Fyctia

Quelques minutes après leur départ, la sonnerie de l’ascenseur retentit de nouveau signalant l’arrivée d’une personne. Sachant l’absence de Claudine, je reporte mon attention sur l’écran pour agir en conséquence du visiteur. Seule dans l’entrée, l’inconnue n’ose continuer son avancée et recherche du regard une présence humaine. La jeune femme est emmitouflée dans une écharpe et un manteau noir. Dans ses mains, les gobelets expliquent sans doute la raison de sa venue. Comme un éclair de foudre, mon cerveau est percuté par une idée lumineuse.

Sans attendre, je m’empare du téléphone et de l’ordinateur prévu pour un éventuel assistant. J’insère les fiches d’informations dans la pochette avant de me diriger vers ma porte. Faisant semblant d’être occupé sur mon téléphone pour éviter son regard, j’ouvre la porte d’un geste rapide. D’autorité, je lui dépose le téléphone et la pochette dans les bras, l’obligeant ainsi à poser les gobelets sur le bureau.

— Donc, voilà, le portable ainsi que votre ordinateur. Les codes sont 0000, mais vous pouvez les personnaliser sans problème. Les logiciels se mettent tout seul en synchronisation comme cela, on peut communiquer en temps réel, débutais-je sans préambule.

N’ayant pas de réponse, j’ai soudainement peur que Claudine soit dans les environs. Afin de vérifier, je relève la tête pour lui accorder mon attention. Deux billes vertes me font alors face. Un léger trait de crayon et du mascara lui donnent un véritable regard de biche.

Je ne suis pas un grand séducteur auprès de la gent féminine, toutefois, je n’ai jamais perdu mes moyens lorsque j’étais jeune. Je peux même avouer que je faisais partie des plus populaires à la fac. J’ignore ce qu’elle possède en plus des autres, mais j’ai du mal à détacher mes iris des siennes. Telle une charmeuse de serpent, je suis envoûté par ses yeux d’un vert aux multiples paillettes d’or. Hypnotisé, j’ai bien du mal à retrouver le fil de mon histoire.

Je me gifle mentalement pour me remettre les idées en place afin de reprendre mon rôle de futur patron « tyran ».

— Il y a quelque chose que vous n’avez pas compris, Lara ? j’arrive à lui demander.

— Euuuuh, Clara ! murmure-t-elle.

— Lara, Clara, c’est pareil. Bref, c’est très simple : j’appelle, vous décrochez et ceci peu importe l’heure ?

— Euuuuh !

— Je vous laisse tout le week-end pour vous familiariser avec les logiciels, mais dès lundi, je veux vous savoir opérationnel. Je vous laisse voir tout cela avec Claudine pour les modalités du contrat ou toutes les autres questions, j’ai du travail qui m’attend.

Sans plus de cérémonie, je tourne les talons, la plantant sans plus d’explication. M’enfermant dans mon bureau, j’attends les foudres de Claudine, caché dans l'ombre de mon bureau. Bizarrement, les minutes défilent et rien ne se passe.

Je l’observe congédier Lara sans état d’âme et discuter avec Clara sur un des canapés de la salle d’attente. La pochette sous le bras, cette dernière part environ une heure plus tard, sous le regard bienveillant et fier de Claudine.