Mapetiteplume Joyeux Noël Clara Benjamin (2/5)

Benjamin (2/5)

Pourtant, lorsqu’on s’est connu, elle était plus en chair. Au fil des années, elle a subi une telle pression de ses amies qu’elle a fini par être comme toutes celles qui ne supportent pas un gramme de plus sur la balance. Pour être très honnête, j’ai même parfois peur de la briser rien qu’en la prenant dans les bras.


Chose qui n’arrivera plus en tout cas, mon vieux !


Sentant certainement mon regard la détailler de façon un peu trop insistante, Clara commence à danser d’un pied sur l’autre, ne sachant certainement pas comment se comporter. Son malaise me fait sourire. Mon petit diable sur l’épaule a envie de la titiller un peu ! Malgré mon ange soufflant de réagir, je ne l’aide pas à sortir de cette situation. Mon attitude n’est pas correcte, pourtant j'y vois une source d’amusement.


— Bien, je vais vous laisser puisque vous êtes là, finit-elle par dire tout en enfilant sa doudoune posée sur la chaise. Votre fils est dans sa chambre, je pense. Ah ! Et il s’est apparemment bagarré aujourd’hui. Madame Ronchon, qui porte bien son nom entre parenthèses, voulait vous voir et a précisé qu’il y aurait des sanctions si cela se reproduisait.

— Ok, je vais voir avec lui, je réponds en fermant les yeux afin de contrôler ma colère grandissante envers mon héritier. Attendez ! je l’interpelle en la voyant se diriger vers la porte d’entrée. Est-ce que cela serait possible que vous retourniez les chercher jusqu’à la fin de la semaine, leur nounou ne pourra pas le faire ?

— Euh, bien, oui ! Je pense que c’est possible, pas de problème. À demain alors.

— Merci, bonne soirée à vous.

— À vous aussi.


Sur ce point, je suis beaucoup moins sûr, mais j’obtiens tout commentaire. En silence, je la suis pour la raccompagner jusqu’à sa voiture. Avisant les sièges auto à l’arrière de cette dernière, je me rassure sur le fait qu’elle maîtrise finalement le sujet.


— Vous avez des enfants aussi ?

— Quoi ? Non ! Seigneur que non ! s’exclame-t-elle horrifier de façon exagérée. Ma mère vous dirait qu’il faudrait déjà que je pense à grandir avant d’en avoir ! Laissez tomber, vous êtes mon patron, ce n’est pas un sujet qu’on doit aborder sous peine de licenciement. Bref, c’est ma voisine qui a bien voulu me les prêter.


Je la laisse m’échapper sans en demander plus. À peine a-t-elle franchi le portail qu’avec un grand soupir, je me dirige vers la chambre de mon aîné pour un énième coup de gueule.

Depuis quelques semaines, nos conflits sont de plus en plus fréquents. Si avec les filles, j’arrive à arranger un peu la vérité sur la situation, avec lui, c’est peine perdue. Du haut de ses 16 ans, il a tout à fait compris ce qui se tramait entre ses parents. Ne me retrouvant pas plus de quelques minutes en présence de Sonia, je ne peux pas comparer le comportement de mon fils envers sa mère. Tout ce que j’affirme, c’est qu’avec moi, le contact est tendu.

Ce nouvel état de relation avec lui me peine grandement. Nous étions très proches avant que toute notre vie ne dérape. Nous partagions des moments de sport ou de jeux vidéo pendant lesquels nous échangions beaucoup. Il n’y avait aucun tabou entre nous deux.

Je comprends le traumatisme engendré de voir ses parents et sa famille voler en éclats. Sa colère est légitime, l’évacuer est à mon sens une nécessité. Toutefois, j’aurais aimé que ce ne soit pas sur moi. En résumé, il explose, et moi, j’encaisse tant bien que mal. Telle est notre situation actuelle !

La soirée passe donc comme beaucoup : Joshua enfermé dans sa chambre n’assistant pas au dîner et les filles en mode pipelette, me racontant tout ce qu’elles ont fait de leur journée. Quand vient le moment d’aborder les exploits de Clara, leurs visages s’illuminent de malice. Elles imitent mon assistante cherchant dans tous les placards. L’attitude rigolote de cette femme ne pouvait que les séduire.

Comme chaque soir, je finis par les coucher sans attendre après leur mère, qui ne viendra pas. Pour la première fois, à mon grand soulagement, elle ne me réclame pas sa présence. Il est 23 h quand je me décide à me coucher.

Tenant tout de même à la vie, je n’ose pas rentrer dans l’antre du dragon. Pour lui signaler l’heure d’éteindre sa lumière, je frappe doucement à sa porte avant de prendre la direction de ma chambre à la vitesse de l’éclair.

Arrivée au seuil de cette dernière, j’observe avec un pincement au cœur cette pièce qui a abrité notre amour. Je vais devoir changer toute la déco, je ne supporte plus tous ces souvenirs. Tout me rappelle ce que je n’ai et n’aurais plus.

Regardons la situation en face deux minutes, je ne veux pas d’une autre femme dans ma vie pour le moment et encore moins une femme courant après mon argent. Avec Sonia, on s’est connu au lycée. Nous avons gravi les échelons de la société en même temps. Avec du recul, je me rends compte maintenant que la fortune cumulée l’a changé au fil des années. Notre niveau de vie de plus en plus aisée lui plaisait beaucoup. Toutefois, au départ de notre relation, tout était sincère entre nous.

Si je devais refaire ma vie maintenant, la tâche se compliquerait fortement. Tout le monde connaît mon statut d’avocat et ce qui l’accompagne. De toute façon, ce n’est pas quelque chose auquel je souhaite penser pour le moment.

Je me promets d’appeler demain un décorateur d’intérieur. Étant au moment des fêtes, je suis sceptique qu’une entreprise puisse avoir le temps.


La journée du vendredi se passe bien mieux que celle de jeudi même si je dois encore jongler avec le téléphone. La présence de Claudine me manque beaucoup, pourtant je gère relativement bien. Clara de son côté à l’air de bien s’organiser entre ses deux boulots. Ce constat me rassure sur la tournure des cinq semaines restantes.

Lorsque je rentre le soir, je les retrouve de nouveau dans la cuisine en train de ranger les devoirs dans le sac de Rose. Ma femme a eu la délicatesse de me prévenir de son absence tout le week-end, pour cause de voyage, me laissant ainsi totalement seul pour subvenir au besoin de nos enfants.

Après quelques formalités de politesse, elle met sa doudoune pour quitter les lieux. L’envie de retenir mon assistante me titille énormément. J’aimerai qu’elle reste afin de ne pas me retrouver démuni face à mes petits diablotins. Après tout, les enfants ont l’air de l’adorer et lui obéissent dans le calme au contraire de moi qui doit crier pour obtenir quelque chose.


Les deux jours se passent tant bien que mal. Étant privé de sortie, Joshua daigne descendre qu'au moment des repas. Nous n’avons toujours pas renoué le dialogue. Lui, trop énervé comme l’adolescent qu’il est, et moi, trop fatigué pour encaisser une nouvelle vague de reproches totalement injuste de mon point de vue.

Pourquoi je ne l’en empêche pas ? Parce qu’il vaut mieux qu’il extériorise. Pourquoi je ne rétablis pas la vérité sur les circonstances de notre séparation ? Il m’est inconcevable qu’il ne parle plus à sa mère.

(à suivre...)

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