Angelina buchi Joyeuse Cocue Chapitre VIII

Chapitre VIII

Alexandre.


Je réajuste le col de mon trois quart avant de sortir de l'appareil me parant à ce froid sibérien. Oui, j'exagère certainement un peu, mais je déteste le froid. Je déteste devoir être aussi loin de mon bureau et par-dessus tout, je déteste le fait que Loreleï m'envoie sa sœur dépressive pour venir me chercher. La foule compacte rend difficile mon avancée et une fois ma valise enfin entre mes mains, mon regard s'accroche sur une pancarte fièrement brandie au loin.


Évidemment que je saisis à cet instant qu'elle m'est destinée. Tout comme je comprends l'intention de l'auteure de me ridiculiser. Lire mon nom transformé en SANDER-PIEDS m'irrite profondément, mais l'espèce de grosse barbe à papa qui attend sans doute de moi une réaction est bien loin de me connaître. La pauvre dépressive s'imagine pouvoir lâcher sa frustration sur les gens qui l'entoure, trouve sans aucun doute un brin de réconfort en faisant preuve de mesquinerie. Peut-être est-il temps qu'elle affronte un véritable adversaire et surtout un à sa taille.


Un début de rictus malsain au coin des lèvres, je m'avance fièrement, arrivé à sa hauteur la toise d'un air défiant et méprisant. Ses paupières se froncent, je jurerais presque entendre les insultes silencieuses qu'elle m'adresse. Frustrée, elle pli la pancarte qu'elle jette dans la première poubelle et rejoint à la hâte la sortie. Je lui reconnais une certaine vivacité, c'est qu'elle me sèmerait presque la petite aigrie. Amusé de sa réaction, je zigzag me frayant un chemin entre les touristes ébahis. Sans se soucier de savoir si je suis toujours sur ses talons, elle traverse le parking et grimpe dans la voiture la démarrant à toute vitesse. J'ai à peine le temps de poser ma valise dans le coffre et de rejoindre l'habitacle que cette pauvre folle a déjà le pied sur l'accélérateur. Impossible pour moi d'apprécier le paysage si enivrant d'Aspen à cette allure, le décor défile bien trop vite, pour autant, je me garde de faire la moindre remarque. J'émets toutefois quelques grognements lorsqu'elle freine un peu tard et manque de s'encastrer dans la voiture de devant.


Ce trajet est un enfer, le silence devient pesant, l'air vient à faiblir et un sentiment de soulagement émerge lorsque j'aperçois enfin la magnifique demeure de mon frère et sa future femme. Encore une fois, mon chauffeur dans l'indifférence la plus complète se gare et sort du véhicule sans un regard.


Quand on connait Loreleï et sa douceur, on a du mal à concevoir que la personne que je viens de rencontrer est sa sœur. Abandonné à mon propre sort dans la solitude la plus totale, la folle ayant déjà prit la poudre d'escampette pour se terrer, je ne sais où, je découvre émerveillé la somptueuse bâtisse que je vais devoir partager pendant ces prochaines semaines.


L'absence d'accueil dans la demeure chaleureuse ne m'aide pas à me sentir à mon aise. Mon bureau me manque. Les bagages laissés dans le vestibule, je récupère ma tablette et entreprends quelques retouches de mon dernier plan en prenant place sur le canapé.


— Oh, Alex tu es là, je ne vous ai pas entendus arrivés, s'exclame une Loreleï aux yeux cernés.


— Ma petite Lorette comment vas-tu ?


Nous nous enlaçons avec tendresse et je garde pour moi la réflexion désagréable que j'aurais cent fois préféré prendre un taxi que partager un trajet avec sa dingo de sœur. En conséquence, oui, je sais, mon frère m'a prévenu, la tarée traverse une mauvaise passe, mais eux alors ? Je déteste les gens incapables de passer au-dessus de leur petit problème personnel. Les narcissiques, les égoïstes...


— Je vais bien, plus de peur que de mal, mais je dois...


— Non, mais je rêve ! Je croyais que tu n'étais pas ici et que c'est pour ça que je devais jouer au larbin !


La voix rageuse et hystérique de sa sœur met un terme à nos retrouvailles.


— Eh bien on dirait que votre femme de ménage à une revendication, tranché-je acerbe.


— La quoi ?


— Ce n'est rien, il y a méprise, Alex je te présente Auxane ma sœur. Auxi, voici Alexandre, le grand frère de Jean-Baptiste.


Les yeux exorbités, la folle dingue nous toise avant d'opérer un demi-tour. Lorsque l'écho de ses pas tarit, ma belle-sœur se confond en excuse :


— Je suis vraiment désolée, elle traverse une période un peu compliquée.


— Ne t'en fais pas pour ça, j'ai l'habitude des petites teignes.


Son rire éclate, emplissant l'air d'une chaleur agréable.


— Bien je te laisse t'installer, je vais me reposer un petit peu. Ta chambre est déjà prête, elle est juste en face de...


— Oui ?


— Oh tu le verras vite, me salue-t-elle en secouant la tête... Si tu as besoin de quoique ce soit n'hésite pas. Tu sais que tu es ici chez toi.


Je regarde ma belle-sœur s'éloigner avant de me diriger vers le bar. Je partage avec mon frère l'amour du whisky et j'ai bon espoir de trouver ce qui ravira mon palais. Je dois impérativement détendre le nœud de mes épaules. J'ai la désagréable sensation que je ne suis pas au bout de mes peines et que ce séjour s'annonce mouvementé.






Tu as aimé ce chapitre ?

6

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.