !
— Mais pourquoi tu as fait ça ? enchaîne Juliette.
— Trois mille.
— Tu comprends quelque chose à ce qu’elle dit ce soir ? demande Jenny à Juliette. Parce que moi, j’ai quand même un peu de mal à suivre. Pourtant, je suis sûr, je ne suis pas bourrée !
— Jenny a raison ma chérie, tes explications sont un peu, comment dire : flou !
— Trois mille euros.
— C’est mieux, mais ça ne nous avance pas plus.
— Je vais bosser six semaines et être payé trois milles euros.
— Oh la vache ! Tu m’étonnes que tu aies signé, j’aurai fait pareil. C’est où ton truc ? Peut-être qu’il cherche une deuxième personne ! s’excite Jenny.
— Mais comment tu vas faire avec tes heures du café ? coupe Juliette.
Je vous l’avais affirmé, c’est la plus raisonnable de toute !
Je leur raconte alors ce que la secrétaire, Claudine, m’a proposé. Les tâches ne sont pas des plus compliquées de ce que j’ai compris : répondre au téléphone quand il sonne, organiser l’agenda de monsieur s’il le souhaite, appeler les clients au besoin en cas d’imprévu ou de prise de rendez-vous, et voir quelques tâches diverses et variées en fonction de la demande. Le problème, ce n’est pas la nature des tâches à accomplir, mais plutôt les horaires. En gros, à toute heure du jour et de la nuit. Même si elle m’a certifié qu’elle n’a jamais été dérangée la nuit par son patron. Mais le proverbe ne serait pas : « Il y a toujours une exception qui confirme la règle » ? Elle a tout de même eu la bonté de noter que j’ai un second travail ainsi que les horaires de ce dernier. De ce fait, il ne sera pas surpris que je ne puisse pas répondre dans la minute.
Je ne sais pas ce qui m’a pris d’accepter. Enfin si : trois mille euros ! Je ne roule pas sous l’or. Je ne suis qu’à mi-temps au café donc un sou est un sou.
À la base, cette situation était volontaire. En sortant de mes études en art, où j’ai rencontré Jenny d’ailleurs, j’ai eu dans l’espoir de vivre de ma passion. Le même amour pour la photo nous anime, mais au contraire d’elle, je n’ai pas réussi à trouver du travail par la suite. Le hasard m’a fait atterrir chez Marc et son fameux « Café ». Ne voulant pas louper d’éventuelles opportunités de poste dans ce secteur, j’ai choisi de rester à mi-temps malgré les supplications de mon patron qui ne cesse de faire des éloges de mon travail.
— Et donc du coup, tu commences quand ? questionne Juliette, la pragmatique.
— Eh bien, il m’a laissé jusqu’à lundi pour être opérationnel.
— Ok, et bien, on a du boulot alors, s’exclame Jenny en se saisissant de l’ordinateur.
Pendant les heures qui suivent, nous nous mettons toutes les trois à étudier tout le contenu de l’appareil avec minutie. Par chance, Claudine m’a aussi donné un gros dossier contenant toutes les informations d’utilisations de toutes les applications.
Sous les coups de 2 h, les occupants de la librairie nous font comprendre que nous sommes de trop et qu’il est grand temps de les laisser se reposer. Ne travaillant pas le week-end et que mon frère est en vadrouille, elles décident de venir dormir à la maison.
( à suivre...)
14 commentaires
pain de mie
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Il y a 2 mois
Alva
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Il y a 3 mois
Mapetiteplume
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Floriane1
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Mapetiteplume
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Samantha Beltrami
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Mapetiteplume
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Camilla_Melodie
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Mapetiteplume
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Il y a 3 mois