Mapetiteplume Joyeux Noël Clara Clara (1/6)

Clara (1/6)

Une fois la livraison du café au cabinet, je ne pouvais que de brandir la carte « help me » à mes deux meilleures amies. Au vu de l’heure, nous avons décidé de rejoindre Juliette à sa boutique de librairie dans le centre de Bordeaux. Je suis donc assise face à une de mes meilleures amies, l’objet de cette réunion de crise posé entre nous sur la petite table basse. Nous attendons dans un calme certain, que ma seconde meilleure amie ferme les portes de sa boutique.

D’ordinaire, cet endroit agit comme un véritable baume apaisant sur moi et mes tourments. Pourtant, à cet instant, il n’en est rien. La librairie de notre amie est l’une des plus connues dans la ville par la singularité qu’elle possède : des chats. Elle abrite avec amour une dizaine de félins, se baladant dans les cent cinquante mètres carrés que leur offre cet endroit. Ils passent leur journée à jouer avec des structures au plafond ou sur les murs. Entre deux jeux, ils viennent quémander de l’attention aux nombreux visiteurs. Malheureusement, aussi apaisant que leur présence peut être, je n’arrive pas à me relaxer.

Nous sommes toutes les deux assises sur un canapé, une tasse de café dans les mains regardant la pochette comme si un monstre allait y sortir. Gribouille est venu squatter mes genoux et Mystique s’amuse avec les longues nattes de Jenny. Le son du verrou de la porte se fait entendre, nous laissant deviner que le dernier client de la journée est parti. Il est suivi de celui des croquettes versées dans une gamelle. Tels des ressorts, les deux chats se lèvent d’un bond en direction de l’arrière-boutique. Quelques minutes après, Juliette fait son apparition, le sourire aux lèvres comme à son habitude. Tasse de café à la main également, elle nous regarde à tour de rôle se demandant bien ce qu’il se passe.

Juliette est la plus calme et rationnelle de nous trois. Elle nous canalise dans bon nombre de nos délires avec Jenny. Nous l’avons connu lors d’une soirée de Noël il y a six ans, depuis nous ne nous sommes plus quittés. Blonde aux cheveux ondulés, teint de porcelaine avec des taches de rousseur sur un corps svelte sculpté par le Yoga. Son manque d’estime l’empêche de remarquer l’effet qu’elle produit chez les hommes. Jenny quand à elle, est la folle du groupe. La peau métisse avec des cheveux longs souvent tressés, elle assume pleinement ses petites rondeurs. Pour ma part, je me siterais entre les deux : folle à des moments et raisonnable à d’autres.


— Alors, c’est quoi le problème ? interroge Juliette avant d’avaler une gorgée de café.

— Ça ! je réponds en désignant la pochette.

— C’est quoi ? Un dossier compromettant sur toi ? réplique Jenny, excitée par l’idée. Parce que là, ça m’intéresse !

— Ordi et portable.

— Je sais qu’on se connaît depuis longtemps maintenant, mais ma chérie, il va falloir que tu développes un peu plus si tu veux qu’on comprenne l’histoire, m’explique Juliette posément, telle un mère essayant de tirer les verres du nez de son enfant.

— J’ai un nouveau boulot ! je précise en reportant mon attention sur elles.

— Ok, moi, je suis totalement larguée, intervient Jenny à voix haute.

— Oui, moi aussi. Tu as été viré ? tente de découvrir Juliette, pour faire avancer le débat.

— Non pas du tout, mais j’ai accepté un nouveau boulot.

— Qui est ? tente de percer la blonde me sondant avec un regard perçant.

— Assistante d’avocat.

— Depuis quand tu as un diplôme dans le droit ? s’écrit la métisse perplexe.

— Je n’en ai pas, c’est bien le hic ! Même si apparemment, il n’y en a pas besoin, je complète devant leurs mines suspicieuse.


J’entreprends alors de leur raconter toutes les circonstances de mon embauche et de ses aboutissants. N’osant pas faire de commentaires, elle ne m’interrompt pas une seule fois. Mon récit terminé, je prends une grande inspiration et plante mon regard à tour de rôle dans les leurs, attendant leurs réactions. Je n’avais même pas remarqué que j’ai retenu mon souffle pendant mon monologue.


— OK ! Donc, si je résume : tu as été embauché pour un poste d’assistante auquel tu n’avais pas postulé parce qu’on t’a pris pour quelqu’un d’autre.

— C’est ça !

— Mais pourquoi tu as fait ça ? enchaîne Juliette incrédule.

— Trois mille.

— Tu comprends quelque chose à ce qu’elle dit ce soir ? demande Jenny à la blonde. Parce que moi, j’ai quand même un peu de mal à suivre. Pourtant, je suis sûr, je ne suis pas bourrée !

— Jenny a raison ma chérie, tes explications sont un peu, comment dire : flou !

— Trois mille euros.

— C’est mieux, mais ça ne nous avance pas plus.

— Je vais bosser six semaines et être payé trois milles euros.

— Oh la vache ! Tu m’étonnes que tu aies signé, j’aurai fait pareil. C’est où ton truc ? Peut-être qu’il cherche une deuxième personne ! s’excite Jenny, les yeux pétillants d’euros.

— Mais comment tu vas faire avec tes heures du café ? coupe Juliette.


Je vous l’avais affirmé, c’est la plus raisonnable de toute !


Je leur raconte alors ce que la secrétaire, Claudine, m’a proposé. Les tâches ne sont pas des plus compliquées de ce que j’ai compris : répondre au téléphone quand il sonne, organiser l’agenda de monsieur s’il le souhaite, appeler les clients au besoin en cas d’imprévu ou de prise de rendez-vous, et quelques tâches diverses et variées en fonction de la demande. Le problème, ce n’est pas la nature des tâches à accomplir, mais plutôt les horaires. En gros, à toute heure du jour et de la nuit. Même si elle m’a certifié qu’elle n’a jamais été dérangée la nuit par son patron. Mais le proverbe ne serait pas : « Il y a toujours une exception qui confirme la règle » ? Elle a tout de même eu la bonté de noter que j’ai un second travail ainsi que les horaires de ce dernier. De ce fait, il ne sera pas surpris que je ne puisse pas répondre dans la minute.

Je ne comprends pas ce qui m’a pris d’accepter. Enfin si : trois mille euros ! Étant à mi-temps au café, je ne roule pas sous l’or, donc un sou est un sou.

À la base, cette situation était volontaire. En sortant de mes études en art, où j’ai rencontré Jenny d’ailleurs, j’ai eu dans l’espoir de vivre de ma passion. Le même amour pour la photo nous anime, mais au contraire d’elle, je n’ai pas réussi à trouver du travail par la suite. Le hasard m’a fait atterrir chez Marc et son fameux « Café ». Ne voulant pas louper d’éventuelles opportunités de poste dans mon secteur de prédilection, j’ai choisi de rester à mi-temps malgré les supplications de mon patron qui ne cesse de faire des éloges de mon travail.


— Et donc du coup, tu commences quand? questionne Juliette, la pragmatique.

— Eh bien, il m’a laissé jusqu’à lundi pour être opérationnel.

— Ok, et bien, on a du boulot alors, s’exclame Jenny en se saisissant de l’ordinateur.


Pendant les heures qui suivent, nous nous mettons toutes les trois à étudier l’ensemble du contenu de l’appareil avec minutie. Par chance, Claudine m’a aussi donné un gros dossier contenant toutes les informations d’utilisations de toutes les applications.

(à suivre...)

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