La Plume d'Ellen Jeu de piste ou jeu de cœur ? L'aventure se corse

L'aventure se corse

(Simonella Réyondsoleille)


Quelques fois, je trouve les jeunes ingrats. Hier par exemple, j’ai voulu les faire profiter de mes connaissances sur Chambéry et ses alentours et voilà comment ils m’ont remerciée : avec une soupe à la grimace. Si Justin ne s’est pas trop plaint, il a carrément disparu de la circulation. Je ne sais pas où il est allé mais en tout cas, il n’était pas dans ma caravane que je lui prête gentiment pour qu’il ne réveille personne la nuit à cause de ses ronflements de cochon !


Jadeline s’est plainte de maux de jambes et après avoir mangé un morceau avec Clarisse, hop, elle s’est retirée dans la mezzanine. Quant à la cadette, alors elle, je la retiens. Non seulement c’est pour elle que je fais tout ça mais en plus, elle va se plaindre auprès de Cyril. Quelle petite vipère ! Mais qu’est-ce qu’elle croit ? Que si elle ne faisait pas autant de sport, elle tiendrait toute seule ? Bien sûr que non ! Plus elle se dépense physiquement, plus cela lui apporte de l’adrénaline qui lui évite d’aller chercher du réconfort dans l’alcool ou la drogue ! Certes, le poids de ses chiennes et de sa chariotte lui ont demandée plus d’efforts mais elle est jeune !


Ce matin c’est Cyril qui m’a réveillée avec son téléphone. Il a osé me demander de ne pas me mêler au groupe quand ils vont faire une balade. Merde alors mais à quoi ça sert que je reste avec eux ? Je ne suis pas une bonniche moi ! C’est d’ailleurs ce que je lui ai répondu. On a discuté un bon moment. Pfff, ça me fait suer d’avoir le mauvais rôle ! Franchement, j’en viens à regretter que Georges Mulonier n’ai pas organisé ce voyage de son vivant. Avec lui, cela ne se serait pas passé ainsi. En tout cas, c’était un pote avec qui on riait bien. Tous ces jeunes te font constamment une tête d’enterrement. Mais s’ils ne sont pas contents d’être là, pourquoi ils continuent ? Pffff !


Parce que je ne suis pas rancunière, je me lève et vais leur préparer le petit déjeuner du siècle ! Pour commencer, je prépare du pain perdu à partir des restes de pain rassis que j’ai trempé dans du lait puis dans les œufs battus. Ensuite je les fais revenir au beurre, dans une poêle et quand tout est prêt, je tartine avec du miel bio. Je dresse ça dans des assiettes auxquelles je joins un demi kiwi chacun. Puis je rajoute des bols achetés le matin même à leurs prénoms dans lesquels je verse du fromage blanc ainsi que des céréales, des noix, noisettes et graines de lin. Enfin, je presse des oranges fraiches et mets en route la cafetière.


Quand tous rappliquent autour de la table, j’ai le plaisir de les voir aussi surpris les uns que les autres. C’est finalement Clarisse qui prend la parole :

– C’est toi Simonella qui a préparé tout ça ?

– Et oui, c’est un petit déjeuner pour être en forme et reprendre du poil de la bête. Il semblerait qu’hier j’y sois allée un peu trop fort avec les vélos alors j’ai pensé que vous en auriez besoin.



Tous me remercient pour le petit cadeau du bol ainsi que l’effort fourni pour ce petit déjeuner. Toutefois, je constate que Jadeline et Justin font grise mine sur le fromage blanc et ses céréales. Ils ne disent rien et le mangent quand même. Clarisse, quant à elle, dévore tout avec bon appétit. On dirait qu’elle apprécie vraiment mes efforts.


Mais il semble que le temps soit venu pour l’équipe de bosser sur la prochaine étape. Et tandis que Jadeline relit à voix haute l’énigme, c’est Clarisse qui tapote sur la tablette.


– Un lieu qui jouxte le grand paradis… Alors le Grand Paradis est un sommet des Alpes italiennes occidentales situé dans la province de la Vallée d'Aoste. Histoire de trouver le casseur d’os qui y a été réintroduit, il y a quelques années. Quand je cherche "casseur d'os", ça me sort une espèce de vautour, le Gypaète Barbu qui règne sur les sommets majestueux des montagnes.


– Si je comprends bien, notre étape a un rapport avec une espèce de vautour qui a été réintroduit à proximité des sommets italiens… surenchérit Justin.


– C’est ça ! Confirme Jadeline. Clarisse, cherche voir s’il n’y aurait pas des Gypaète Barbu en Savoie…


Cette fois, on dirait bien que mes petits détectives font chou blanc car je les vois surfer sur les moteurs de recherche… En vain ! Ah tout n’est pas si simple !


Mais soudain, Clarisse semble retrouver le sourire.

– Ca y est, j’ai quelque chose. Ecoutez-ça : Cinq couples sont actuellement présents en Savoie mais les risques environnementaux qui menacent leur survie ne manquent pas. Comme le gypaète barbu ne se reproduit pas avant l’âge de 8 ans et donne en moyenne 1 jeune tous les 3 ans, l’accroissement des populations est extrêmement lent. Pour limiter ces risques, le Parc national de la Vanoise veille depuis plus de dix ans …


– Regarde voir où se situe exactement le Parc de la Vanoise. L’incite Jadeline.


Là où je me marre c’est quand ils découvrent la liste de toutes les communes qui font partie de ce Parc de la Vanoise. Ils ne font plus les fiers et réfléchissent à une solution. Evidemment, moi je ne dois pas les aider et pour une fois j’en suis bien aise car je n’ai pas la solution.


Je ne sais pas combien de temps ils cherchent encore avant que Justin ne crie à la victoire.

– Depuis 2004, des couples de gypaètes barbus, plus grande espèce de vautours européens, nichent dans la vallée de Rosuel à Peisey-Nancroix.


– Peisey- Nancroix, tu m’en diras tant ! Franchement, je ne sais pas comment tu y es parvenu car je ne trouvais pas.


Après un dernier petit coup d’œil sur Google Maps, le chauffeur nous annonce que nous allons rouler sur une centaine de bornes. Et tandis qu’il raccroche ma caravane à leur camping-car, Clarisse appelle leur notaire pour lui signifier le lieu de notre prochaine étape et le fait que nous partons maintenant.


Comme elle nous l’explique par la suite, ils trouveront la consigne sur le plan de la commune. Nous n’avons donc pas une minute à perdre si nous voulons en apprendre davantage. Pas de chance, en cours de route, nous prenons une pluie battante. On ne peut pas dire que cela facilite la conduite de Justin mais il s’en sort très bien.


Ce n’est qu’à quelques mètres du panneau de la commune que se dresse un grand plan en bois avec les noms de chacune des rues. Et juste au-dessus, une enveloppe plastifiée semble n’attendre que nous. Jadeline s’empresse d’aller la récupérer. Pendant ce temps, Justin gare notre convoi un peu plus loin. La miss nous rejoint trempée.






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1 commentaire

Carl K. Lawson

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Il y a 18 jours

A jour ! N'hésite pas à passer me voir ;D
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