Fyctia
Trop c'est trop !
(Jadeline Micassan)
Fichtre cette pluie est bien froide et je me hâte d’aller me changer car il serait dommage que je prenne froid à cause de cette fichue enveloppe. Les autres n’ont pas le choix et doivent attendre car je l’ai gardée avec moi.
Quand arrive le moment d’ouvrir ensemble cette missive, nous sommes tous quelques peu déçus de ce que nous y trouvons. En effet, il n’y a rien de plus que l’heure et le lieu d’un rendez-vous pour le lendemain avec un guide de haute montagne.
Une fois n’est pas coutume, nous nous installons à un endroit un peu à l’écart de la commune. L’ambiance est très électrique. Sans doute car avec ce temps humide nous ne pouvons pas faire grand-chose et que lorsque Clarisse sort ses chiennes, ces dernières rentrent bien mouillées. J’ai beau donner un coup de main à la maitresse pour essuyer les fofolles, il est clair qu’une odeur un peu désagréable envahit l’habitacle. Je n’ai jamais vu Justin autant grommeler. Cela ne lui ressemble pas tant que ça. Qu’est-ce qui ne va pas ? Pourtant, d’habitude il les aime bien les fifilles à Clarisse.
Quoi qu’il en soit, la journée en ce lieu nous parait un peu longue mais nous faisons avec. La pluie ne semble pas motivée à s’arrêter tandis que la température extérieure baisse rapidement. Merde, si ça continue, il va neiger. Ce serait encore tôt dans la saison mais de nos jours rien n’est improbable…
16 octobre
C’est à 9h que nous nous présentons ponctuellement devant le fameux guide. D’une cinquantaine d’années, celui-ci nous apprend que nous allons faire une excursion à la journée. Whouah… ça sent à plein nez une prochaine fatigue physique tout ça. Heureusement que je me suis un peu reposée hier car nous montons à plus de 1700 mètres d’altitude et pour cela, les muscles de mes jambes sont encore mis à rude épreuve. Je ne peux pas m’empêcher de penser à Mallaury. Elle en aurait bien bavé car ça monte dru. Même moi, par moment j’ai du mal à suivre. Bien que ce ne soit pas le meilleur moment de l’année, nous admirons la végétation que nous montre notre guide. Je parviens à prendre des photos de quelques chamoix. Hélas quand je regarde le résultat, ils sont très loin et c’est flou. Sans commentaires ! Heureusement, aujourd’hui il ne pleut plus mais la gadoue est bien au rendez-vous. Même s’il y a encore pas mal de nuages, notre balade est agréable. A un moment, le guide nous montre un point dans le ciel. Ce serait le fameux vautour…
Lorsque nous prenons notre pause pour pique-niquer, nous avons le privilège d’apercevoir des marmottes. Mais elles se préparent à hiberner pour six longs mois… Impressionnant ! Elles n’ont toutefois pas peur de nous et viennent même quémander des bouts de pain. Quelles coquines !
Alors que nous sommes sur le point de repartir, ne voilà pas qu’une bande d’individus quelque peu disjonctés fait son apparition et vient s’installer tout près de nous. Mais ce qui est frappant, c’est qu’ils sont tous pieds nus ! Pourtant il fait déjà froid et après la pluie de la veille, les chemins sont quelques peu boueux mais cela ne semble pas les déranger.
Notre guide nous explique qu’ils s’agit de naturistes du pied. Ah ben merde alors, je ne connaissais pas. Et mes camarades non plus, apparemment. Clarisse ose même discuter avec une femme qui doit beaucoup aimer les animaux puisqu’elle caresse Mojita.
– Cela n’est pas désagréable de marcher sur tous ces cailloux et cette boue ?
– Ah non, c’est une question d’habitude. C’est comme les pieds continuellement enserrés dans des chaussures. Il faut y être habitué pour y supporter.
Si elle n’a pas tout à fait faux, je ne me verrais pourtant pas quitter mes chaussures. La peau de mes dessous de pieds est bien trop fragiles.
Nous reprenons bientôt la marche et si elle est digestive, je sens que les muscles de mes cuisses me font de plus en plus souffrir. Décidément, on pourrait croire qu’avant de partir en camping-car je m’étais sacrément rouillée. Maintenant les efforts n’en sont que plus importants.
De leur côté, les chiennes s’en donnent à cœur joie. Il faut dire que chaque fois que nous nous retrouvons dans un espace vierge et naturel, Clarisse en profite pour les détacher. La seule chose qu’elle n’a pas prévu, c’est l’état dans laquelle ses quatre pattes vont rentrer dans notre camping-car. J’aime beaucoup les animaux mais d’un coup, j’en vois les limites. Merde alors !
En effet, quoi de plus pénible quand tu rentres crevé, qu’il se remet à pleuvoir et que tu dois doucher deux boules de nerfs qui s’agitent tant qu’elles le peuvent ? D’autant que Clarisse n’avait pas prévu, quand elle avait acheté tout le nécessaire pour ses chiennes de leur prendre également des grandes serviettes. Nous devons sacrifier les nôtres ! Et pour une fois, je suis ravie de constater que Simonella vient nous aider à sécher Jilda et Mojita avant de nettoyer la douche.
Fichtre, je n’ai jamais pris autant de plaisir à aller me coucher que ce soir. Une fois n’est pas coutume, personne n’a le cœur à pousser la chansonnette comme c’était le cas depuis que le Papé nous a créé la chorale des givrés. J’ai surtout pris un bon Doliprane 1000 dans l’espoir de limiter mes courbatures.
Mais peine perdue, à minuit je suis déjà réveillée par mes douleurs. Mais en tendant l’oreille, j’entends comme des bruits de gémissement… Il me faut quelques minutes pour me rendre compte que c’est ma voisine de chambre qui pleure. Quand j’allume, je découvre la pauvre Clarisse recroquevillée sur elle-même, en train de pleurer toutes les larmes de son cœur tandis que ses chiennes se sont allongées contre elle et essaie à leur manière à la réconforter.
– Tu as mal quelque part ?
Il lui faut un instant avant que je ne l’entende renifler et me dire que non, que tout va bien. Comme si l’allais la croire. Ce n’est qu’au bout d’un long moment qu’elle finit par cracher le morceau.
– Je suis désolée que mes filles vous ai fourni tant de boulot. Je suis désolée de ne pas y avoir moi-même pensé avant. Tu comprends je voulais qu’elles puissent se défouler, c’est tout !
– Ne t’en fais pas, on ne t’en veut pas. On n’est juste pas habitués à vivre aussi serrés avec deux chiennes par-dessus le marché. Mais on va vite trouver nos marques.
– J’ai cru que Justin allait nous égorger.
– Je ne sais pas ce qu’il a en ce moment et je ne pense pas que cela ait un rapport avec toi. Cela doit être le fait que sa sœur n’est pas là…
– Un petit verre d’alcool m’aurait aidée à me foutre de tout et à dormir…
– Ne t’en fais pas, la fatigue va t’aider à retrouver les bras de Morphée !
Et je n’ai pas tort. Après un petit moment, au bruit de sa respiration, je comprends qu’elle est parvenue à retrouver le sommeil. Pour ma part, il va m’en falloir beaucoup plus.
1 commentaire
Carl K. Lawson
-
Il y a 8 jours