Angelina buchi Joyeuse Cocue Chapitre IX

Chapitre IX

Auxanne


Je claque la porte avec violence lorsque je regagne ma chambre. Je suis hors de moi, je savais que venir ici était une idée stupide. Tandis que je m'évertue à calmer ma colère en opérant les cent pas le long de l'armoire, j'entends le bois de l'escalier craquer. Quelqu'un monte, sans doute l'autre connard prétentieux. Je suis contente d'être arrivée la première et avoir choisi la meilleure chambre. Je perçois les pas se figer derrière la porte, j'espère pour lui qu'il ne va pas jouer au kamikaze et revendiquer ma chambre. Je suis tellement en colère que je crois bien que je pourrais lui sauter au cou. Après quelques secondes, je l'entends ouvrir celle d'en face et je m'étale toujours frustrée sur mon lit. La literie est d'un confort jamais égalé jusqu'à présent. Ma sœur, en plus d'avoir bon goût, sait dénicher les meilleurs produits, je dois lui reconnaître au moins ça. Par contre niveau déco elle n'y est pas allée de main morte. Le linge de lit est déjà aux couleurs de Noël ainsi que les rideaux me foutant royalement le cafard. J'imagine qu'elle croyait bien faire, qu'elle pensait que l'ancienne Auxanne aurait adoré ce genre de connerie, la nouvelle personne que je suis les a en horreur.


Ce séjour semble parti sur de mauvaises bases et j'ai comme l'impression que je ne suis pas au bout de mes surprises.


Après plusieurs heures à bouder dans ma chambre, ma sœur m'invite à prendre part au déjeuner. J-B a réussi à se dégager un créneau d'une petite heure pour nous rejoindre et c'est en traînant les pieds que je m'assieds derrière l'imposante table. Ducon est déjà installé en toute décontraction, il pianote son écran sans participer à la conversation de ma sœur et mon beau-frère, la panoplie complète du type grossier, à vomir.


Alors que nos hôtes se hâtent à terminer de préparer la table, l'horrible personnage se met à claquer des doigts dans ma direction.


— Macrogol soit gentille, passe-moi le chargeur, m'apostrophe-t-il pointant le meuble derrière moi.


— Pardon ?


— Le chargeur là, insiste-t-il.


— Comment m'as-tu appelé ? fulminé-je


— Macrogol, pourquoi ? Ce n'est pas ça ?


— je m'appelle Auxanne, articulé-je les dents serrées.


— Ouais, bon c'est pareil, ça sonne comme un nom de médicament, tu peux comprendre ma confusion.


Les yeux écarquillés je le fixe, là c'est clair, je vais faire vivre l'enfer à cette face de rat. N'écoutant que mon impulsivité, je me lève pointant mon index vers lui.


— Tu vas le regretter, le menacé-je.


— Auxi tout va bien ? m'interromps ma sœur en nous rejoignant.


— Tout va à merveille, souris-je en retombant sur ma chaise.


La mâchoire contractée, je fusille du regard Alexandre Sander à qui j'octroie la promesse silencieuse d'offrir un véritable séjour infernal.


— Parfait, s'exclame-t-elle. Je tenais vraiment à vous remercier tous les deux d'avoir fait le déplacement, c'était très important pour nous de vous avoir ici. Nous allons, je suis sûre, passer de merveilleuses fêtes que nous ne serons pas prêts d'oublier, se réjouit-elle en serrant la main de J-B qui prend place à ses côtés.


— Oh, mais ça je n'en doute pas, se permet Ducon en me souriant.


Bien, il a envie de jouer, on va s'amuser. Je déclare les hostilités envers ce trou duc, officiellement ouvertes. Mais pour ce faire, je dois changer comme on dit mon fusil d'épaule. Je ne souhaite pas passer pour la mégère, je vois clair dans son jeu. Il veut montrer sa meilleure facette, être le gentil beau frère devant les autres, alors que je perçois, moi, son vrai visage. Hors de question de le laisser gagner. Ma vengeance sera tellement impitoyable que je vais lui faire regretter d'avoir foutu les pieds à Aspen !


Le repas se poursuit sans aucune anicroche. Ma sœur est radieuse et J-B ne tarit pas d'éloge sur tout le travail décoratif qu'elle a déjà accompli. La discussion s'approfondit sur le choix des matériaux et des millions de nouvelles idées qui fleurissent dans l'esprit de Loreileï. Je laisse le soin à trou duc de tenir la conversation pendant que silencieusement dans mon coin, j'établis le plan de ma vengeance. Ma colère est telle qu'il ne m'est pas difficile de concevoir toutes sortes de scénarios. Mes pensées machiavéliques sont interrompues par l'arrivée d'un message, si le nom du destinataire me crispe le texto lui me met en joie :


  • Tu n'es qu'une garce ! Crois-moi tu vas me le payer !


J'en juge par ces quelques mots que mon ex-mari n'apprécie ni l'art ni mon incroyable imagination, mais qu'il a surtout reçu ce qu'il me demandait. Mon sourire se perd lorsqu'en levant les yeux, je rencontre ceux de Alexandre Sanders. Froid et calculateur, il me jauge, me détaille. Tout chez lui pu la suffisance et la mesquinerie. On va voir pauvre con si tu vas continuer à faire le fier encore longtemps...



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