Fyctia

Dans le chapitre précédent, j'ai parlé de "problèmes", je crois que c'est le moment d'en parler.

C'est pas des problèmes graves, c'est le genre à te prendre la tête pour un rien, et qui te bouffent un peu plus de l'intérieur.

Je sais même pas si on peut appeler ça des problèmes, c'est juste des choses qui font que j'enchaîne insomnie sur insomnie, clope sur clope, et vodka sur vodka.

Y a d'abord mon meilleur ami, Ethan. Je sais qu'il va pas bien, je sais qu'il déprime, j'essaye de lui en parler, mais il veut pas.

Il se renferme sur lui-même, et préfère boire jusqu'à oublier, plutôt que d'affronter ses problèmes.

J'aime pas le voir comme ça. Dans une autre vie, on a été frères, c'est la seule personne qui me comprenne, à qui je peux tout dire, je sais qu'il ne me jugera pas.

J'aimerais tellement l'aider, faire n'importe quoi, mais je suis là impuissant.

J'assiste a sa chute, et si je fais rien, j'ai l'impression que je peux le perdre a n'importe quel moment.

C'est pour ça que j'essaye d'être le plus possible avec lui, et que je me suis retrouvé a cette soirée.

Ensuite, y a elle, elle s'est Léa.

Je la connais depuis le collège, et elle me plait, vraiment.

Je galère tellement avec elle, c'est la première fille à qui je me suis vraiment intéressé, et c'est la seule qui m'a dit non.

Entre-temps j'ai essayé de l'oublier, avec d'autres filles, mais à chaque fois, elle me revenait en tête. Elle était toujours là.

L'après-midi, avant LA soirée, elle m'a dit, en face qu'il fallait que je l'oubli. Elle sait qu'elle m'intéresse, qu'elle me plait, mais j'ai l'impression qu'elle s'en fout complément de moi.

Y a aussi mon frère, mon vrai frère, mon jumeau, Matthias. On était deux, et c'est lui qui a pris, il est atteint de trisomie 21. C'est la plus légère des trisomies, mais c'est lourd à porter quand même.

Quand on me demande si c'est dur pour lui, je répond que le plus dur c'est pour nous, sa famille, lui il vit au monde des bisounours, il voit le monde comme si tous les gens lui voulaient du bien. Nous on voit le regards, on entend les gens parler, rire, se moquer, le juger.

Je m'inquiète de plus en plus pour son avenir.

Je veux m'occuper de lui, mais je ne sais pas comment je vais faire, j'arrive a peine à m'occuper de moi. Et je sais que mes parents ne seront pas toujours là.

Pour l'instant, je préfère ne pas y penser.

J'ai l'air d'une personne bien comme ça, qui se soucie des gens. Mais c'est totalement le contraire. Je suis pas quelqu'un de bien, je fais pas parti des belles personnes.

J'ai que 16 ans et pourtant, j'en ai fait des choses horribles. Comme commencer à fumer de la beuh à 12 ans, commencer à en vendre à 14, passer aux trucs un peu plus forts à 15, et finir par devenir dépendant.

Et ça c'est rien.

Je suis accro à tout ce qui peut me faire quitter cette réalité.

Je suis accro aux soirées, parce que je peux me mettre mal et oublier ma vie pendant un soir. Je fume et je bois sans limite, je m'arrête que quand mon corps finit par dire stop.

Pendant les soirées, j’enchaîne les filles aussi.

C'est horrible d'en arriver à des extrémités comme ça, mais ça me plait.

Faire ce que je veux sans me soucier des conséquences pendant une soirée.

Je veux pas changer, je veux juste arrêter de penser.

Et après la soirée, elle s'est rajoutée à tout ça, elle, la fille sans prénom qui a juste posé sa tête sur mon épaule.