Fyctia
Clara (2/2)
Une fois arrivé à l’adresse donnée, je cadenasse mon vélo électrique à la gouttière avant de franchir les portes. Marco m'a indiqué que la livraison se situait à l’étage, au nom de Renault. Voulant épargner de l'activité sportive à mon corps, j'opte pour l'ascenseur.
À l’ouverture des portes, je me retrouve dans une salle d'attente. Le grand espace est composé de plusieurs canapés disposés sur le mur de droite et d’un grand bureau inondé de papier sur la gauche. Derrière ce dernier, une petite porte donne sur ce qui me semble être une salle de pause. Sur le mur face à moi, deux portes coupent de leur bois clair la peinture blanche. Enfin, une troisième porte se dresse entre les deux canapés. Le style est très épuré, je préciserai même dépourvu d’âme.
Mes yeux partent silencieusement à la recherche d’un être humain, sans succès. Ne voulant pas rester plus qu’il ne faut, je joins ma voix dans l’espoir de faire sortir le lapin de son terrier. Comme personne ne daigne montrer son bout du nez, je décide de déposer les cafés sur le bureau.
Soudain, la porte la plus proche de ce dernier s’ouvre brusquement. Un homme en costard, le nez sur un portable, surgit dans la pièce. Malgré sa taille raisonnable, la prestance qui émane de lui suffit à l’élever naturellement. Quand lui est sculpté en « V », moi, je suis taillée en « V inversé ». Je ne suis pas grosse, mais avec un peu plus de forme qu’un mannequin de grand couturier. Les années à savourer les chocolats de Noël à n’importe quel moment de l’année additionnées à mon désintérêt pour toute forme de sport ont fait leur œuvre !
— Donc voilà, le portable ainsi que votre ordinateur, explique-t-il tout en tendant une sacoche. Les codes sont 0000, mais vous pouvez les personnaliser sans problème. Les logiciels se mettent tout seul en synchronisation comme cela, nous pouvons communiquer en temps réel.
Ok, alors si vous avez compris, vous m’informez ?!
L’absence de réaction de ma part lui fait relever la tête de son téléphone. Le froncement de ses sourcils me prouve clairement son mécontentement. Quand mes yeux rencontrent les siens, je bugge. Il est juste « wouah », je n’ai pas vraiment d’autres mots. Cheveux blonds avec une coupe déstructurée, mâchoires carrées, yeux gris en amande : une vraie sculpture grecque.
Même ses sourcils sont mieux dessinés que les miens ! La nature est vraiment mal faite des fois quand même !
— Il y a quelque chose que vous n’avez pas compris, Lara ? me questionne-t-il.
— Euuuuh, Clara ! je murmure difficilement.
— Lara, Clara, c’est pareil. Bref, c’est très simple : j’appelle, vous décrochez. Et ceci peu importe l’heure ?
— Euuuuh !
Oui, je sais, pas du tout philosophique ! Je crois que j’ai perdu mon cerveau, il doit être quelque part, mais où ?!
— Je vous laisse tout le week-end pour vous familiariser avec les logiciels. Dès lundi, je vous veux opérationnelle. Je vous laisse voir avec Claudine pour les modalités du contrat ou toutes les autres questions. J’ai du travail qui m’attend, reprend-il tout en replongeant le nez sur son portable.
Sans plus de cérémonie, il tourne les talons et s’enferme de nouveau dans ce qui me semble, après coup, être son bureau. J’avoue ne pas savoir les aboutissants de cette interlude, mais mon petit doigt me susurre qu’il a un problème.
Toute à mes réflexions, la pochette toujours dans les mains, c'est la sonnette de l’ascenseur qui me sort de ma torpeur. Mon corps pivote alors vers la source du bruit pour découvrir deux femmes sortir de la cage métallique. La première doit avoir une soixantaine d’années, tandis que l'autre affiche une petite quarantaine. Si l'une possède la classe des femmes des années cinquante, la seconde arbore un look d’intello coincée. Je l'imagine aisément avoir fini major de sa promo et vivant entourée de ses bouquins et ses dix-huit chats.
Tout d’un coup, la plus âgée remarque ma présence ainsi que l’objet dans mes bras. D’un pas rapide, elle se dirige vers moi. L'air paniqué son visage fait certainement écho au mien à cet instant.
— Qui vous a donné ceci ? demande-t-elle prestement.
— Eh bien, je ne sais pas vraiment, mais il est sorti de ce bureau, je précise en désignant la porte derrière moi.
— Et que vous a-t-il dit ?
— Que j’avais le week-end pour me familiariser et qu’après je devrais répondre dès qu’il appellerait.
— Il vous a vue ? s’exclame-t-elle d’une voix aiguë, encore plus paniquée.
Au vu de sa question, je m’interroge sur les bienfaits de ce lieu. Cet endroit fait-il perdre la tête des personnes l’occupant ? Solidarité féminine oblige, je vais donc faire preuve d’indulgence envers cette pauvre dame qui doit y travailler au quotidien.
— Eh bien, il est vrai qu’il a relevé la tête à un moment donné dans la conversation. Me trouvant sur son champ de vision, je dirai que oui, il m’a donc bien vue.
— Ok, et bien changement de plan ! Vous, Lara, et bien malheureusement, vous pouvez rentrer chez vous, ordonne-t-elle à l’intello coincée.
Ah ! Cela explique au moins un truc !
— Quant à vous, vous allez pouvoir me suivre. Je vais vous expliquer ce qui vous attend, poursuit-elle tout en me prenant par le bras pour me diriger vers un canapé avec détermination.
Elle m’installe de force sur ce dernier et commence un très long monologue pour m’expliquer toute la situation.
23 commentaires
Bérengère Ollivier
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Il y a 6 jours
Mapetiteplume
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Il y a 6 jours
Natia Kowalski
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Flopinette
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leysa
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Mapetiteplume
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